ℂℍ𝔸ℙ𝕀𝕋ℝ𝔼 12

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CHAPITRE XII

"La jalousie est un monstre qui s'engendre lui-même et naît de ses propres entrailles."

William Shakespeare.

 — Simon.

Il me tend la main.

— Grâce, lui réponds-je par politesse en empoignant celle-ci.

—  Vous aimez les poissons ?

— Pas spécialement.

Menteuse.

— J'étais persuadé du contraire.

— J'admire, c'est tout.

Je gigote nerveusement.

— Votre préféré ?

Il en profite pour approcher légèrement, comme si je ne vois pas sa stratégie de dragueur.

Je montre du doigt, au hasard, un poisson au corps jaune-orangé et à la queue noire pour écourter la conversation. Sûrement le rockeur de la bande. Bien que ce soit charmant de me faire draguer, il n'est pas du tout mon style d'homme. Il n'est pas lui.

— Un platy d'eau douce. 

Il a avalé l'encyclopédie des poissons ou quoi ? 

— Il est réputé pour être un poisson polygame qui vît naturellement en harem, reprend-il fièrement pour ce moment culture.

— Un poisson polygame ?

Je pouffe de rire contre ma volonté. J'ai entendu encore plus nul comme façon de draguer que le gars au resto italien. S'il y a bien un mot à éviter, lorsqu'on décide de prendre les devants et d'aller aborder une fille, c'est bien celui-ci : « Polygame ». Il n'a pas l'air de tilter la bourde qui vient de s'échapper de sa bouche.

— Et sinon, vous êtes ici pour plusieurs jours ?

— Oui.

Je me mords aussitôt la langue pour avoir donné cette info.

Merde.

— Très bien. Je me disais que peut-être nous pourrions prendre un verre ensemble plus tard... Dans la soirée ?

Ses petits yeux cernés me fixent et espèrent une réponse positive.

Comment fait-on pour remballer un gars poliment ? Le truc, c'est que je n'ai jamais eu à faire ça, pour la simple raison que ça ne m'est jamais arrivée. Pas aussi directement en tout cas. Cassie, où es-tu ? Elle n'est jamais là quand il faut celle-là.

— C'est gentil mais désolée, je suis déjà prise.

Je me sens mal à l'aise tout à coup. Je croise les bras, clouant mon regard sur l'énorme vase aux formes bizarroides posé à côté de l'aquarium, me passionnant soudainement pour l'art. 

— Rien qu'un verre, il arbore un visage désormais plus insistant.

 Bon, là je commence clairement à être mal à l'aise.  Tire-toi mec.

— Désolée je...

— Salut ma belle. 

Mon sauveur numéro deux entre en scène, ouf !

Nate s'avance tranquillement sortit de nulle part, les mains dans les poches, avec une démarche de touriste pleins au as. Simon nous dévisage successivement. Ses traits sont désormais froids et un tantinet méprisants. Pas étonnant avec la gueule d'ange qu'arbore Nate. 

LE PLUS DUR DES COMBATSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant