L'Appel de l'Ancien Monde - Tome 1 : La chute de l'Ange

Coeur pur

« God damn right, you should be scared of me. »

Auteur inconnu

Cette nuit je fis un rêve étrange. Une jeune femme était en face de moi, me regardant avec curiosité, mais une tristesse sans nom brillait dans ses yeux noisette. Ses cheveux châtains étaient coupés court, à la garçonne. Elle avait une peau pâle constellée de taches de rousseur. Elle était magnifique, sa robe argentée brillait de mille feux. Elle n'avait rien dit, se contentant de m'observer.

Moi je n'avais pas été capable d'émettre le moindre son, cette apparition m'avait fascinée. Cette femme si belle était-elle une de mes ancêtres ? Peut-être. Quelque chose chez cette femme me perturbait, mais je ne comprenais pas quoi.

J'avais à peine fini de prendre mon petit-déjeuner qu'Eran, parti tôt ce matin pour je ne sais quoi, entra précipitamment dans ma chambre, ramassa la tunique des Guerriers de l'Ombre et me la tendit.

— Dépêche-toi. Tout le monde est réuni dehors. La manifestation va bientôt commencer, et quelque chose me dit que si tu n'es pas présente, Azaran le remarquera tout de suite.

Sans un mot, je partis enfiler la tenue. Lorsque je revins dans la chambre Lara était aussi là. Adossée contre la porte, elle fixait le sol. Je les regardai tour à tour. Mais qu'est-ce qu'ils leur prenaient tout d'un coup ? On croirait qu'ils allaient à un enterrement !

— C'est quoi cette manifestation ? demandai-je.

— Tu verras bien, me coupa sèchement Lara. Viens, il faut y aller.

La minute d'après, nous fûmes dans le couloir, nous ne croisâmes personne. Je devais comprendre très vite pourquoi. Sortis du Repère, nous gravîmes une falaise située dans la forêt. Arrivés en haut, je vis une masse de silhouettes noires et silencieuses. Les Guerriers de l'Ombre. Ils étaient tous là. Des milliers d'âmes étaient réunies.

Eran et Lara se placèrent vers l'arrière. Eran me prit la main. Je contemplai les gens autour de moi. Des enfants, des adultes, tous avaient revêtu l'habit des Guerriers de l'Ombre. Une expression cruelle et avide brillait sur tous les visages. Une fille de mon âge croisa mon regard. Ses yeux polaires, froids, morts, me fixaient. Elle avait des cheveux blonds et était à couper le souffle. Je n'avais jamais rencontré une aussi belle femme, sans parler de Diane, évidemment. Elle se détourna et fixa quelque chose devant elle. Curieuse, je regardai moi aussi.

Une estrade avait été installée. J'y vis Uran, un des bras droits d'Azaran. Et bien sûr, un peu plus en retrait, Azaran en personne, le visage toujours dissimulé. Ce fut à ce moment que je les vis. Ils étaient un peu plus d'une trentaine. Des hommes, des femmes et des enfants, prostrés, face à nous. Ils avaient l'air en très mauvais état. Je reconnus de simples civils, mais aussi une quinzaine de Gardiens de la Paix reconnaissables entre tous dans leurs habits blancs immaculés. Parmi eux, je pus nommer des hauts dirigeants, dont une des Mirages les plus puissantes, Agara, qui se débattait avec ardeur.

Une petite fille d'environ 8 ans attira mon attention, pour cause, elle ne me lâchait pas du regard, un éclat déçu passa dans ses yeux. Elle arborait la tenue des Gardiens de la Paix. À l'inverse des autres enfants sur l'estrade, elle ne pleurait pas. Non, son expression était digne. La tête haute, elle regardait l'assemblée affamée devant elle. Ses cheveux bruns étaient emmêlés, elle était si jolie, si innocente.

J'en conclus que les Guerriers de l'Ombre les avaient attrapés pour les convertir à notre cause, pour leur expliquer quelle était l'étendue de nos capacités puis Uran, une lueur mauvaise dans le regard cria en pointant le petit groupe du doigt :