28 - GuoLiang (2/2)

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On s'écarta et s'inclina sur son passage, mais aucun murmure ne suivit. Contrairement aux courtisans, les soldats étaient peu loquaces lorsque le sujet n'avait aucun rapport avec les affaires militaires. Yu ne savait même pas où elle devait aller, et il y avait des hommes partout ! Où étaient donc ces fichus coffres ?

— Yu ? s'enquit une voix surprise.

La jeune femme tourna la tête dans sa direction et découvrit Keishi, en présence du général Taiki. Elle s'inclina poliment pour les saluer comme ils faisaient de même.

— Votre Majesté. Général.

L'empereur lui sourit.

— J'ai pris la liberté de faire acheminer tes malles ici. Nous n'avons pas eu trop le choix ; les logements sont tous pris et nous ne pouvons décemment pas te faire dormir dans une caserne emplie de soldats, ni sous une tente. Ce n'est pas le Pavillon de la Lune, mais c'est plus confortable que ce que nous avons connu ces derniers jours, n'est-ce pas ?

Ne sachant pas trop quoi penser de tout cela, Yu s'inclina à nouveau et décida de commencer par le remercier de sa prévenance.

— Je vous remercie infiniment, Votre Majesté.

Il lui avait peut-être demandé de l'appeler Keishi, elle ne se permettait jamais ce luxe en présence d'une tierce personne.

— Maintenant, excusez-moi, j'ai des affaires urgentes à régler, s'excusa l'empereur.

Il la salua gentiment et passa son chemin, le général Taiki dans son sillage.

Yu échangea un regard paniqué avec Senlinn ; regard à demi partagé par Rona, ce qui ne présageait rien de bon. Dormir dans les quartiers du commandant avec l'empereur et le prince ? Mauvaise idée !

Tandis qu'un serviteur les menait vers la chambre que la jeune femme occuperait le temps de leur séjour à GuoLiang, Yu aperçut Akio en grande discussion avec un homme qu'elle ne connaissait pas. Il la vit aussi et, aussitôt, s'excusa auprès de son interlocuteur pour venir à sa rencontre à grands pas. Il aurait voulu l'embrasser, mais les lieux grouillaient d'hommes et l'annonce de leurs fiançailles n'était pas encore officielle. Ils devaient être patients et surtout discrets.

Il se contenta de lui prendre familièrement le bras.

— Yu, que fais-tu ici ?

— J'ai croisé Keishi. Il paraitrait que je vais séjourner ici, avec... vous, dit-elle d'une voix hésitante.

Le regard du jeune homme s'assombrit et il l'emmena à l'écart. Les domestiques eurent la discrétion de ne pas les suivre.

— Je suis au courant. C'est une idée de Keishi, dit-il enfin.

Il était évident que l'idée ne lui plaisait pas du tout. Il devenait vraiment possessif, avec elle, et cela ne faisait qu'accentuer son charme aux yeux de la jeune femme que ce comportement faisait sourire.

— Je t'aurais volontiers cédé ma place pour aller dormir avec mes hommes dans la caserne, mais cela aurait voulu dire te laisser seule ici avec Keishi et c'est hors de question. Et puis je ne peux pas lui demander, à lui, d'aller dormir à la caserne. En temps ordinaire, cela ne l'aurait pas dérangé, mais j'ai l'impression qu'il éprouve un malin plaisir à se dresser entre nous et à me rendre jaloux.

Yu haussa les épaules.

— C'est ta jalousie qui parle, c'est tout. Toujours est-il que la situation est ce qu'elle est, actuellement, et que nous allons devoir faire avec.

Akio soupira en baissant la tête.

— Même si je suis très heureux que tu sois là, j'aurais préféré que tu ne viennes pas, finalement.

Drakkon - I - Le masque du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant