CHAPITRE 10 - EZECHIEL

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Elle replace sa mèche derrière son oreille avant de m'offrir un de ses regards dont seule elle a le secret. Il transperce l'écran et vient directement crier "tu me caches quelque chose".

Non je ne cache rien.

— Depuis ta petite soirée, tu es distant.

— Attends.

J'attrape mon téléphone pour ouvrir mon moteur de recherche et tape l'information qu'il me faut. Kaylia m'observe toujours étrangement à travers l'écran.

— Voilà, 5502 kilomètres de distance pour être exact.

— Quoi ?

— La distance Paris-Montréal.

Elle mime une gifle et je porte ma main à ma joue dans une moue offusquée, en grand acteur que je suis. Je n'ai pas envie qu'elle me questionne davantage par rapport à mon comportement. Surtout que j'ai bien fait attention à ne rien laisser paraitre lors de nos conversations par messages.

Je lui ai raconté brièvement l'anniversaire mais uniquement parce qu'elle me l'avait demandé à nouveau. Autrement, je me serais bien abstenu de remettre ça sur le tapis. Pourtant, ça fait deux semaines maintenant que cela est derrière moi, deux semaines que j'évitais les appels vidéo pour ne pas avoir affaire à ce qui se passe actuellement.

Je suis, malgré mes fulgurantes autres qualités, un bien piètre menteur quand il s'agit de Kaylia. Elle lit en moi comme dans un livre ouvert et j'aimerais autant que pour une fois, elle laisse mon récit tranquille.

En plus, Alec m'a demandé de ne pas en parler.

— Si tu commences déjà à me mettre de côté autant arrêter notre amitié ici.

— Le retour de Drama Kaylia ! Elle ne m'avait pas manquée.

Cette fille est une réelle drama queen quand elle veut, c'est incroyable. Mais ça ne manque jamais de me faire sourire, surtout qu'elle déteste que je l'appelle comme ça. La tête qu'elle fait à l'entente de ses mots vaut de l'or.

— Je vais devoir te laisser, Elisa m'appelle.

— T'es sûr ? Je l'aurais entendue.

— Langue des signes.

Elle me tuera pour avoir raccroché aussi brusquement mais je m'occuperai de ça plus tard. Conversation beaucoup trop stressante.

Je commence à en avoir marre de cette histoire. Quand je pense finalement en avoir fini, la vie me rappelle à l'ordre. C'était juste un baiser mon Dieu. D'autant plus, qu'entre Alec et moi tout est arrangé. Après cette discussion sur le banc, on s'est revus avec le groupe et il n'y a plus eu aucune gêne.

Cependant, un autre problème que m'a apporté ce fameux anniversaire c'est une sangsue. Enfin, Leslie.

Notre danse collés-serrés l'a dévergondée au possible et elle est tellement tactile avec moi que j'hésite à demander une injonction d'éloignement. J'abuse un peu, mais pas tant que ça.

Hier, pendant la pause où on se retrouve tous pour manger elle s'est assise sur mes genoux. J'ai cru rêver, surtout qu'elle a fait ça de la manière la plus naturelle du monde. Le problème étant que je ne la repousse pas tant que ça non plus, sa sollicitude étant plutôt flatteuse. Et je mentirais si je disais que je n'en jouais pas. Un peu trop même, les autres pensent que l'on s'est lancés dans un jeu de séduction et que ce n'est plus qu'une question de temps avant que l'on finisse ensemble. Leslie fait partie de ces gens.

Ce qui est bizarre c'est qu'elle a tout pour plaire vraiment, mais elle ne m'intéresse pas. Pas dans une optique de couple en tout cas.

— Zekiiii?

— Eliiii?

Elle m'appelle par mon le surnom que je déteste uniquement quand elle veut me demander un service. Plutôt contradictoire de m'exaspérer alors qu'elle attend quelque chose de moi... Mais bon, je me suis fait depuis longtemps à l'idée que j'avais hérité de tous les gènes d'intelligence. En plus, finalement ma sœur m'appelle réellement. Je n'ai donc, objectivement, pas menti.

— Viens voir deux secondes.

Un vrai tyran. Mais je descends tout de même les escaliers pour la retrouver debout, téléphone à la main dans le salon.

— Oui ?

— Tu viens faire un TikTok avec moi ?

Oh, non. Tout mais pas ça. J'ai cette application en horreur et je déplore cette nouvelle génération qui y est accro.

— Tu rêves ma chère.

— Allez, s'il-te-plait Zeki !

— Tu es au courant que m'appeler Zeki fait tout sauf m'attendrir, rassure-moi ?

Elle ignore royalement ma remarque en s'approchant de moi pour me faire les yeux doux en arguant que "ses abonnés ADORENT voir son grand frère parce qu'il est canon". J'ai du mal à me réjouir de savoir que des prépubères bavent sur moi, mais soit.

J'ai accepté l'autre fois pour le fun mais je n'aurais jamais dû, trouvant l'activité amusante bien que me dire que certains y passent la journée me semble étrange.

— Je ferai ta vaisselle !

Ah, la partie qui m'intéressait. Négocions.

— Pour un mois ?

— T'es malade ! 1 semaine.

Je fais mine de m'en aller.

— OK ! 10 jours ?

— Marché conclu.

Je lui serre sa petite main vigoureusement pour sceller notre accord. Et c'est seulement après que je lui dis.

— J'aurais accepté pour 3 jours tu sais.

Elle m'insulte un peu, enfin, rien de bien méchant, avant de m'expliquer la chorégraphie de cette fois-ci. Rien de bien compliqué.

C'est ainsi qu'on a passé l'après-midi à faire des TikToks, elle ne m'a pas laissé partir à mon plus grand malheur. Je me demande à quel point ses abonnés m'aiment pour qu'elle sollicite autant ma présence. J'ai bien mérité mes 10 jours de vaisselle au final.

Pourvu que personne de mon entourage n'ait cette application, je mourrais de honte. 

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Des adeptes de TikTok ici, au plus grand damne d'Ezechiel ... ?

HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant