Ultime trahison

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« Will I die as the hero or the vilain ? »

Auteur inconnu

Mon esprit était en ébullition. J'avais besoin de lui, c'était le seul qui pouvait m'aider. Il saurait trouver les mots pour me consoler, et calmer la colère qui me consumait. Avec lui, avec son soutien inébranlable j'arriverai à surmonter cette épreuve et même... À leur pardonner tout ce qu'ils m'avaient fait, tout ce qu'ils m'avaient caché.

Nous arriverons même à trouver une solution pour l'ultimatum de trois jours que m'avait donné Eran, ensemble nous y arriverons. Mais sans lui...

Je fus bientôt devant sa porte et frappai avec la force du désespoir. Il m'ouvrit, intrigué, mais en voyant mon visage décomposé et strié de larmes, il devint tout d'un coup très inquiet. Je me jetai dans ses bras et fondis à nouveau en larmes. Il me regardait avec amour... Avec amour ? Je sentais que j'aurais dû comprendre quelque chose dans ce regard mais j'étais trop détruite pour l'interpréter.

Sans qu'il puisse dire quoi que ce soit je lui racontai tout, absolument tout. Il me serrait fort contre lui mais bientôt je le sentis se raidir. Il ne disait plus rien. Il fut soudain gêné, je me détachai de lui et le regardai dans les yeux.

Et je compris. Il savait. Ses yeux clairs fuyaient les miens et restaient rivés sur le sol.

— Tu savais, n'est-ce pas ? hurlai-je tout en le repoussant brutalement, pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Pourquoi ?

Mais bientôt une immense tristesse me saisit. Ma voix baissa de plusieurs octaves pour n'être qu'un faible murmure :

— N'importe qui mais pas toi, Jason... par pitié, dis-moi que je me trompe, et que tu ne m'as pas menti toutes ces années ?

Je le regardai avec désespoir, il leva enfin ses yeux vers moi, il était au bord des larmes, il n'eut pas besoin de le dire. Je le compris. Et le pire se révéla être vrai. Mon meilleur ami, mon éternel protecteur m'avait trahi. Je ne le connaissais plus.

— Pourquoi Jason ? Que savais-tu ?

Ma voix se brisa, comme le reste de mon être. Lorsqu'il parla enfin, sa voix tremblait.

— Sara... je... oui, je savais pour ta mère depuis toujours, mais je voulais te protéger, cela n'avait aucune importance à mes yeux.

Ma rage afflua à nouveau.

— Me protéger ? criai-je, mais qu'est-ce que vous avez tous à vouloir me protéger en me mentant ? C'est trop demander un peu de sincérité de la part de ceux qu'on aime ? Tu m'as aussi caché pour Eran, n'est-ce pas ?

— Pour ta mère je le savais depuis des années mais pas pour Eran... c'est assez récent...

Je le coupai, j'avais compris.

— C'était donc ça la chose si importante que ton professeur avait à te dire, n'est-ce pas ?

— Oui... il... voulait me prévenir que tu étais probablement en grand danger et que s'il était encore en vie il chercherait par tous les moyens à te retrouver. Nous ne pouvions pas te le dire Sara, tu aurais essayé de le retrouver.

Je le regardai, horrifiée, je ne le reconnaissais plus. J'avais un inconnu en face de moi. Jason, mon Jason, ne m'aurait jamais caché ça. La vérité m'apparut enfin, c'était les Gardiens de la Paix le réel problème. Ils avaient perverti Jason, le persuadant de me trahir. Jason n'était plus, la seule personne qui aurait pu m'aider m'avait trahi, abandonné. J'étais seule.

— Comment as-tu pu me faire ça ? À moi ? murmurai-je.

Les larmes coulaient à présent sur ses joues, il s'approcha de moi, tentant de me prendre dans ses bras. Instinctivement je reculai et par la force de mon esprit le balançai sans effort contre le mur, qu'il percuta avec un bruit mat. Il se releva péniblement, et me regarda avec stupéfaction et douleur.

Tétanisée, je me rendis compte de ce qui venait d'arriver, qu'avais-je fait ? Je venais de faire du mal à Jason. Mais très vite je me repris. Il m'avait trahi.

Je me rapprochai de lui, et ma tête baissée vers la sienne, je lui dis :

— Je te déteste Jason. À présent tu n'existes plus pour moi.

— Sara, je t'en prie...

Il pleurait et gémissait, mais cela me laissait complètement indifférente.

— Ne me laisse pas Sara. Je t'aime, plus que tout. Plus qu'une simple amie ou qu'une simple sœur. Mon cœur t'appartient depuis toujours. Ne me laisse pas.

Je le regardai une dernière fois avec toute la rage dont j'étais capable. Une rage devenue incontrôlable, une rage qui m'était, jusqu'alors, complètement inconnue.

Je tournai les talons et ouvris la porte. Avant de partir, je me retournai, la tristesse envahissant tout mon être.

— Tu étais mon dernier espoir, Jason, soufflai-je, tu étais le seul qui pouvait me sauver. Je suis perdue à présent. Ne cherche jamais à me retrouver.

Je quittai la chambre. J'espérais que c'était la dernière fois que je mettais les pieds dans cette pièce. Et c'était aussi sûrement la dernière fois que je voyais Jason, le seul qui aurait pu sauver mon âme.

Comme une somnambule, je retournai dans ma chambre. Et pour la Xième fois depuis ces derniers jours j'éclatai en sanglots et tombai au sol. Je hurlais, gémissais. Qu'allais-je faire maintenant ? J'étais toute seule. Je n'avais plus personne en qui avoir confiance. Je haïssais les Gardiens de la Paix.

Des heures passèrent et je restais ainsi, écroulée sur le sol, vide de toute émotion mise à part la douleur et la haine qui me lacéraient le cœur. Quand tout d'un coup quelque chose se brisa définitivement en moi, et les paroles d'Eran me revinrent : nous pouvons répondre à toutes tes questions, je ne te mentirai jamais. Je sentais que je n'étais plus la même. Ces événements m'avaient tué. Oui, l'ancienne Sara était morte.

Je ne pleurais plus, je regardais dans le vague lorsqu'une détermination féroce envahit mon être. Non. Je n'allais pas les laisser m'abattre. Les Gardiens de la Paix ne gagneraient pas. Je me relevai calmement et me rendis dans ma salle de bains. Je contemplai alors mon reflet. Je fus choquée par ce que je vis.

J'étais méconnaissable, mes yeux étaient remplis de haine, mes traits trahissaient ma colère. Aucun signe de tristesse n'était visible. Je n'étais que colère et... Vengeance... Oui, je me vengerai. Ils payeront tous. Un sourire cruel, inédit jusqu'alors, se forma sur mes lèvres.

Les Gardiens de la Paix payeraient. Ils mourront de ma main. À cette idée, une force me submergea, j'étais plus forte à présent, j'avais enfin trouvé ce que je cherchais depuis toujours, je ne serai plus jamais faible. Je savais à présent ce que je devais faire. C'était évident. Le destin nous avait réunis de nouveau, il était le seul en qui je pouvais à présent avoir confiance. Eran. À l'idée de le revoir, mon cœur se réchauffa et fut plus léger.

Je quitterai cet endroit maudit pour accomplir mon destin. Je devais oublier le passé, pour m'occuper du futur qui s'offrait à moi. J'allais le suivre, accepter son offre. Plus rien ne me retenait ici. J'avais fait mon choix.

L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 1 : La chute de l'AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant