Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 16.1

{Unsteady-XAmbassadors}

Une semaine plus tard

Le doux parfum des pancakes provenant de la cuisine me réveille. J'ouvre les yeux et observe le plafond pendant quelques minutes. Les informations surgissent peu à peu, les souvenirs associés à cette chambre sont quelque peu désagréables mais je parviens à les laisser de côté. 

Les matins sont de plus en plus durs et mes nuits de plus en plus courtes, alors avoir un léger sourire maintenant me semble presque incroyable voir exceptionnel. La sonnerie de mon réveil m'indique qu'il est exactement dix heures, idéal pour mon petit déjeuner du dimanche matin. 

Je me relève doucement et me dirige vers mon armoire. Quelques vêtements sont restés ici, chez ma tante, avant que je ne parte à l'université.

J'enfile un jean et un sweat, arrange mes cheveux en un chignon fait à la va vite puis j'ouvre la fenêtre. Le temps se rafraîchit de jour en jour mais le soleil n'a pas l'air de vouloir encore disparaître, tant mieux, la pluie n'a pas vraiment le don de réjouir mon humeur.

Je récupère mon cahier sous l'oreiller avant de replacer les draps comme je les ai trouvés à mon arrivée. Il m'arrive de vouloir simplement le jeter, ou le brûler mais quelque chose au fond de moi finit toujours par m'en empêcher. 

Une petite voix me rappelle à chaque fois que ces mots sont pour l'instant le seul but auquel je m'accroche. Ce sera la seule chose qui restera de moi. 

Je me contente d'accorder ce que je ressens, de l'écrire, parfois de l'effacer pour mieux le noter mais il n'empêche que je tiens à ce petit assemblage de feuilles.

Je m'approche de la cuisine où j'entends ma tante ouvrir et fermer les placards qu'elle a d'ailleurs changés durant mon absence. J'entre et feins la surprise lorsque je remarque les différents gâteaux, fruits et autres éléments posés sur la table. 

Comme un radar, mon ventre se met à gargouiller, c'est à ce moment que Suzie se retourne et m'aperçoit.

-Bonjour chérie, je ne savais pas trop ce que tu voulais alors j'ai fait plein de trucs, comme d'habitude en fait.

-C'est super et j'ai vraiment hâte de tout goûter.

-Installe-toi, c'est fait pour.

Une dizaine de minutes plus tard, je remonte dans ma chambre, m'empare de mon téléphone et je m'installe sur mon lit. Je parcours quelques réseaux, je branche ma musique et j'écoute, tout simplement. 

Les yeux fermés, je savoure chacune des paroles, je les ressens et les interprète. Je les transpose à ma situation et les vis bien plus qu'il ne faudrait. Elles défilent toutes et semblent me parler, m'appeler presque à chaque fois. 

Alors mes pensées s'arrêtent sur X Ambassadors, je relance la musique une deuxième fois pour l'écouter encore et encore. "Hold on to me, 'Cause I'm a little unsteady".

Soudain, alors que la notion du temps m'avait échappé, un message apparaît sur mon écran, son nom, ou plutôt celui que je lui ai donné, apparaît à côté d'un petit livre en émoticône.

"Hey, tu fais quoi aujourd'hui, un film ça te dit?"

Un peu surprise, mon doigt se dirige vers la lettre O au moment où je me rappelle que je suis chez ma tante tout le week-end et que l'idée de voir Adan s'échappe de plus en plus.

"Je peux pas."

"Ah...ok."

Son message semble résonner en déception, en même temps j'ai l'impression de l'être un peu moi aussi.

"J'aurais vraiment adoré mais je suis pas à la résidence avant ce soir mais je te promets qu'on se fera ça. Par contre, je choisirai le film."

" :) Sûrement pas, j'ai déjà des idées que tu vas aimer cette fois, j'en suis sûr."

"Mouais, enfin si c'est comme l'autre fois, ton film n'était vraiment pas top."

Je remarque alors qu'une conversation est lancée entre nous et que le sourire qui arbore mes lèvres n'est que trop voyant. Les petits points disparaissent de l'écran, je reçois alors une nouvelle notification.

"Merci, vraiment, pour dimanche c'était cool."

J'aurais envie de dire plus que simplement cool mais je parviens tout de même à me retenir.

"Pour moi aussi, c'était super."

Je n'arriverai pas à étudier et encore moins exprimer les sentiments qui m'assaillent actuellement. Simple, penser que je suis en train de parler avec cet Abruti de tout et de rien me ravit. 

Je ne sais plus quoi écrire sans en dire trop mais il me coupe dans mes tourments par un message qui ne fait que combler tout ce qui était encore vide en moi.

Au même moment, le nom de Haven apparaît, je laisse en suspens ma conversation pour me diriger vers le dernier message de ma meilleure amie.

"Tu ne serais pas en grande discussion avec notre petit Adan par hasard?"

Le doute me submerge, ces mots résonnent sans que je ne les comprenne vraiment, je ne comprends pas comment elle peut être au courant. 

A moins qu'il ne se moque de moi depuis le début, alors j'ai l'impression de retomber dans ce cercle vicieux qui ne cesse de graviter autour de moi depuis plusieurs années. 

Plus j'ai d'amis, plus j'ai d'ennuis et je perds encore tous ces soi-disant amis, voilà la citation qui semble forger ma vie.

"Je dis ça parce-qu'on prend un café avec Cole et Lukas, et Adan passe son temps à faire des allers-retours sur son téléphone. Tu n'imagines même pas le sourire qu'il a quand il lit ce qu'il reçoit, alors j'ai pensé que ça ne pouvait être que toi."

Les émotions me transpercent mais elles sont toutes agréables : je suis rassurée puis heureuse et enfin très stressée, j'ai totalement laissé la question d'Adan en suspens. Je redirige mes doigts vers son prénom, à lui, dans la file de contact, le petit point bleu montre que je n'ai pas encore lu ce message. 

Il prévoit aussi peut-être le départ d'un changement. Une citation de Oxenstiern me vient alors en tête : "Tendre les bras à son destin est, de tous les moyens, le plus infaillible pour l'adoucir." Pour une fois au moins je prends mon courage et je relis à nouveau la question.

"Tu voudrais bien qu'on sorte manger un truc ou boire un verre peut-être, mercredi soir après mon entraînement?"

"Juste tous les deux?" je demande, faussement innocente. Il répète alors les même mots ;

"Juste tous les deux."

...

"Super, hâte d'être mercredi."