CHAPITRE XIV
« Les hommes ont peut-être découvert le feu, mais les femmes ont découvert qu'on pouvait jouer avec. »
Michael Patrick King.
ETHAN.
Je me réveille en sursaut. Je mets un instant à repérer les lieux. Instinctivement, je cherche mon AN F1 calibre 7, mais je ne le trouve pas et pour cause. Ca fait plus de six mois maintenant que je ne l'ai pas eu entre les mains. Six putains longs mois que je n'ai pas gouté à cette sensation de malade que l'on ressent lorsque l'on a un pouvoir quelconque sur une vie. Une seconde et tout s'arrête pour la proie dans le viseur.
Tout ça ne fait plus partie de mon quotidien désormais et pourtant, ce sentiment est présent plus que jamais.
Si ce n'est pas la guerre, ce seront ces putains de cauchemars qui finiront par avoir ma peau. L'odeur nauséabonde des corps déchiquetés et du sang coagulé et tous ces flash-back mélangés à ces visions me rappellent sans cesse mon passé.
Je compresse légèrement l'arrêt de mon nez et tente de repousser ce doux parfum de l'agonie.
L'odeur de la mort.
Une senteur que je reconnaîtrais entre mille et qui me picote toujours farouchement les narines aussitôt que j'y repense. Joliment dit d'ailleurs. Alors qu'elle est en réalité, le mélange de cadavres humains en décomposition, de boyaux à l'air et d'excréments formant ainsi le plus explosif des cocktails.
S'il y a bien une chose que je détestais, c'était ça. L'odeur des restes de corps a ramasser et faire le compte des cadavres tout en craignant un nouvel assaut. Et ces cauchemars sont toujours là pour me le rappeler, comme pour me narguer d'être présent jusqu'à ma mort.
Cinq heures dix-sept. La lumière vert fluo du réveil me tue les yeux. Je n'ai pas dormi comme d'habitude. Un autre cadeau empoisonné de mes années de service. Je m'assois et reste quelques secondes, la tête entre les mains, le temps que mes idées s'éclaircissent pour de bons. La chaleur m'étouffe. Je m'approche du minibar et me sers un grand verre d'eau.
La fraîcheur du liquide transparent me calme progressivement. Les mois passent et rien ne change. Je dirais même que mes cauchemars se font plus intenses et d'une réalité à s'y m'éprendre. Je payerais cher pour pouvoir dormir ne serait-ce que quelques heures d'affilées. J'attrape mon IPhone, et parcours les nouveaux messages dont je me contre fou d'Alex. Il commence vraiment à me gaver ce mec à m'envoyer ses photos. Tu parles de bons souvenirs. Je balance mon GSM sur le buffet quand j'entends tambouriner dans le couloir. Je ne suis vraiment pas d'humeur. La soirée a été plutôt bonne, mais le manque de sommeil finit toujours par reprendre le dessus. Je ne sais pas quel est le connard qui s'amuse à faire ce boucan, mais il va vite arrêter ça. Encore un mec bourré qui s'est fait dégager par sa femme. Baltringue.
J'ouvre la porte de ma chambre d'un mouvement sec sans prendre le temps d'enfiler un T-shirt. Un petit aperçu de mes cicatrices intimidera le merdeux sans même que j'ai à parler. Ça marche toujours la plupart du temps.
J'emboîte le pas d'un mouvement vif quand je la vois, assise par terre, les yeux exorbités.
Tiens donc qui voilà.
Qu'est-ce qu'elle fait ici celle-là et aussi tard ? Je lui ai pourtant bien dit de ne pas se promener seule. Elle a visiblement un gros problème avec les consignes. Une vraie tête de pioche et je ne peux m'empêcher de penser à ce que je lui aurais fait si elle avait été sous mes ordres à l'époque. Elle n'aurait pas fait long feu, ça, c'est sûr. Il n'y a qu'à voir sa petite tête toute mignonne et son inaptitude à rester tranquille. Automatiquement, deux ou trois petites idées de punitions me viennent en tête. Il y a pas à dire, j'étais bon dans ce domaine.
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LE PLUS DUR DES COMBATS
RomanceQue se passerait-il si l'homme dont vous êtes secrètement amoureuse posait les yeux sur vous ? Celui pour qui vous passer pour une déséquilibrée aux yeux de tous ? C'est ce que va découvrir Grâce Sloane, jeune femme épanouie et un brin aliénée, lors...