Chapitre 17.2

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{Le it be me-Justin Jesso}

Je ne sais pas quoi répondre à cela, comment expliquer le fait que je ressente exactement les mêmes sentiments que lui actuellement. Je ne parviens juste jamais à les exprimer, aucun mot ne semble vouloir sortir. Ils sont pourtant bien là, ils tournent et me tourmentent comme toutes mes pensées mais ne veulent jamais s'échapper. 

Elles sont toujours enfermées loin dans mon esprit, enchaînées à mes démons et leur libération est trop utopique pour que je puisse même l'imaginer. Il semble déçu que je ne trouve rien à lui dire, en tout cas, mon burger est particulièrement bon. Mais je détourne ma propre attention alors qu'un problème plus sérieux se dresse en face de moi. Il coupe le flux de mes pensées en rigolant pour lui-même, puis il se reconcentre sur moi.

-Je crois que c'est la première fois...

-Que?

-Eh bien, que j'essaie d'avouer à une fille qu'elle me plaît et qu'elle ne me laisse pas d'indice pour savoir si oui ou non je vais droit dans un mur .

Il a raison, en aucun cas il ne mérite que je le laisse dans une inconnue comme celle-ci. Mon réseau de pensées me paraît pourtant de plus en plus clair, il me plaît clairement, mais comment lui dire. 

Je suis une lâche, je me cache encore derrière ma timidité et mon passé pour éviter d'affronter la vérité. Même des mois après, mon passé pèse encore sur mes épaules, je ne me sens pas libre de mes choix et j'ai l'impression que tout le monde pourrait me trahir à tout moment.

-Je suis désolé...

La seule chose que je sais faire, m'excuser, en aucun cas cela pourrait arranger la situation mais ces mots sont ma seule arme. Finalement quand je regarde ce qui m'a anéanti, le point commun reste encore et toujours moi. 

La déduction reste simple, tout devient de ma faute, je suis le point de départ de tous mes ennuis. Je sens qu'il va se renfrogner et passer à autre chose, laisser tomber. Alors je devine déjà que je vais regretter, encore une fois. Mais à ma grande surprise, il ne me lâche pas.

-Arrête de t'excuser, je ne t'oblige en rien et tu n'as pas mal agi.

-Pardo...Enfin, merci de m'avoir dit ça.

Ma stupidité a posé un grand froid pendant toute la fin du repas, il m'arrive, à lui ou à moi, de poser une simple question ou alors de commenter notre repas mais rien de plus. J'ai tellement peur de le perdre petit à petit que l'envie de me dévoiler à lui, durant le trajet qui nous mène à la voiture, me submerge. 

Je tente de mettre mes mots dans l'ordre dans mon esprit avant de les exprimer, il m'ouvre la portière, je rentre alors dans la voiture. Après avoir soufflé pour relâcher la pression, je rigole intérieurement, j'ai l'impression de devoir passer une épreuve atroce. En dernier recours, alors que nous commençons à rouler, je regarde mon téléphone et aperçois un message de Haven. Elle me demande si ma soirée se passe bien, comment lui répondre que je suis en train de tout gâcher. Je tapote quelques mots avant d'envoyer mon message.

"Pas vraiment..."

Seulement quelques secondes après elle me répond.

"Qu'est ce qu'il a fait?"

"Rien, c'est juste moi qui ruine tout, je sais absolument pas quoi faire"

"Écoute moi, sois juste toi-même et tu verras que tout se passera bien. Au fait, je reste chez Cole ce soir, tu me raconteras plus tard. Bonne chance, xoxo."

Ses mots me percutent, être moi-même... Mais c'est si compliqué quand je ne sais pas ce qui me représente réellement. Elle a pourtant plus que raison, j'ai toujours été naturelle avec Adan et j'estime que lui aussi. Alors je ne vois pas pourquoi ce soir changerait de d'habitude. Je regarde la route devant moi, les arbres défilent, quelques voitures nous entourent et la lune nous observe. Soudain une assurance surprenante m'envahit.

-Tu me plais, tu me plais vraiment. Tous les moments que je passe avec toi me décrochent de la réalité et je les apprécie tous. Alors c'est sûr que tu peux être un peu un abruti parfois mais ça n'enlève pas le fait que je t'apprécie beaucoup.

-June tu...

-Laisse moi finir, je n'ai pas l'habitude d'exprimer mes sentiments comme ça alors je préfère tout te dire maintenant. Tu es une personne incroyable, j'ai l'impression que je peux te parler de tout, et rassure toi un jour je le ferai. Je me sens vraiment en sécurité avec toi, tu es le seul dans toute ma vie qui s'est soucié de ce que je ressentais vraiment. Mais surtout tu m'as comprise et tu ne m'as pas lâché même quand j'ai été horrible avec toi. J'aime la façon dont tu penses, tu me fais toujours sourire et j'ai l'impression que je ne vais jamais arrêter de parler puisque j'ai trop peur de ce que tu vas penser.

Le soulagement vient lentement remplacer la gêne qui s'est installée au fil de mes paroles. Alors, pour ne pas avoir à affronter son délicieux regard cruellement ardent, je plonge ma tête dans mes mains, mes coudes s'enfoncent violemment dans mes cuisses et je comprends la portée de mes paroles. 

Je sens de la chaleur irradiée ma cuisse lorsque je m'aperçois que c'est précisément l'endroit où Adan a déposé sa main. Il tire délicatement mon bras en gardant un œil tout de même attentif sur la route m'obligeant à le regarder. Mon visage s'illumine en voyant son sourire.

-Je...Waouh...je ne sais pas quoi répondre à ça. C'est la première fois que quelqu'un me dit tous ces mots et c'est encore plus surprenant lorsque c'est toi. Je me rends compte à quel point tu es différente des autres filles, surtout à mes yeux, tu es forte et intelligente...Tu m'as coupé les mots avec toutes tes paroles.

Je dépose à mon tour ma main sur la sienne et nos doigts s'entrelacent et restent dans cette position jusqu'à que nous arrivions devant le campus. Je sors de la voiture, déçue de devoir le lâcher et de mettre fin à cette soirée. Il me raccompagne devant la porte de ma chambre en silence. Une fois arrivés, je me retourne un peu perdue. 

Il chasse rapidement tous mes doutes en déposant ses lèvres sur les miennes. Je redécouvre cette sensation, ses lèvres sont sucrées, ses mains se déposent sur le contour de mon visage. Ce moment dure quelques secondes mais elles me paraissent éternels. Nos bouches se séparent mais nos regards se lient, il me sourit et un sentiment de bonheur encore inconnu me transporte. Ses mots rompent le silence intense qui imprégnait le couloir.

-Demain j'ai un match à 18h, j'aimerais vraiment que tu viennes.

-Bien sûr,...je serai là.

Il m'embrasse rapidement avant de s'éloigner, je rentre dans ma chambre et colle mon front sur la porte. La tension commence seulement à retomber et je me rends alors compte de la tournure qu'a prise cette soirée magique. 

Je me glisse dans mon lit quelques minutes plus tard. J'observe à nouveau les étoiles et la lune qui éclairent ma chambre. Ce soir, elles me paraissent bien moins seules que d'habitude. Mes pensées sombrent doucement dans un sommeil délicat alors que je me mets à redouter la prochaine journée.

Don't look at my past [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant