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CHAPITRE V

« Viendra au secours de la peine d'autrui celui qui souffre lui-même. »

Faramarz.

Je le fixe avec de grands yeux ronds. Ma bouche tremble et les larmes ne cessent de couler sur mes joues. Mon coeur palpite à une vitesse incroyable que ça en devient difficile de respirer. Je lutte au plus profond de moi pour ne pas me blottir dans ses bras, et pourtant, Dieu sait que c'est la seule chose dont j'ai envie après ce qu'il vient de se passer. Malgré son côté terrifiant, il dégage quelque chose de rassurant. Comme si dans ses bras plus rien ne pourrait m'atteindre.

Son regard me transperce. Il reste figé, scrute mon visage et s'attarde sur ma joue. Les picotements qui brûlent ma pommette me laissent croire que je porte encore les traces de sa main sur moi. Son regard s'assombrit net. Il plisse les yeux et se mord les lèvres lentement. Je ne le connais pas autant que je le souhaiterais, mais je sais déjà que ce geste n'est pas anodin.

Je me sens tellement soulagée de le voir et de ne plus être seule, mais que fait-il ici ? 

Après quelques longues secondes écoulées, ma respiration retrouve un rythme régulier. D'un revers de la main, je sèche mes joues baignées de larmes.  Il me tient doucement par les épaules et les malaxe en signe de réconfort. Je suis d'un côté effrayé par ce qu'il vient de m'arriver quelques minutes plus tôt et perturber par ce geste si réconfortant venant de sa part. La chaleur de ses mains fermes m'apaise.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Je plante mon regard dans le sien, inspire et expire fortement pour contrôler mes tremblements. Je peux lire dans ses yeux son inquiétude.

— C'est Omaley. Il m'a demandé de le suivre pour une histoire de papier et il a essayé de... 

Je bégaye et me sens honteuse de lui raconter ça. C'est la première fois que je lui adresse la parole et j'aurais tant aimé que ce soit pour un autre sujet de conversation.

— Tu vas bien ? Tu veux aller au commissariat et porter plainte ?

Sa voix est sérieuse et grave.

Je secoue vivement la tête. En aucun cas je souhaite aller au poste de police et que cette histoire s'ébruite. Si j'ai un penchant pour les ragots, en aucun cas je veux en devenir un. Nous étions que tous les deux dans son bureau, c'est sa parole contre la mienne. Et je suis prête à parier qu'une étudiante de vingt ans face à un formateur ayant le bras long ne ferait pas le poids.

— Ca va, je vais bien, j'ai réussi à partir avant...

Il ouvre la bouche pour parler de nouveau mais la referme aussitôt lorsque les claquements de portes m'alertent que se tient derrière moi ce connard d'Omalay. Instinctivement, tout mon corps est en alerte et je me réfugie derrière Ethan. J'en suis estomaquée et lutte au plus profond de moi pour ravaler mes larmes devant cette merde. Le rouge de mes yeux trahît pourtant les perles salées déjà échappées. Les deux hommes se dévisagent. 

L' essoufflement et sa démarche mal assurée indiquent que le pervers n'est pas au meilleur de sa forme et qu'il gardera quelques séquelles de mon coup de genou. Toujours nichée derrière Ethan, il me recule encore peu plus loin en arrière formant ainsi une barrière de protection entre l'agresseur et moi. Si Ethan ne sait pas le récit exact, il sait qu'il a tenté quelque chose et que je n'étais pas consentante. Son visage s'assombrit doucement lorsqu'il regarde Omaley. Il a une expression à tuer quiconque oserait s'approcher de lui.

Un regard dangereux à faire fuir le plus téméraire.

Je peux deviner ses pensées et ce qui pourrait lui faire tant son visage est littéralement transformé par la colère. Il est à deux doigts de lui sauter dessus, ses poings sont tellement serrés que j'aperçois la jointure blanche de ses doigts. Les veines de son cou sautillent. L'ambiance s'alourdit et même si je ne le vois que de dos, j'ai l'impression d'avoir une montagne en face de moi. 

LE PLUS DUR DES COMBATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant