Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 24.2

{You say-Lauren Daigle}

Il ne me laisse pas le choix. Je marche pour rentrer dans ma chambre, je suis inconsciemment un chemin plus long pour reculer l'heure fatidique. Mais elle se rapproche de plus en plus. 

À chacun de mes pas, je cherche une alternative, une idée pour ne pas en arriver là. Je ne veux pas le quitter et surtout je ne peux pas, il est mon pilier, mon sauveur. Sans lui, aujourd'hui, je ne serais plus rien, il m'écoute, me connaît, m'aide et me soigne sans relâche. 

Mais je n'ai pas le choix, je ne veux pas que Zack révèle tout mon passé encore moins à Adan. Il me laisse jusqu'à ce soir 19h pour le quitter, j'ai la chance de pouvoir choisir comment. Je n'ai plus que trois heures pour me décider, même si mon choix est déjà fait mais ce temps me permettra surtout de l'accepter. 

J'ouvre la porte de ma chambre doucement en priant pour que Haven n'y soit pas, heureusement tout est silencieux. Je me rappelle alors que je suis censée sortir avec elle ce soir, j'abandonne tout de suite l'idée. Je veux égoïstement rester ici seule, j'ai tellement de choses auxquelles je dois penser. 

Je passe devant le miroir posé au-dessus de mon bureau, honnêtement je ne ressemble plus à rien. Toutes ces larmes versées ont effacé ma joie, mon sourire bien qu'elles n'aient pas emmené mes problèmes malheureusement. 

Mais je ne pleure plus depuis quelques minutes. Je suis juste au pied du mur, perdue et hésitante. L'horrible son de mon téléphone résonne encore et j'en viens à me demander si je ne deviens pas folle et que je n'invente pas des bruits.

"Tic Tac plus que deux heures, fais ton choix et surtout dépêche-toi."

Je balance mon téléphone à travers la pièce, il retombe sur mon lit. Inconsciemment j'espérais qu'il se casse pour me couper de tout. Mais le message est clair, je dois choisir la meilleure solution. Le plus drôle est qu'aucune des deux proposées n'est bonne pour moi, je me déteste, je déteste qui j'étais. 

J'aimais celle que j'étais devenue mais peut-être que je porte un masque et qu'Ellie avait raison. Il me reste encore un moment. Je me dirige rapidement vers mon lit, je plonge ma main sous le matelas et je la remue jusqu'à trouver mon carnet, c'est un peu stupide comme idée mais j'ai l'impression d'en avoir besoin. 

Je m'assois à mon bureau et allume mon ordinateur, je crois qu'il n'a jamais pris autant de temps pour s'allumer mais j'essaie de ne pas m'énerver. Mes pulsions les plus primaires remontent, je vois le visage de Zack devant moi, celui d'Ellie, puis celui de Hope en sang. J'entends leur voix et je les hais, je les déteste au plus profond de moi. 

Mais le visage qui me répugne le plus, celui qui vient en dernier, c'est le mien. J'essaie encore de me persuader que ce n'est pas de ma faute, qu'en le voulant je pourrais être différente. 

Mais ils m'ont détruit, et ils continuent encore aujourd'hui alors que j'avais trouvé mon bonheur, un peu abruti parfois c'est vrai mais je ne m'étais jamais sentie autant à ma place comme il parvenait à me le faire sentir. Je branche mon casque et j'écoute ma musique, mon repère. 

Les musiques défilent et c'est au tour de "Her", je ne change pas, j'écoute juste ces mots qu'il a écrits pour moi. Prise d'un élan de rage, je déchire certaines pages de mon cahier, elles me paraissent sans importance aujourd'hui. 

Chaque bout de papier qui me reste dans la main n'est que l'expression de la colère que j'ai réussi à enfouir pendant des années. Encore une fois mon téléphone sonne, une fois, deux fois, la mélodie finit par s'arrêter. Je regarde l'écran, 18h40, tout s'est déroulé si vite que je n'ai pas vu le temps passer. 

