LE PLUS DUR DES COMBATS

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CHAPITRE III

« Lire un bon livre, c'est faire une rencontre. »

Tania de Montaigne.

Le reste de la semaine se déroule aussi normalement que possible. Toujours la même routine et je déprime à l'avance de savoir que je ne pourrais pas l'apercevoir durant plusieurs heures d'affilée.

Voilà à quoi se résume ma vie désormais.

Désespoir et attente.

J'enrage intérieurement d'être aussi faible face à un homme que je ne connais même pas et pour qui je ne suis qu'une étudiante parmi tant d'autres.

Comment ai-je fais pour tomber amoureuse du type le moins sociable de la planète, franchement ? 

Avoir des sentiments, c'est normal et naturel. On n'y échappe pas. Tout le monde tombe un jour ou l'autre amoureux. Mais vivre cette aubaine du haut de mes vingt ans sans tenter quoi que ce soit il y a de quoi me flageller et ce n'est pas Cassie qui dirait le contraire. Elle serait ravie de me tendre le fouet.

Ne suis-je pas dans la fleur de l'âge ? Cette époque de la vie où on est censé être fougueux et passionné ? Etre audacieux et ne rien en avoir à faire des conséquences ?

Mainte et mainte fois depuis ce que Julian nous avait appris sur Ethan, Cassie m'a menacée d'aller le voir à ma place, comme ce que font les enfants à la cour de récréation. Car oui, selon elle, je me comporte en gamine et donc il faut agir en conséquence. Heureusement, à chaque fois, je fais la moue jusqu'à ce qu'elle renonce à son plan diabolique. Elle a finalement laché l'affaire et depuis, je passe donc mes journées à attendre.

J'attends. C'est tout ce que je suis capable de faire. 

Attendre un miracle qui ne semble pas venir.

✧✧✧✧

Le jeudi suivant, les cours sont à mourir d'ennuis. Seuls les mouvements réguliers de la main de Cassie pour répondre aux questions posées me tiennent éveillés. Il n'est pas rare non plus qu'elle agite ses paumes devant moi pour me réveiller d'une de mes énièmes rêveries dans lesquelles j'aime me complaire et bien sûr le caporal y est pour quelque chose.

Et lorsqu'elle en a marre de mon inactivité, elle me chasse de ma place pour que j'aille aux côtes de Julian.  Place bien plus distrayante, je dois le reconnaître. On a la même passion pour la saga Harry Potter, au grand désespoir de Cassie et Nate. Mais on ne leur en veut pas à ces fichus moldus.

Cassie fait tout pour attirer l'attention de Mr. Omaley. C'est lui qui validera notre année, elle veille à être la meilleure. Je trouve ses regards trop malsains. Je n'aime clairement pas sa façon de pencher sa tête près de la mienne pour une explication dont je me contrefous la plupart du temps. Encore un vieux cavaleur qui essaie de se faire mousser auprès de jeunes étudiantes. Il est constamment vêtu d'un costume noir dix fois trop grand pour lui, de petites lunettes carrées et il est dégarni au sommet du crâne. Par-dessous tout, ce qui me répugne le plus chez cet homme, ce sont ses mains. Je les compare souvent à « la chose » dans la famille Adams. Ces cinq petits doigts qui gigotent dans tous les sens et que j'aimerais beaucoup tordre. 

La seule raison pour laquelle j'ai choisi le CFA - Centre de Formation d'apprentis- c'est pour faire en parallèle une formation dans l'horticulture. Il n'y a que ça qui m'intéresse. Je préfère incontestablement les jours de travail aux cours, même si ces jour-là, je ne peux pas le voir.