Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 20.2

{About Love-Marina}

Je patiente devant chez ma tante depuis quelques minutes en l'attendant, je me demande seulement s'il va vraiment venir. C'est à ce moment-même que j'aperçois sa voiture se garer, il descend et se rapproche de moi, vêtu de son éternel perfecto noir. 

Ses yeux semblent rougis et vides de sens,ses phalanges semblent abîmées, je ne pose aucune question ne préférant pas savoir qui ou quoi a été la victime de sa colère. Pendant un long moment nous nous observons simplement, perdus dans le regard de l'autre, séparés d'au moins un mètre. Je me décide à prendre la parole.

-Ma tante pense que l'on est ensemble alors je préférerais que l'on agisse comme tel au moins ce soir, on pourra discuter après.

Il acquiesce, j'ai l'impression de l'avoir soulagé, mais je n'ai pas envie de décevoir Suzie qui attend avec impatience que je lui présente quelqu'un. Nous rentrons donc ensemble, je salue Marc, le nouveau compagnon de ma tante que j'avais déjà aperçu lorsque je vivais ici. 

Elle me saute dans les bras comme si on ne s'était pas vu depuis des années, mais je dois bien avouer qu'elle m'a manqué aussi. Elle accueille Adan qui était resté en retrait, la situation reste tendue mais je fais tout pour que nous paraissions ensemble et heureux. 

Le repas se déroule rapidement, Adan ne parle que très rarement bien que Marc tente de faire la conversation à plusieurs reprises. Une fois terminé, j'indique à Adan le chemin de ma chambre puis aide à débarrasser. Suzie m'interrompt pour me parler seule à seule dans la cuisine.

-Je ne suis pas aveugle June, j'ai bien compris que quelque chose allait mal avec ton copain, si tu veux un bon conseil, il semble que vous ayez besoin de parler.

-C'est vrai mais c'est plutôt lui qui a des choses à me dire.

-Quoi qu'il en soit, réglez vos problèmes, je vois comment ce garçon agit sur toi, à chaque fois que tu m'en parlais par téléphone je pouvais presque voir ton sourire.

Je prends en compte ses paroles et me dirige vers ma chambre, les doutes tourmentent mon esprit. J'entre et remarque Adan assis sur mon lit, la tête plongé dans ses mains. Je me retiens difficilement d'aller le prendre dans mes bras. Il relève la tête et m'observe, me regarde comme il ne l'a jamais fait.

-Je vais tout te dire parce que je te dois au moins ça, je suis désolé j'ai été débile et je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir après mais il faut que je t'avoue toute l'histoire avant que tu ne prennes de décision.

Je ne réponds pas, simplement je m'installe à ses côtés impatiente qu'il se livre enfin à moi, qu'il me dévoile ne serait-ce qu'une étincelle de son passé.

-Pour commencer, Chloé était vraiment ma meilleure amie, je t'ai pas menti à propos de ça. On était un groupe très soudé à partir du collège, ceux que tu connais, mais avec Madelyn et Zack en plus. Chloé était rayonnante, mon rayon de soleil, on passait énormément de temps ensemble. Zack ne le voyait pas d'un bon œil, c'était un grand frère plutôt protecteur, et il avait peut-être raison finalement.

Il fait une pause dans son récit, probablement pour reformer ses souvenirs. Je vois à quel point cette étape est douloureuse mais j'en ai besoin, nous en avons besoin pour avancer. Il reprend quelques secondes plus tard.

-Madelyn n'était absolument pas comme tu la connais maintenant, elle était très proche de Chloé alors quand...sa mort l'a brisée, comme nous tous. Elle m'avait prévenu mais je ne voulais croire personne, jusqu'à ce jour. Haven me répétait souvent que je devais faire attention, que Chloé développait des sentiments bien plus qu'amicaux chaque jour mais tout le monde se doutait que je ne l'aurais jamais vu comme plus qu'une amie. Alors un soir, en plein milieu de notre deuxième année de lycée, elle est venue chez moi comme elle en avait l'habitude. Mais elle n'était justement pas comme d'habitude...

-Elle t'a tout avoué ce soir-là.

-Ouais, elle m'a dit qu'elle m'aimait sincèrement et qu'elle en avait marre de cacher ses sentiments. Et je me souviendrai toujours de ce que je lui ai répondu, "je suis désolé, tu es ma meilleure amie, je ne peux pas te voir comme plus", sûrement les dernières paroles qu'elle a entendues.

Je me rappelle alors de chacune des fois où il me reprochait de m'excuser alors que je n'avais rien fait, il essayait sûrement de se convaincre lui-même.

-Elle est partie en pleurant, je lui répétais que j'étais désolé mais elle a claqué la porte. Le lendemain matin, Zack est venu taper à ma porte pour m'annoncer que sa sœur avait eu un accident la veille en rentrant de chez moi et qu'elle était morte sur le coup. Mon monde s'est arrêté ce jour-là, à cette minute précise. Il m'a répété que j'étais fautif, que c'est moi qui l'avais rejetée, qu'elle ne devait pas être concentrée sur la route en repartant à cause de moi. Et depuis ce jour tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux, c'est de ma faute si elle est morte...

-Ce n'est pas de ta faute, des choses tristes arrivent tous les jours, parfois on ne sait pas pourquoi mais ça tombe sur les meilleures personnes.

Ces mots prennent sens pour moi aussi, ils résonnent intensément dans mon esprit.

-Junie, écoute, je sais que tu penses que j'ai essayé de la remplacer et de me rattraper avec toi mais ce n'est pas vraiment ce que je r...

-Ca en a pourtant bien l'air.

-Laisse-moi t'expliquer, dès le premier jour où je t'ai percutée, j'avoue que j'ai vu Chloé en toi pendant un moment. Ce n'est pas tant la ressemblance physique qui m'a marqué mais c'est ton regard. Tu avais les mêmes yeux, ceux que je croyais ne plus jamais recroiser. C'est vrai, j'ai essayé de me rapprocher de toi pour ressentir à nouveau sa présence mais tout a changé le soir de mon premier match, lorsque nous nous sommes enfuis vers nulle part tous les deux. C'est là que j'ai vu June, pas Chloé, seulement toi et ton caractère bien trempé, embelli par ton joli regard.

Il met un terme à ses paroles, j'ai besoin d'un moment pour tout digérer, tout prend sens, je crois chacune de ses paroles. 

Son aveu reste perturbant, je ne sais pas quoi penser ni comment réagir. Il me regarde désespéré, je vois à travers ses yeux toute son histoire et toute sa souffrance, ensevelies depuis si longtemps.

-Je ne sais pas Adan, c'est compliqué, je ne comprends plus ce que je ressens...

Je le vois s'énerver et s'emmêler dans ses propres mots.

-Une chose est claire, je ne te laisserai pas partir, je ne te perdrai pas toi aussi...mais merde, quand est-ce que tu vas le comprendre. Je pensais avoir été long à la détente mais tu es bien pire que moi. Je t'aime tout simplement, j'avais trop peur de me l'avouer mais j'en suis sur maintenant, je t'aime plus que tout.

Je reste bouche bée devant ses trois mots que l'on ne m'avait jamais dit, qui prennent un sens mélodieux lorsqu'il les prononce.

-Dis moi que tu ressens la même chose Junie, j'en suis certain.

-Je...je crois que je t'aime.

-Tu crois?

-En fait, j'en suis absolument sûr, je t'aime sincèrement, je ne veux pas qu'on se sépare. Je veux qu'on se donne une chance, sans mensonge ni doutes.

Il plante un baiser impatient sur mes lèvres alors que je relâche toute la pression qui me rongeait, je perçois enfin cette nouvelle sensation, aimer et être aimée.