CHAPITRE VI
« L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. »
Colette.
Lorsque nous nous attablons, l'horloge murale du style londonien indique qu'il est midi et demi. Le Pasta Italia est bondé de monde, l'endroit y est petit, les tables sont trop proches les unes des autres et notre voisine rigole un peu trop fort aux blagues bidons que son mec lui lance. Lui-même, gesticule trop en parlant. Tête à claques. Je jette un coup d'œil à la pièce. Hormis des tableaux de différents pays un peu kitsch, l'endroit est sympa et même chaleureux.
Depuis que nous sommes arrivés, il ne cesse d'examiner les alentours. Il scrute chaque détail, chaque personne présente dans le restaurant avec un scanner à la place des yeux. Au moindre bruit, à la moindre chaise grinçante sur le parquet ou au moindre son de verre s'entrechoquent sur le plateau de service, il tressaille et sa tête sursaute comme une personne ayant des tocs. Non pas comme quelqu'un qui a peur, mais comme un lion aux aguets sur ses gardes, les oreilles tendues, repérant à des kilomètres à la ronde les plus petits bruits suspects. Il est déstabilisant. Si je n'avais pas eu à faire un minimum à lui auparavant, je pourrais clairement affirmer que quelque chose cloche chez cet homme.
Mon regard a dû se faire plus insistant que je ne l'aurais souhaité, car désormais, il me dévisage les poings liés devant son visage d'un air que je n'arrive pas à déchiffrer. Je baisse les yeux, tortillant mes doigts enlacés. Je suis à la fois gênée et reconnaissante. Gênée de l'avoir impliqué dans ça. Gênée de l'avoir enlacé, mais surtout d'avoir aimé son contact et la chaleur de son corps entre mes mains. Reconnaissante de m'avoir sauvé et d'avoir posé les yeux sur moi.
— Tu as aimé ?
Je le regarde, les yeux écarquillés ne sachant pas de quoi il parle.
Aurais-je pensé à voix haute ?
— La moto ? reprend-il en voyant mon incompréhension.
— Oui, beaucoup, reponds-je soulagée de ne pas avoir révélé à haute voix mes pensées.
Je l'ai échappé belle.
Il laisse échapper un semblant de sourire qui fait ressortir une magnifique petite fossette. J'essaie de garder mon calme. C'est la première fois que je le vois sourire enfin un presque sourire et ça en est juste suffocant. Le serveur arrive et nous tend le menu. Je le lui rends gentiment lorsque Ethan reprend :
— Tu devrais manger, dit-t-il en parcourant le menu.
Je secoue la tête, mais il m'ignore.
— Deux plats du jour, s'il vous plaît, conclut-il d'une voix ferme.
— Boissons ? continue le serveur.
— Eau plate merci.
Je comprends à son expression et au ton de sa voix que ce n'était pas une question, mais une obligation. Il n'est clairement pas commode. Il m'emmène au restaurant et choisi mon plat sans même me demander mon avis. Je ne sais pas ce qui est le plus effrayant. Qu'il agisse de la sorte ou que je me laisse faire sans broncher ? La petite voix à l'intérieur de ma tête semble insinuer que je suis tellement dingue de cet homme depuis un mois qu'il pourrait m'amener n'importe où que je le suivrais.
— Mr. Millers, je...
— Ethan, me coupe-t-il aussitôt.
Je me sens rosir. Je respire un bon coup pour cacher mon stress.
VOUS LISEZ
LE PLUS DUR DES COMBATS
RomanceQue se passerait-il si l'homme dont vous êtes secrètement amoureuse posait les yeux sur vous ? Celui pour qui vous passer pour une déséquilibrée aux yeux de tous ? C'est ce que va découvrir Grâce Sloane, jeune femme épanouie et un brin aliénée, lors...