L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 1 : La chute de l'Ange

Le choix de l'élu

« Courage doesn't mean you don't get afraid. Courage means you don't let fear stop you. »

Auteur inconnu

Sitael était plongé dans ses pensées lorsque des coups secs furent frappés à sa porte.

— Oui entrez !

Une très grande femme entra alors, sa peau ainsi que ses yeux et ses cheveux étaient d'un noir intense. Elle s'inclina légèrement devant le chef des Gardiens de la Paix et alla le rejoindre. Sa beauté était à couper le souffle.

— Irina, dit-il simplement en inclinant la tête en signe de respect, les temps sont sombres... En tant que chef des opérations stratégiques et militaires beaucoup de choses reposent sur toi.

La Guerrière semblait confiante et contemplait Sitael d'un air solennel.

— Je le sais bien... j'ai confiance en eux, mais... les Guerriers de l'Ombre sont plus puissants que jamais. J'ai honte de le dire, crois-moi, mais j'ai peur, j'ai peur pour nos jeunes.

Sitael ferma les yeux. C'était un cauchemar, n'est-ce pas ? Il allait bientôt se réveiller et toutes ces horreurs ne seraient qu'un mauvais souvenir. Malheureusement, tout ceci était la réalité, la triste réalité de leur monde...

— Les Guerriers de l'Ombre nous surpassent parce qu'ils utilisent une partie de leurs pouvoirs que nous nous refusons de perfectionner. Nous savons ce qu'ils pensent : Nous devons être le maître de notre pouvoir et pas son esclave. Ils jouent un jeu très dangereux, ils sont tous consumés par leur désir et leur soif de pouvoir... aucun n'est vraiment lucide, sauf lui, Azaran.

La Guerrière confirma en hochant la tête.

— Les Guerriers de l'Ombre se montrent enfin sous leur vrai jour, confirma-t-elle, comme si... comme s'ils ne craignaient plus rien maintenant. Étrange, n'est-ce pas, que ce soit au même moment où Sara les a rejoints ?

— Ce n'est pas si étrange que ça, en y réfléchissant... ils l'attendaient depuis longtemps, c'est elle leur arme ultime. Et si Sara se révèle être l'élue, l'enfant de la prophétie, celle que nous attendons depuis des lustres. Eh bien... nous n'avons plus aucune chance de les vaincre...

— Parce que seul l'élu peut vaincre Azaran, personne d'autre ne le peut.

Le chef des Gardiens de la Paix continua d'un ton morne :

— Et si l'élu est passé du côté des ténèbres... nous sommes perdus. Alors prions pour que l'élu ne soit pas Sara, et que les visions de Jonathan étaient fausses...

— Le monde brûlera sous la main de Sara et d'Azaran. Il faut se débarrasser d'elle.

Le sage soupira.

— Et comment comptes-tu faire ça ? demanda-t-il sarcastique, elle s'est enfuie je te rappelle. À l'heure qu'il est, elle a déjà dû rejoindre leurs rangs. Et Azaran ne la lâchera plus ! Te souviens-tu comment il a réagi lorsque Hélène nous a rejoints ?

La femme se tourna vers la vitre donnant sur l'immensité de la ville.

— Bien sûr que je me souviens... c'était vraiment étrange comme réaction, on avait l'impression qu'on lui arrachait un membre, il l'a traquée pendant des mois. Jusqu'à ce qu'il la retrouve... et lorsqu'il a compris qu'elle avait eu un enfant avec l'un des nôtres, elle n'eut plus aucune utilité pour lui et il n'eut plus aucun mal à la tuer lui-même... mais à quoi peut lui servir Sara ?

— C'est la question qu'on se pose tous Irina. Il viendra...

— Que veux-tu dire, demanda-t-elle en se retournant subitement vers lui.

— Il viendra me tuer, dès qu'il le pourra.

— Je te protégerai, Sitael.

— Non Irina, ma vie ne vaut pas mieux que la tienne, tu es la plus puissante des Guerriers.

— Peut-être, mais là n'est pas la question.

Elle le prit par les épaules le forçant à la regarder dans les yeux.

— Tu es le symbole des Gardiens de la Paix, le symbole de notre société. Tu ne dois pas mourir, dit-elle avec gravité.

— Tu ne peux pas le tuer, seul l'élu le peut.

Elle le regarda avec gravité.

— Alors je mourrai, mais je mourrai pour ce que je crois.

Sitael lui renvoya son regard. Il ne pouvait pas contester sa décision. Il savait que de tels sacrifices étaient obligés pour que leur monde leur survive. Mais cela le révulsait, de penser qu'une personne aussi forte qu'Irina allait sûrement devoir donner sa vie pour sa sécurité.

— Quelque chose nous échappe Irina... au sujet de Sara et d'Azaran.

— Je le sais bien... mais nous sommes impuissants ! Si Sara est l'élue, la prophétie ne nous est plus d'aucune utilité.

Sitael se mit à faire les cent pas, Irina le regardait, immobile.

— Tu as entendu les rumeurs n'est-ce pas ?

— Sur la prophétie ? Comment ne pourrais-je pas en avoir entendu parler ! Tout le monde ne parle plus que de ça. Y crois-tu ?

— Je l'espère de tout cœur... si la suite de la prophétie est exacte nous avons une chance de survivre. Mais à qui pourrait-elle faire allusion ?

Un sourire apparut sur le visage de la femme.

— Sitael, franchement, ne me dis pas que tu n'as pas ta petite idée ?

— J'espérais juste qu'il n'était pas concerné, soupira-t-il en passant une main dans ses cheveux blancs, si j'ai fait tout cela c'est pour qu'il puisse vivre en sécurité.

Elle se planta devant lui et lui dit d'une voix ferme :

— Tu ne peux pas empêcher le destin, tu ne peux pas éviter qu'il accomplisse ce pour quoi il est né.

— J'ai peur Irina. Pour lui, pour mon peuple. Pour notre race et notre culture.

— Je sais, je sais... nous y arriverons, ensemble.

Des larmes apparurent au coin de ses yeux.

— Ils vont mourir Irina, les enfants, les adolescents, les adultes... tous, souffla-t-il d'une voix emplie d'émotion.

— Nous devons garder espoir, Sitael. Si nous n'avons plus d'espoir la guerre est déjà finie. Nous avons déjà perdu.

Sitael ferma les yeux et il pensa à tous ceux qui étaient déjà tombés autour de lui, ainsi que ceux qu'il avait perdus. Des images de sa femme, de Jonathan, de Sara, d'Hélène, d'eux lui revinrent à l'esprit. Alors il ouvrit les yeux et planta ses yeux dans ceux de sa collègue et amie.

— Oui nous y arriverons, dit-il avec détermination, Azaran ne connaît pas le pouvoir de l'espoir, de l'amour, de l'amitié qui nous embrase. Notre monde a déjà trop perdu, il est temps que cela cesse. Nous les mettrons à terre.