Haven me demande quand je compte les rejoindre, apparemment elles ont déjà commandé, dans le dernier elle me dit qu'elle commence sérieusement à s'inquiéter. Je remonte dans mes conversations et le nom d'Adan m'interpelle, sans vraiment comprendre ce que je suis en train de faire, je me mets à écrire. 

Les mots ont du mal à sortir puisque ce ne sont pas les miens, jamais ils n'auraient pu me traverser l'esprit. Un quart d'heure plus tard, j'ai terminé. Je le regarde une dernière fois. J'appuie sur envoyer. Le message est parti. Tout est terminé.

" Ne m'en veux pas mais je reprends ma liberté, je tourne un nouveau chapitre. Je te quitte mais c'est aussi une partie de mon histoire dont je me sépare. Je suis encore désolée mais les sentiments ne sont plus là..."

Je n'attends que quelques secondes avant qu'il m'appelle, je fais l'énorme bêtise de décrocher, mais je ne dis rien et j'écoute juste sa voix.

-Junie...enfin tu décroches, Haven vient de m'appeler tu es où? J'espère que c'est une mauvaise blague ton message.

Je suis toujours fixée à l'écran, ma main sur ma bouche pour retenir mes sanglots, mes larmes ne cessent de tomber.

-Je sais que tu m'écoutes, je sais que tu es là, alors écoute-moi bien je ne sais pas à quoi tu joues mais moi je ne rigole pas avec ça. Tu me fais quoi la putain.

Je ne sais pas ce que je fais, c'est bien le problème. J'ai tellement envie de lui hurler toute la vérité, de tout lui raconter mais c'est trop pour moi. Si je ne fais rien maintenant, Zack trouvera un autre moyen de le faire souffrir.

-Dans deux minutes je serai devant la porte de ta chambre. Tu as intérêt à t'expliquer, à trouver une raison valable pour me faire ça.

J'entends que sa voix dérape sur ses derniers mots, j'entendrais presque une larme à travers le téléphone. C'est tellement douloureux que je raccroche. 

Je me précipite vers la porte que je ferme à clef, puis je me laisse tomber contre elle en perdant toute notion du temps. Sa voix me fait sursauter, mais je reste encore silencieuse. Il tourne la poignée plusieurs fois, je me concentre sur la conversation qui va suivre.

-Ouvre, s'il te plaît ouvre-moi. J'ai besoin de te voir, de t'entendre, je sais pas, n'importe quoi me suffirait là.

Il tape à plusieurs reprises mais je n'ouvrirai pas, peu importe s'il rameute la totalité de la résidence à cause du bruit qu'il fait.

-Je te jure que je suis capable de défoncer cette porte pour que tu me dises les choses en face.

Je sèche mes larmes et je tente de récupérer ma voix pour paraître le plus crédible possible. Je me tiens devant la porte, séparée de lui uniquement par ma faute.

-Va-t-en Adan...

Il rigole mais ce n'est pas le rire que j'ai l'habitude de rire. Il me fait peur, je ne le reconnais pas. Il s'arrête soudainement pour reprendre encore plus violemment.

-Qu'est-ce qui t'arrive merde, dis-le-moi, je pourrai t'aider.

Il ne semble toujours pas comprendre que je n'ai pas envie qu'il parte, j'en ai besoin, sinon je vais sûrement craquer. Toujours à travers cette fichue porte je réponds.

-J'ai été plutôt claire dans le message, je...je ne t'aime plus tout simplement.

Une tension très étrange se déploie et nous plongeons tous les deux dans un silence infernal. J'espère au fond de moi qu'il s'en aille pour de bon.

-Tu sais quoi? je me casse. De toute façon, ce n'est pas à ma June que je parle, je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé mais je sais que tu ne me le diras pas. Je t'aime, pour la première fois de ma vie, je réussis à ressentir ça pour quelqu'un. Et le pire dans cette histoire c'est que je suis persuadé que tu m'aimes toujours.

Ses pas résonnent puis plus rien, seul moi et ma vieille amie la solitude.