Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 22.2

{The Violence-Rise against}

Nous marchons depuis plusieurs minutes, l'un semble suivre l'autre, mais personne ne sait vraiment où l'on va. Mes pensées n'ont cessé de diverger dans tous les sens. 

Je me rends compte que je n'ai toujours pas vu l'ombre de son tatouage et il me tarde de le découvrir. Néanmoins, la situation reste palpable, la sensation de brûlure au niveau du mien et le léger pincement sur mon poignet me rappelle ce qui pourrait être une de mes plus grandes erreurs. 

Seuls dans une rue en pleine après-midi, je romps soudainement le silence.

-Tu vas me dire ce que tu as? Tu ne m'as pas adressé la parole depuis tout à l'heure...Si c'est pour le tatouage et que je t'ai fais peur alors je suis désolé mais...

-Ce n'est pas ça, tu ne comprends pas.

Je cherche encore ses yeux, le bleu dans lequel j'ai l'habitude de me fondre mais ils me fuient encore.

-Alors c'est quoi explique-moi, s'il te plaît.

-Juste je suis en train de flipper.

Mes soupçons n'ont pas mis si longtemps à être confirmés finalement...Face à mon regard désemparé et sûrement puisque je me suis arrêtée face à la violence de ses mots il reprend plus calmement.

-Tu ne comprends pas, enfin c'est pas ce que je voulais dire. Je suis totalement en train de flipper simplement parce que je me rends compte à quel point je tiens à toi. Jamais je n'aurais pensé que tu te ferais tatouer quelque chose en rapport avec moi, je n'imaginais pas être aussi important à tes yeux. Mais ce qui m'effraie le plus c'est que dans ma vie, toutes les bonnes choses qui me sont arrivées, m'ont toujours été retirées à un moment donné.

-Je ne vais pas partir, tu peux en être sûr, c'est plutôt à moi de flipper. Je ne sais même pas comment tu peux encore être avec moi...

Dans un geste inespéré, il se retourne et relève son t-shirt de quelques centimètres. Je peux alors apercevoir une phrase que je ne parviens pas tout de suite à lire. 

Elle me saute soudain aux yeux, je l'ai déjà entendue, elle s'est souvent baladée dans mon esprit dès que je pensais à lui. Ces mots je les connais si bien, il semble qu'ils nous représentent.

"You make me feel like the one"

Mais une question me vient à l'esprit, je ne suis pas sûr de la réponse.

-Tu l'as fait en pensant à...?

-À toi évidemment, qui d'autre. Chaque fois que j'écoutais cette chanson, c'est à elle que je pensais, elle me hantait littéralement. Dans chaque mot j'entendais sa voix et je percevais à nouveau son rire. Mais depuis maintenant cinq mois cette chanson elle te représente, toi et ce que je suis devenu grâce à toi.

Ces mots me font chavirer, j'ai une étrange envie d'écouter à nouveau ce morceau et surtout la reprise que Adan a mise sur ma clé. Il a changé les paroles et je comprends mieux pourquoi maintenant. Il me fait me sentir aimée aujourd'hui et dans les jours à venir, nos passés sont effacés par ses mots, loin derrière nous.

-Est-ce que tu ne crois pas qu'on a fait une connerie avec ces tatouages.

-Tu penses que l'on va se séparer, Junie?

-Non bien sûr que non, mais on ne sait pas ce qui pourrait se passer un jour même si je ne le souhaite absolument pas.

-Alors aucun problème, au-delà de te représenter c'est aussi le symbole de celui que tu m'as fait devenir, tu ne te rends pas compte de tout ce que tu as fait pour moi.

-Tu as raison..., je rigole lorsqu'une pensée inattendue me traverse l'esprit, je viens d'imaginer ma mère quand elle verra ça, elle va sûrement me trucider.

Après tout, comme si cela était encore important pour moi, l'avis de ma mère et de toute personne loin dans mes souvenirs ne m'atteint plus. 

Elle n'a plus aucun contrôle sur ma vie aujourd'hui, mais c'est uniquement de sa faute, elle a tout perdu lorsque je suis partie de Cleveland pour m'installer à Olympia.

-Non en fait tu sais quoi je m'en fous totalement de ce qu'elle peut bien penser, je fais ce que je veux et elle est bien trop loin pour me dire ce qu'elle en pense.

-Mais c'est qu'elle se rebelle ma Junie..., regarde il y a un bar ici, on peut y aller avant de rentrer.

Nous entrons tous les deux sous les bruits de clochettes, je balaye la salle du regard jusqu'à reconnaître deux visages familiers. Ruby et Connor sont assis tous les deux sur les banquettes noires près du bar. 

Les mois nous ont pas mal rapprochés même si la plupart du temps que nous passons ensemble est réservé à des séances révisions à la bibliothèque ou des cours de psychologie sociale. 

Ils sont bien sûr informés de ma relation avec Adan, je me rappelle le jour où Ruby l'a appris. Elle m'a regardé en rigolant croyant que je me moquais d'elle puis lorsqu'elle a vu mon air bien sérieux, elle s'est mise à sauter de joie dans la cafétéria. 

Connor quant à lui était à peine surpris. Je tire Adan vers mes amis, je lui ai souvent parlé d'eux mais il n'a jamais vraiment eu l'occasion de les rencontrer. Ruby nous aperçoit et un sourire illumine son joli visage.

-June, ça fait grave longtemps qu'on ne s'est pas vu, viens, enfin...venez vous asseoir avec nous si vous voulez.

Adan semble étrangement heureux de les rencontrer, de découvrir une partie de ma vie et de mes amis qu'il ne connaissait pas encore.

-Dites, on n'est pas du tout dans votre quartier, qu'est-ce que vous faites là?

Adan ricanne repensant sûrement à cette après-midi mouvementée, je le regarde furtivement il ne perd pas son sourire en coin. Je me retourne vers Ruby qui attend patiemment une explication.

-C'est une longue histoire...

Je découvre alors mon poignet, trois lettres illuminent toujours ma peau, elles rayonnent. Je les fixe toujours, elles sont moi désormais, je les ai choisies et Adan me les a soufflées. 

Connor est bien plus étonné que Ruby, il me regarde puis mon tatouage et à nouveau moi, ceci pendant plusieurs secondes avant de prendre la parole.

-Sérieusement, tu nous fais une blague c'est pas un vrai, jamais tu pourrais faire ça.

Je suis prête à éclater de rire de voir leur tête se décomposer, mais Adan me coupe dans cette pensée hilarante.

-J'ai essayé de l'en empêcher mais rien à faire, elle est beaucoup trop têtue.

Je durcis mon regard alors que l'ambiance semble se détendre. Nous restons à discuter bien plus longtemps que prévu. Adan s'entend étonnamment bien avec Connor, on ne peut plus les empêcher de parler de football depuis au moins vingt minutes. 

Ruby me raconte ses vacances, elle est partie rejoindre son copain qui habite à l'autre bout du pays, je me demande comment elle peut faire pour supporter la distance. 

La journée se termine bien mieux qu'elle avait commencé, je suis à la fois épuisée et heureuse. Ce sentiment est si étrange qu'il me laisse quelques frissons derrière la nuque, tellement agréables qu'ils parviennent à me souffler de nouveaux mots. Pour une fois, ce sont des larmes de bonheur qui pleuvent sur l'encre de mes pages.