— Mais c'est quoi ton problème ?!
Je reviens finalement à mes esprits en me détachant brusquement d'Alec. Un ange passe avant qu'il ne réagisse à ce que je viens de dire.
— J'en ai pas, putain...
Il semble qu'il s'adresse à lui-même plutôt qu'à moi, comme s'il revenait à lui et prenait enfin conscience de ce qui venait de se produire.
— Je ne suis pas gay Alec, j'vous respecte hein mais-
— Mais moi non plus je ne le suis pas !
Il me pousse violemment contre le mur pris d'une colère soudaine, mais qu'est-ce qu'il se passe là ? En plus il a de la force l'enfoiré.
Mais je ne me laisse pas faire et lui rends la pareille puis je l'attrape juste sous la mâchoire tout en lui adressant un regard furieux.
— Ah ouais ? Et c'était quoi ça alors ?
— Et toi c'est quoi ça ? Tu bandes encore plus qu'avant.
Il s'est approché de mon oreille pour me dire ça, si proche que ses lèvres ont frôlé mon lobe en n'oubliant évidemment pas de m'arracher un frisson.
Cependant, son ton insolent et le fait qu'il ait remarqué mon état me font vriller, j'en ai assez entendu.
Je le repousse une nouvelle fois avec force afin de sortir de cette salle de bain, avant de sérieusement m'énerver contre lui. À quoi il joue sérieusement ?
Le bruit provenant du salon me rappelle directement au fait que les autres n'étaient pas si loin. En espérant qu'ils n'ont rien entendu de notre altercation bien que j'aie peu d'espoir face au bruit qu'on a fait.
Je ne prends pas la peine de leur dire au revoir, ils sont tous dans un sale état de ce que j'ai pu voir. Ils ne s'apercevront de mon absence qu'au réveil étant donné que j'étais censé dormir à l'appart.
Les plans ayant évidemment changé, je claque la porte et dévale les escaliers à grande vitesse, n'ayant toujours pas décoléré.
Comment on a pu passer de potes, à potes qui s'embrassent et puis à potes à deux doigts de se casser la gueule en si peu de temps ? Ce cocktail d'émotions me pousse à vouloir rentrer chez moi à pied, j'ai besoin de l'air frais de la nuit pour replacer mes idées.
Mon téléphone indique 1h36 quand je sors de leur immeuble, cela me prendra 20-30 minutes avant d'arriver chez moi. Ça me fait chier, il n'aurait pas pu me laisser tranquille que je puisse paisiblement dormir là-bas ?
Non, il a fallu qu'il m'embrasse me voilà à me taper le chemin dans le froid, d'autant plus que dans la précipitation j'ai oublié ma veste.
Merveilleux.
*
La grasse-matinée du samedi n'a jamais été aussi peu agréable.
En attrapant mon téléphone sur ma table de chevet je tombe sur un message de Kaylia réclamant à grands cris le résumé d'hier soir. Je n'ai pas la force d'y repenser pour l'instant, je vois que mon sommeil n'a même pas été réparateur quand je sens la gueule de bois qui m'a pris d'assaut.
Je me rends dans la cuisine afin de boire à n'en plus finir, je suis déshydraté comme pas possible. Heureusement, le sort a choisi de m'épargner aujourd'hui car je n'ai pas de mal de tête, ce qui est miraculeux.
— C'était bien hier soir ?
Elisa me surprend alors que je me sers un deuxième grand verre d'eau, je pensais être seul. Mes espoirs sont gâchés, je n'avais envie de croiser absolument personne aujourd'hui.
— Cool.
— Pourquoi t'es rentré hier à deux heures du matin passées alors ? Tu ne devais pas dormir chez ton ami ?
Super, je déteste quand elle fait ça. Elle a mis sa casquette Inspecteur Elisa et je sais qu'elle a préparé son interrogatoire dès qu'elle a entendu la porte s'ouvrir, cette fouine.
— Somnambulisme.
— Pfff. T'es bizarre.
— On est deux dans ce cas.
Sur ces belles paroles, je retourne dans mon antre car je n'ai pas vraiment faim. Également pour éviter que l'inspecteur ne me prenne davantage d'assaut. Épargnez-moi.
En refermant la porte de ma chambre, je m'appuie contre elle car la réalité me frappe de nouveau. Alec m'a embrassé. Du genre, lèvres contre lèvres, enfin, un vrai baiser ! Quoique... Il était sans la langue, je pense que ça compte moins.
Et en plus, j'étais bourré. Terriblement bourré. Affreusement bourré. Ça compte deux fois moins. Et si j'ai bandé encore plus, c'est à cause de l'alcool aussi. L'alcool nous fait perdre la tête, c'est connu...
Pour ce qui est d'Alec, je sais qu'il était dans le même état que moi alors ça s'explique aussi. D'autant plus qu'il est en couple lui... Bon, pas mes affaires. Peut-être qu'il ne s'en rappelle même pas.
Ma mémoire à moi n'a pas été touchée malgré tout ce que j'avais bu. Comme si mon cerveau tenait à se rappeler de ce malheureux incident.
Mais là, j'ai envie d'oublier. Alec ne doit pas en faire toute une histoire de son côté, il n'y a que moi pour me prendre autant la tête. On dirait une pré-ado ayant reçu son premier baiser.
Ça arrive souvent en soirée ce genre de dérapage, Ezechiel alors arrête de trop y penser et passe à autre chose.
Par contre, ce que je trouve dommage c'est la façon dont ça s'est passé après notre... Fin, après. C'était la première fois qu'on haussait le ton en se parlant, depuis la rentrée tout le temps qu'on passait ensemble c'était à rigoler à n'en plus finir. C'est étrange de s'être "disputés".
J'espère que ça ne va pas affecter notre amitié, ça serait vraiment le comble.
J'espère qu'Alec ne m'en veut pas.
__
Oh... Ce qui inquiète notre petit Ezechiel au final c'est le devenir de son amitié avec Alec...
Et Alec, qu'est-ce qui peut bien l'inquiéter ?
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Humain
Roman d'amourEzechiel est un jeune passionné de dessin qui fait son entrée à l'université. Il se doutait qu'il allait découvrir un monde nouveau mais pas qu'il allait se découvrir lui-même. Son élément déclencheur ? Alec.