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CHAPITRE XIII

« La jeunesse est la seule génération raisonnable. »

Françoise Sagan.

— Allez, dépêchez-vous et en silence je vous prie jeunes gens !

Julian nous pousse, nous ordonnant d'avancer toujours plus vite, zieutant derrière nous toutes les vingt secondes. Il est tout excité et je dois admettre qu'il nous partage son enthousiasme. Le voir dans un tel état nous entraîne davantage à presser le pas avec pour seule hâte de découvrir ce qu'il nous réserve. Et son langage tantôt jeune, tantôt vieillot nous fait encore plus marrer.

Nous jouons le jeu et obéissons le plus silencieusement possible, ou du moins, un silence à notre façon. Rires à tire larigot et bruits de pas plus sonores qu'à l'accoutumer. Les claquements de nos talons martèlent le sol plus fort que d'habitude, comme pour le provoquer.

D'interminables couloirs plongés dans le noir avec pour seule lumière des néons de couleurs rouge scintillant, qui apportent encore plus de mystère sur notre destination. Un périple bien flippant qui nous réchauffe. Une bousculade par ci, rires. Un coup de coude par là, rires de nouveau. C'est pour vous montrer à quel point l'ambiance de la soirée est particulièrement bon enfant.

Les garçons ont leurs manches de chemise retroussée, les boutons du haut défaits et Julian a même abandonné sa cravate. Quant à Cassie et moi, nos maquillages ont fait leurs temps, nos visages ne sont clairement plus aussi frais qu'en début de soirée, nos brushings se sont fait la malle, mais on s'en tape.

Dire qu'on se fout royalement des conséquences de l'endroit où nous allons atterrir et de ce que nous allons y faire est faible. Dans l'euphorie de l'instant, nous nous fichons royalement de tout. Pour couronner le tout, Nate nous raconte un des derniers films d'horreur qu'il a visionné, histoire de pimenter notre petite escapade. Genre le truc flippant de jeunes étudiants enfermés dans un bâtiment s'échappant par les issues de secours, mais se retrouvant coincés et bouffés par des zombies à la Word War Z. Il mime être un zombie en poussant des grognements bizarres.

Oui, ce soir on se fiche de tout.

— Où allons-nous, Julian ?

 — Vous verrez bien. Maniez-vous.

Il s'agite nerveusement, à l'affût du moindre bruit ou signal qui annoncerait la fin de cette excursion.

— Merde ! Nate, tu viens de m'écraser le pied, dit-elle en le bousculant.

— Si tu n'avais pas autant bu, tu marcherais encore droit, Cassie.

Ils pouffent de rire. Les verres d'alcool ingurgités plus tôt ont eu raison d'eux, car en temps normal ce serait déjà parti en guerre.

 — C'est encore loin ? Je suis fatiguée.

— La ferme, Cassie, répondent Nate et Julian en chœurs.

C'est à mon tour de pouffer de rire. Même dans la pénombre, je sens le regard assassin de Cassie pour ma trahison d'il y a quelques secondes. Puis, je l'entends glousser.

Après quelques minutes encore à nous marcher dessus en ricanant, nous y sommes. Une grande porte en acier noire, dotée d'une immense pancarte rouge indiquant en gros caractère « ENTREE INTERDITE ».

Les quelques ampoules présentes nous permettent de distinguer la porte. On ne peut vraiment pas la rater celle-là même avec une luminosité aussi faible. Franchement celui qui dit ne pas l'avoir vu, c'est le roi des mytho. Donc clairement, peu importe ce qui s'y trouve derrière, si on se fait choper et qu'on ose affirmer ne rien avoir vu, on aura l'air fin.

LE PLUS DUR DES COMBATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant