L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 1 : La chute de l'Ange

Le secret d'Azaran

"Nothing's what it looks like."

Auteur inconnu 

J'étais déjà prête lorsque le soleil commença à décliner à l'horizon. Je m'étais changée et avais enfilé une des tenues de combat parmi les nombreuses que contenait la garde-robe de jeune fille de ma mère. L'épée de Nathaniel à ma ceinture, je courus vers notre point de rendez-vous.

Il faisait encore jour, mais plus pour longtemps, mais cela ne changerait absolument rien pour moi, ni pour Azaran d'ailleurs, la vision nocturne était une de nos nombreuses capacités.

Il était déjà là. Il avait abandonné son éternelle cape noire contre des vêtements des plus normaux. J'en restai bouche bée. Pas d'habit de Guerrier de l'Ombre, pas de tenue de combat. Rien de tout cela. Seulement un jean et un sweat à capuche, noirs bien évidemment, il ne fallait pas exagérer non plus ! Il n'avait même pas d'arme, enfin bon, je doutais qu'il en ait réellement besoin...

En le voyant ainsi, si semblable à Jason, à Eran, aux autres jeunes du Temple, j'eus du mal pas à croire que c'était ce jeune homme qui avait assassiné mes parents et tant d'autres âmes innocentes. Sans tenir compte de sa beauté surnaturelle, il semblait si... Normal. Il me regarda arriver avec une lueur inquiétante et grave dans le regard. Même habillé ainsi, il était toujours aussi terrifiant.

Arrivée à sa hauteur, je levai un sourcil tout en montrant son accoutrement.

— Nouveau style ? Du noir... étonnant te concernant, ricanai-je, soudain beaucoup plus sûr de moi.

Se moquer ouvertement de lui était complètement stupide mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Il me dévisagea longuement, sans un mot, puis Il me prit par le bras et m'entraîna vers la forêt.

— On va dire que je n'ai rien entendu... tu as une fausse image de moi, Sara. Tu ne me connais pas.

J'éclatai d'un rire sarcastique, je ne savais pas ce qui me prenait, mais je lui en voulais, je lui en voulais pour cette attirance qu'il exerçait sur moi, même si je savais bien qu'il n'y était pour rien.

— Tu rigoles, j'espère ? Tu es un assassin, crachai-je, ça me suffit amplement.

Azaran ne réagit pas, il arborait son expression impassible.

— Et alors ? se contenta-il de répondre en haussant négligemment les épaules. Tuer est nécessaire lorsqu'on veut faire plier un monde. Leur vie n'est rien à mes yeux, ils sont faibles et insignifiants. Certaines personnes n'ont pas le privilège de vivre, c'est ainsi, plus vite tu le comprendras, plus facile l'avenir sera pour toi.

— Je ne sais même pas pourquoi je parle de ça avec toi... finis-je par dire.

— Parce que tu espères me voir changer, afin que tu ne sois plus aussi dégoûtée de toi-même face aux sentiments que tu éprouves à mon égard.

Il avait dit ça d'un ton si banal, sans aucune gêne.

Je me tournai brusquement vers lui, il me considérait avec attention. Je voulus nier mais je savais déjà que c'était inutile. Azaran savait tout, après tout, son nom le prouvait, Azaran, « celui qui sait ». Je ne faisais pas le poids.

Je me contentai de serrer les poings et de continuer d'avancer. Après quelques minutes de marche silencieuse, nous arrivâmes au sommet d'un énorme rocher. J'avais pu constater qu'Azaran ne faisait pas un bruit lorsqu'il marchait, sa démarche féline et calculée était impressionnante, tout son être, jusqu'à sa manière de marcher renvoyait un message de danger.