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CHAPITRE XXVI

« Dans un jeu il y a des perdants, les autres sont des chanceux. »

« Szczepan Yamenski. »

GRACE

Lundi matin.

— Vous êtes au courant, pour Omaley ? Nous interroge Julian.

Il peine à cacher sa joie, qu'une fois de plus, il arrive avec un potin de fou.

Je me crispe automatiquement en entendant le nom du pervers. Je me doutais bien que la nouvelle n'allait pas tarder à se savoir, mais de là que ce soit à la première heure le lundi matin, non. Nous sommes, moi, Nate, Cassie et Julian, accosté près de la fontaine en attendant le début des cours, l'endroit idéal pour les ragots.

— Quoi ? répondent Cassie et Nate en même temps.

Ils se regardent et détournent aussitôt les yeux, gênés, en direction de Julian.

— Il n'est pas venu ce week-end parce qu'il s'est fait agresser.

— Sérieux ? reprennent Cassie et Nate à l'unisson abasourdi.

La jolie blonde lève les yeux au ciel et souffle, agacée que Nate réponde comme elle. Comme s'il était au courant à l'avance de ce qu'elle allait dire.

— Ouais, et il est bien amoché apparemment.

— Comment tu sais ça toi encore ? s'interroge Nate toujours aussi suspicieux quant à sa façon de tout savoir avant tout le monde.

L'espion hausse les épaules, l'air satisfait de lui, un chouia prétentieux.

J'écoute attentivement mes amis parler. Je devrais leur expliquer le pourquoi du comment mais les mots ne sortent pas. Je reste juste là, plantée comme une débile, spectatrice de leur conversation. Je ne saurais même pas par où commencer. Je les écoute toujours en train d'élucider le mystère quant à cette agression et je décide finalement de prendre mon courage à deux mains :

— Il y a un truc que je voulais vous dire...

Les trois paires d'yeux se tournent vers moi.

— Quoi ? Omaley te manque ? dit Cassie en rigolant.

— Nan, c'est plutôt le caporal qui lui manque, s'amuse Nate.

Le sourire qu'il affiche m'en dit long sur ses pensées.

— Nan, moi je suis sûre que c'est les jolies mains d'Omaley qui lui manque, poursuit Julian.

Il gigote ses doigts devant moi comme s'il jouait du piano tout en fredonnant la célèbre mélodie de la famille Adams.

Ils rigolent tous les trois et le peu de courage que j'avais s'envole doucement. Comment avoir une conversation sérieuse avec ces trois rigolos ? Si seulement ils savaient comment ses « petites mains » sont en réalité d'hideuses tentacules perverses. Ils continuent à déblatérer des conneries et je me renfrogne.

— Cassie, dépêche, on va se faire avoir au distributeur, s'exclame Julian tout à coup stressé.

— Ah oui c'est vrai ! s'exclame la jolie blonde en regardant sa montre.

—  À toute.

Il nous un bref signe de la main avant de courir en direction du centre.

Je me retrouve désormais seul avec Nate. On les regarde déguerpir aussi vite qu'il est possible pour tenter d'avoir leur café quotidien du matin. Je respire et je me trouve lâche de ne pas avoir réussi à le leur dire. Va falloir que je parle à Ethan et que je l'informe des nouvelles. Toujours en proie à de nouvelles pensées concernant cette affaire, je regarde mon ami et me rend compte que j'ai une autre sorte d'affaire à régler avec lui. Je bascule délicatement mon sac sur ma poitrine sous son regard curieux. Après avoir empoigné un bouquin, je lui lance un sourire et l'attaque.

LE PLUS DUR DES COMBATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant