L'inévitable vérité

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« We're all just a bunch of kids. »

Auteur inconnu

Avant d'aller au réfectoire je passai par ma chambre pour enlever ma tenue de combat, qui se révélait être une simple armure de métal gris, assez légère, qui ne m'empêchait pas de me déplacer. Même si elle remplissait ses fonctions, elle restait plutôt rudimentaire, lorsque j'aurai fini ma formation je pouvais espérer en avoir une nouvelle, plus fine et plus résistante. Je la retirai et la rangeai avec précaution.

J'enfilai rapidement un jeans et un sweat noir et me rendis au pas de course au réfectoire, cette séance d'entraînement m'avait vidé de toute mon énergie, j'avais besoin de reprendre des forces.

Je poussai la porte et un brouhaha incessant envahit mes oreilles. La salle était immense, capable de rassembler tous les jeunes Guerriers et Mirages du Complexe, ainsi que leurs professeurs.

Avec désinvolture, je pris ce qui me passait sous la main et le posai sur mon plateau, je ne réfléchissais pas trop, mon esprit était ailleurs, encore dans la salle d'entraînement... Je fis mine de ne pas voir les habituels regards curieux dont j'étais la cible depuis 17 ans et me trouvais une table dans un coin, à l'écart du tumulte général. Les gens de mon âge n'étaient pas les seuls à me dévisager, j'étais souvent l'objet des regards énigmatiques des professeurs, je les perturbais, j'étais différente, et cela, personne n'arrivait à l'expliquer.

Je mangeai en vitesse et quittai la salle le plus rapidement possible, mais en passant devant une table j'entendis un groupe de Mirages que je connaissais de vue, parler tout bas, c'était sans compter mon ouïe ultra-fine.

— Tu as entendu ça? Les Guerriers de l'Ombre sont définitivement sortis de l'ombre! commença un des garçons, mi-sérieux, mi-amusé.

— Oh c'est bon... Arrête tes jeux de mots minables Alex ! grogna la fille à sa droite.

— Si seulement c'était une blague... Non Aglaé, je suis malheureusement sérieux. Ils ont fait parler d'eux, un village entier a été massacré. Ils nous cherchent, la guerre est sur le point d'éclater.

— Comme si elle n'avait pas déjà commencé, marmonna un garçon à sa gauche.

— Non, jusqu'à maintenant la guerre se préparait, c'était seulement les prémices ces dernières années. Les Guerriers de l'Ombre ont toujours été là, tuant en pleine nuit, traquant certains d'entre nous mais sans vraiment se montrer. Ils agissaient dans l'ombre... D'où leur nom. Maintenant c'est fini, avec ce massacre, ils nous déclarent officiellement la guerre, ils veulent nous tuer jusqu'au dernier !

— Quelle horreur... souffla la dénommée Aglaé. On y est... Ce pour quoi on s'entraîne depuis toujours! Mais pourquoi maintenant ?

— C'est comme s'ils avaient quelque chose qu'ils n'avaient pas auparavant, et qu'ils l'attendaient depuis des années...

— Tu penses à une arme?

— Une arme peut-être... Ou quelqu'un... Un guerrier indestructible...

— Qu'ont décidé de faire les Gardiens de la Paix ?

— Ils se réunissent en ce moment même pour organiser notre défense et peut-être même nos futures attaques... Je n'en sais pas plus que toi, souffla-t-il.

J'en avais assez entendu, d'un pas rapide je quittai cet endroit et m'enfermai dans ma chambre. Ce que j'avais entendu m'avait plus bouleversé que ce que je voulais bien admettre... Une guerre? Toutes ces années de conflits et de peur se précisaient et les Guerriers de l'Ombre nous montraient enfin leur vrai visage.

Quelle que soit la raison de leur soudaine envie de nous déclarer officiellement la guerre, je n'avais pas peur, c'était plutôt eux qui devraient trembler ! J'étais prête, j'attendais ce moment depuis toujours, pas la guerre, non, mais le jour où j'allais enfin pouvoir faire mes preuves et effacer du visage de mes camarades et de mes professeurs cette constante lueur de méfiance à mon égard.

J'allais leur montrer de quoi j'étais capable.





                                                                                        ***


J'étais encore perdue dans mes pensées lorsque j'entendis quelqu'un frapper à ma porte. Je pris une profonde inspiration et criai à la personne d'entrer. La porte s'ouvrit sur une tête blonde qui me souriait gentiment, Jason... Ses yeux bleu clair sondèrent les miens et il entra dans ma chambre.

Je n'avais pas été tout à fait honnête. Peut-être avais-je exagéré en disant que je n'avais aucun ami, en réalité, j'en avais un, Jason, un Mirage doué, qui ne m'avait jamais laissé tomber depuis mon arrivée ici. Ses parents étaient encore en vie, mais il était là pour devenir un Mirage de haut rang, et les voyait donc que très peu souvent.

C'était mon meilleur ami, mon seul confident. Et je n'étais pas toujours aimable avec lui, je devais bien l'avouer... Celui-ci attendait quelque chose de ma part mais en voyant que je restais muette, il commença :

— Sara qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne m'as même pas rejoint au réfectoire, je t'y attendais, comme toujours !

Je ne réagissais toujours pas, j'avais un peu honte de le traiter ainsi, mais Jason su garder son calme, il était d'une patience incroyable avec moi.

— Tu t'es de nouveau entraînée ce matin, c'est ça? (Je grimaçai) Je m'en doutais, soupira-t-il. Tu n'es jamais pareil après, tu es... distante. Tu en fais trop. Tu le sais n'est-ce pas ?

Énervée qu'il me fasse des reproches je lui répondis méchamment :

— Désolée d'avoir de l'ambition ! Ce qui n'est pas le cas de tout le monde ici !

Il fronça les sourcils, m'attrapa le bras et m'enlaça.

— Arrête d'être comme ça Sara, tu vaux mieux que ça. Je ne suis pas ton ennemi, je ferai tout pour toi, souffla-t-il.

— Je sais... excuse-moi, mais... je ne sais pas ce qui m'arrive ces derniers temps. Je ne cesse de m'énerver pour tout et n'importe quoi.

Je me lovai dans ses bras et m'enivrai de son parfum délicat de menthe. Il se détacha de moi et me regarda dans les yeux, il fouilla au plus profond de moi, il me comprenait comme personne, ses pouvoirs de Mirage l'y aidaient mais cela ne faisait pas tout. Nous étions liés par un lien plus fort qu'une simple amitié, je le considérais comme mon frère.

— La prochaine fois Sara, vient me réveiller, on ira s'entraîner ensemble, je n'aime pas te savoir seule là-bas, avec pour seule compagnie ta colère. Promets-le-moi, murmura-t-il.

— Promis, Jason, capitulai-je. Mais je te préviens tu ne tiendras pas longtemps contre moi, je te battrai à plate couture !

Son sourire s'étira, et il me regarda avec défi.

— C'est ce qu'on verra, Madame la guerrière ! Il faut que je te laisse, Roan (son maître) me demande, il a quelque chose d'important à me dire. À très vite !

Il me colla un baiser sur la joue et s'en alla en un battement de cils.

J'étais à nouveau seule... Je me rendais compte, à présent, que sa présence m'apaisait et que je n'avais même pas pensé à lui raconter ce que j'avais entendu au réfectoire. Quelle idiote! Il savait toujours quoi faire, quoi me dire pour me calmer. Il était plus sage que moi, et prenait le temps de réfléchir avant d'agir, contrairement à moi.

J'avais décidé de m'enfuir le plus vite possible du Complexe, mon apprentissage touchait presque à sa fin et je voulais me battre. Ce désir de fuite avait germé dans mon esprit depuis déjà des années. Je n'attendrai pas sagement que les Guerriers de l'Ombre viennent nous attaquer, non, c'est moi qui irai à eux. Je m'en débarrasserai seule.

L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 1 : La chute de l'AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant