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CHAPITRE IV

« Si tu n'agis pas par courage, un jour tu réagiras par peur. »

Gilbert Choulet.

Aujourd'hui, c'est le grand jour. Nous sommes vendredi et nous attendons devant la résidence. Cassie n'a pas arrêté de chantonner depuis notre retour de session de shopping. Je la soupçonne d'être contente de pouvoir passer un week-end en compagnie de Nate. Lorsque je lui en ai fait l'allusion, elle m'a clairement envoyé promener et a dévié la conversation sur son dernier investissement : le mascara waterproof MAC que tout le monde devrait avoir selon elle. J'ai laissé tomber, me jurant de me préoccuper de ça plus tard. 

Après notre séance shopping des plus intenses ce matin, nous voilà fin prêtes pour ce week-end. Cassie en avait marre de me voir avec mes éternelles jeans slim, tops et gazelle. Look old school, qui passe inaperçu sans pour autant être ringard. Elle s'est promis qu'un jour elle me changerais de la tête aux pieds faisant ressortir la tigresse qui est en moi. J'ai frissonné de partout en entendant ce mot. Tigresse. Je me suis imaginée en tenue ultra moulante tigrée, talons aiguilles rouges, décolleté indécent et tignasse à la Miss Fine. J'ai décidé de jouer le jeu et me voilà donc rhabillé de la tête aux pieds, si l'on compte le ravalement de façade, la manucure et l'épilation auxquels j'ai eu le droit en passant.

Je ne suis pas trop emballée par ce week-end organisé d'ailleurs. Pour « marquer le coup » en cette fin d'année. Un peu précoce, mais vu nos secteurs d'activités différents, c'est le seul week-end possible pour que nous soyons tous réunis. La seule raison au fait que j'y aille, c'est parce que Cassie et les garçons me harcèlent depuisau moins deux mois. Apparemment, sans moi, ça ne serait pas pareil. J'ai fini par céder quand Julian m'a imploré de venir avec son regard de chien battu

Notre voisine, gardienne de l'ensemble des immeubles, s'approche :

— Bonjour jeunes demoiselles.

— Bonjour Tita, répondons-nous en choeur.

Tous les gens du logis l'appellent comme ça. Je ne sais même pas si c'est son vrai prénom. Elle est veuve depuis plus de quinze ans. Je ne sais pas son âge non plus. C'est difficile à deviner, mais je n'en saurai qu'à moitié surprise d'apprendre qu'elle a atteint les quatre-vingt-dix ans. Elle est petite, maigre, toujours habillée d'un pantalon en toile, d'une parka beige et des sandales grises. Elle a l'allure d'une femme de ciquante ans, mais ses rides nous laissent imaginer une longue vie bien remplie. Ses longs cheveux couleurs sels sont la plupart du temps attachés en natte embellie d'un serre-tête gris. Des lunettes aux verres épais font ressortir de grands yeux bleus azur et un teint légèrement doré, type asiatique, parfait sa mine.

— Prêtes pour votre promenade ? Avez-vous pris de quoi vous nourrir ?

Nous nous échangeons un sourire complice.

— Tita ce n'est pas une promenade, mais un week-end... Découverte avec notre centre de formation. Tout y est inclus, la nourriture également, lui répondé-je.

— Eh bien, profitez-en. C'est meilleur quand c'est gratuit.

Elle me tend son joli petit panier de course en osier aux couleurs jaunes, rose pastel et vert. Les lanières sont rafistolées avec du fil ménagé vert.

Elle me remercie en prenant les œufs, les tomates et l'artichaut et les déposent délicatement au fond de son panier. Après ma séance de torture de ce matin, nous nous sommes arrêtées un instant chez le fermier du coin pour prendre ses produits. Elle ne se déplace qu'à pied et ne peut donc pas se rendre chez lui. Elle nous adresse un signe de la main tout en s'éloignant.

LE PLUS DUR DES COMBATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant