CHAPITRE XI
« Voir surgir quelque chose d'inconnu, chaque jour, dans le même visage, c'est peut-être cela la grande aventure. »
François Poirié.
Je m'enfonce dans mon siège tellement rouge de honte que je sens les picotements sur mes joues en feu. Un mélange d'embarras, mais aussi d'ivresse, d'émerveillement et d'extase m'assiègent. Un cocktail tellement enivrant que je ne suis pas sûre d'en sortir indemne.
Comment un sourire peut-il tout bouleverser en moi au point d'en oublier notre confrontation ? Comment arrive-t-il à me faire ressentir des sensations aussi contradictoires et intenses à la fois ? Je me sens si vulnérable, comme si lui seul avait un pouvoir sur moi, sur mon corps, sur mon cœur.
Il me fait peur et la seconde d'après je pourrais m'enfuir avec lui. On m'a toujours dit qu'une fille qui tombe amoureuse n'en reste pas moins une fille qui tombe. C'est exactement ce qui m'arrive en ce moment même. Je dégringole au plus profond des limbes.
Et le pire dans tout ça, c'est que je ne suis même pas foutue de viser correctement.
La honte.
Mon coup de pied confirme mes sentiments à son égard. Avec tous les sous-entendus qu'à balancé Cassie pendant la conversation et mon incapacité à ne pas le dévorer des yeux, ne serait-ce que pendant quelques minutes lorsqu'il est aussi proche de moi me trahissent royalement.
S'il n'a pas compris que je craque littéralement pour lui, c'est une cause perdue. Ou alors, que je ne l'intéresse définitivement pas. Je sens mon coeur se serrer à cette pensée. Quelle fille balancerait un coup de pied pareil pour faire taire son amie, si ce n'est pour empêcher la vérité d'être dévoilée au grand jour ?
Il sait désormais.
Je n'arrive pas à savoir si je suis terrifiée où soulagée par la tournure de ce repas. Le fait est que, maintenant plus que jamais, les cartes sont entre ses mains. Ou ma vie plus précisément.
J'envisage, tout de même au moins dix façons de torturer Cassie et cinq stratagèmes pour quitter les lieux au plus vite. Ou l'inverse, je ne sais plus. Toute occupation est accueillie à bras ouverts par mon cerveau tant que cela peut m'empêcher de penser à ce qui vient de se produire. Je sens toujours son regard sur moi, ce qui est d'autant plus compliqué pour réfléchir convenablement. Et le pire c'est que je sais qu'il le fait exprès.
Prenant finalement mon courage à deux mains, après les minutes les plus sensationnelles de toute ma vie, mais surtout consciente du fait que je ne peux disparaître aussi facilement, je relève la tête, prête à l'affronter. Il sourit toujours, retroussant ses lèvres, puis remuant ses joues lentement, en réponse d'un fou rire merveilleusement silencieux. Nous nous fixons désormais. Oubliant le monde autour de nous, comme si tout étais devenu vaporeux en un millième de seconde.
Je peux lire dans son regard une certaine tendresse, quelque chose de nouveau en lui. Il n'y a plus que nous, et cette complicité nouvelle. De quoi m'enfoncer encore plus dans les ténèbres. J'ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Mon corps n'est décidément pas de mon côté ce soir, comme à chaque fois qu'il est pret de moi. Croisant les bras à mon tour et secouant la tête, je finis par lui rendre son sourire, m'avouant vaincue, déposant au même moment mon cœur au creux de ses mains.
VOUS LISEZ
LE PLUS DUR DES COMBATS
RomantikQue se passerait-il si l'homme dont vous êtes secrètement amoureuse posait les yeux sur vous ? Celui pour qui vous passer pour une déséquilibrée aux yeux de tous ? C'est ce que va découvrir Grâce Sloane, jeune femme épanouie et un brin aliénée, lors...