Don't look at my past [Terminé]

Chapitre 5.1

{Someone you loved-Lewis Capaldi}

-Je suis tellement désolé pour tout à l'heure avant le match j'étais déjà sur les nerfs parce que Zack a passé le voyage à te parler et tu ne sais pas ce qu'il a derrière la tête. Puis il m'a chauffé sur le terrain, je me suis fait exclure pour deux matchs à cause de lui. Et ce qu'il s'est passé dehors...vraiment je m'en veux que tu m'aies vu comme ça Junie...je suis vraiment désolé.

Je suis restée sur les premiers mots qu'il a prononcés sans vraiment écouter la suite.. Je cherche une raison désespérément mais je ne comprends pas pourquoi ça pourrait l'atteindre. Je suis sûre que ce n'est pas vraiment ce qu'il voulait dire, je ne vois que ça, à moins que...

Il me regarde, il a fini sa phrase et attend sûrement que je lui réponde mais je n'ai pas la moindre idée de comment se passe cette conversation puisque je n'en fais plus partie depuis longtemps.

-Tu m'as vu dans un état catastrophique alors on va dire qu'on est quitte maintenant, ça me fait penser qu'il faut que je te rende ton sweat il est dans ma chambre.

Je n'ai pas perdu mon talent pour changer de sujet en tout cas.

-Tu peux le garder ça me dérange pas.

Il faut absolument qu'il le récupère, ça serait trop étrange de le garder. Je trouverais le bon moment pour lui rendre plus tard. Je me perds peu à peu dans mes pensées. Je le sais quand je commence à partir loin dans mon esprit, il est difficile de me faire traverser le pont dans l'autre sens.

Il me regarde encore, ce fichu sourire apparaît toujours au coin de ses lèvres même dans les pires moments, depuis que je connais Abruti j'ai l'impression que ce sourire ne le lâche jamais. Je ne sais pas ce qu'il me prend, la tête posée sur ma main gauche, l'autre en évidence sur la table, je l'observe. On pourrait presque penser qu'il n'est pas le même quand il est seul et calme, son visage est si différent.

Ce n'est qu'au bout de quelques secondes, perdue dans ses yeux que je m'aperçois qu'il a posé sa main sur la mienne. Un flot d'émotion me traverse, je déteste ce genre de geste mais venant de lui, ça paraît tellement simple et affectueux. Lorsque je comprends la bêtise que je suis en train de faire je retire ma main brusquement.

-C'était trop tentant désolé, tu devrais voir ta tête.

Il me regarde toujours, l'air vainqueur, il sait qu'il m'a atteint. Vite je dois changer de sujet, le projet bien sûr pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt.

-Dis, puisqu'on est là tous les deux ça te dirait qu'on travaille sur le projet, j'ai quelques idées de livres mais je veux connaitre aussi tes propositions.

-Laisse-moi en choisir un et tu pourras choisir les deux autres si tu veux, il faut qu'on choisisse entre les sujets proposés. Je préfères le deuxième sur l'amour et le tragédie.

-C'est une bonne idée, c'est aussi celui que j'avais choisi. Comme premier livre j'ai pensé à Antigone, l'amour qu'elle porte aux membres de sa famille est intéressant à étudier, son destin cruel et le dénouement de l'histoire peuvent bien coller avec les textes. C'est un des seuls de la liste que j'ai apprécié mais je ne sais pas si tu l'as vraiment lu alors...

-Et l'amour que Créon porte à sa fille opposé à son devoir est une importante partie à aborder, je n'y avais pas pensé mais ton idée me plait beaucoup. Figure-toi que je les aie lu moi aussi, on dirait peut-être pas mais mes études m'importent beaucoup. J'ai donc pensé à un classique avec Roméo et Juliette comme ça on ne prendra pas de risque.

La serveuse nous apporte les assiettes, je dévore quelques frites avant de reprendre le cours de la conversation.

-Sérieusement c'est un des livres les plus ridicules de la liste, la fille a à peine treize et le prince charmant arrive dans sa vie comme par magie. Je ne te voyais vraiment pas aimer ce genre de roman.

-Et pourquoi je ne pourrais pas, les filles apprécient aussi en général. Tu n'y crois pas au prince charmant justement?

-Absolument pas, j'ai fini de rêver passer mes huit ans. Désolé de te décevoir mais je ne suis malheureusement pas comme toutes les filles.

-Je l'avais remarqué Junie.

Le temps passe plus lentement. Sa remarque reste en suspend au-dessus de nous, elle pèse autant pour lui que pour moi. Au bout d'une heure, la liste et les différentes approches sont terminées, j'ai fini par accepter Roméo et Juliette avec quelques appréhensions.

Puis nous avons  Antigone et j'ai imposé Phèdre. Je décide de rallumer mon téléphone durant le chemin qui nous sépare de la voiture. Les notifications apparaissent tour à tour, plusieurs appels manqués d'Haven m'attendent et une dizaine de messages différents.

"Vous êtes allés où?"

"June Reed tu as intérêt à me répondre"

"Je t'en prie je m'inquiète vraiment, ça fait plus d'une heure"

"On vous attend à la maison, j'espère que tu vas bien. "

"J'étais censé être ton garde du corps et je n'aime pas te savoir seule avec Adan alors qu'il est furieux"

Un autre message vient de Cole.

"Je t'en supplie June, elle va littéralement m'égorger si vous ne revenez pas."

Encore un autre.

"J'espère que ta nouvelle ville te plaît, fais attention à tes amis, les secrets ne restent jamais cachés longtemps J."

Encore cette signature, encore ce fantôme de mon passé qui resurgit au pire moment, je ne veux pas craquer à nouveau, pas devant Adan. Mais c'est tellement dur, seuls mes parents savent que je suis ici, j'ai l'impression qu'elle est encore partout avec moi.

Je reste immobile devant mon portable, je sens qu'une de mes crises de panique va refaire surface. Mon souffle s'accélère, mes yeux se couvrent, je tremble. Une main passe par-dessus mon épaule et attrape mon téléphone. Il supprime le message puis se place devant moi, attachant son regard au mien.

Je reste à peine une seconde dans cette position et dans un geste inespéré je plonge dans ses bras. je n'ai aucune idée de ce qui m'a poussé à le faire, je vais probablement regretter après. Il me serre à m'en couper le souffle, j'ai l'impression qu'il retrouve une sensation qu'il avait perdue en m'entourant avec ses bras. nous sommes seules au milieu du parking d'un fast-food, tous les deux perdus mais au moins perdus ensemble.

Jamais rien ne parvenait à calmer une de mes crises, mais là mon souffle ralenti je ne bouge pas, je n'en ai pas envi. Sans m'en rendre compte, il passe son bras au-dessus de mes épaules et me dirige vers la voiture. Une impression de déjà-vu pour moi. Notre contact reprend puisqu'il pose sa main sur la mienne à peine rentrés dans la voiture.

Mon regard ne reflète qu'une chose, un remerciement sincère pour m'avoir offert une minute de calme dans cette vie mouvementée

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