Humain

CHAPITRE 31 - ALEC

Je n'ai aucune idée du temps qui s'est écoulé depuis qu'Ezechiel est venu me rejoindre mais tout ce que j'espère c'est qu'il s'écoule à l'envers. Je me sens bien avec lui, tout simplement. Apaisé. Et cet état est bien assez rare que pour ne pas en profiter pleinement.

Lui et moi n'avons pas beaucoup échangé, du moins pas verbalement. Dans nos gestes toutefois, c'est tout l'inverse. Je lui fais comprendre à ma manière ce que je ressens pour lui. Ou ce que je pense ressentir. Tout est encore flou mais ce n'est pas grave. Ce qui compte c'est l'instant présent. C'est sa tête posée sur mon torse, c'est ma main qui joue dans ses cheveux. Ce sont les caresses sur mon ventre et mon cœur qui palpite face à ces simples gestes. Il doit d'ailleurs le sentir dans sa position. Il dessine des formes abstraites sur mon ventre découvert, il a remonté mon t-shirt.

— On joue à un jeu ?

Son souffle s'échouant sur mon ventre me fait légèrement frissonner, pour changer.

— Quoi comme jeu ? je demande, curieux.

— Tu devines le mot que je trace, ok ?

Je souris à moi-même puisqu'il ne peut pas me voir, en me disant qu'il dessine vraiment sur tous les supports. J'accepte et lui se met à l'œuvre en dessinant sa première lettre.

— Mh... C ?

— Yes.

— Wow, je suis vraiment doué.

— Le but c'est de deviner tout le mot, pas seulement une lettre.

— Oui bon. Continue.

— D ?

— Et non !

— Refais.

Je ferme les yeux pour mieux me concentrer quand il reproduit son geste.

— C'est un O.

— Et là ?

— Encore un O ?

— Bingo.

Il continue et je devine alors ce qu'il écrit.

— K. Cookies ?

— Bravo ! Oui. Je leur rends hommage. T'en amener fut un bon investissement, me dit-il en relevant sa tête vers moi pour me regarder.

Je ris à sa remarque, qui est très juste d'ailleurs. Et pourtant c'était mal parti.

— À ton tour.

— De quoi ? demande-t-il en levant un sourcil.

— De deviner, tiens.

— Non, non.

— Ah bon ? Pourquoi ?

— Pour rien, je t'en fais deviner un autre.

Il s'apprête à le faire et j'attrape sa main pour le tirer doucement vers moi.

— Qu'est-ce qui se passe, Eze ? Tu ne veux pas que je te touche ?

Mes mots semblent le surprendre, pourtant c'est ce qu'il est en train de me faire comprendre.

— Pas du tout, non. Enfin, si ! Orh, je m'embrouille. C'est juste que je suis un peu... chatouilleux.

Sa remarque m'amuse beaucoup, je n'y étais donc absolument pas.

— Bon à savoir, j'ajoute avec un sourire en coin.

— Alec. Non.

Il amorce un mouvement de recul pour se dégager de ma prise mais je le rattrape bien assez vite.