CHAPITRE 19 - EZECHIEL

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— Mais vous étiez où hier, sérieux ?

— Oui, on ne vous a pas vus du reste de la soirée. Vous faisiez quoi au juste ? renchérit Alec

Tout le monde est finalement réveillé, une bonne heure après Alec et moi. On est tous réunis autour de la table, ils mangent leur petit-déjeuner tandis que nous, on a enfin l'occasion de savoir où se trouvaient nos petits camarades. Bien que la maison soit gigantesque et qu'il est effectivement facile voire normal de ne pas se croiser, leur totale absence nous intrigue toujours.

En plus, heureusement qu'ils sont arrivés peu après que j'aie embrassé la joue d'Alec. Il ne parlait plus trop après ça, gêné comme jamais. C'était peut-être un peu le but recherché par ce geste vu que j'avais remarqué son embarras face à moi et que j'adore m'en amuser, mais pas à ce point. Il s'est concentré à manger l'omelette que je lui aie faite dans un silence oppressant, regardant uniquement son plat comme s'il allait y découvrir le secret de la vie. J'ai tenté de lui faire la conversation mais ses réponses n'ayant aucun intérêt, je me suis bien vite arrêté.

— On devrait vous retourner la question, Karim est venu vous rechercher quand on a supposé que vous aviez terminé votre partie de carte mais il ne vous a pas trouvés, informe Linda.

— Je suis juste venu au salon après je suis reparti quand j'ai remarqué qu'il était vide, "chercher" est un bien grand mot, ajoute Karim dans un sourire.

Ce mec, je n'arrive pas à le cerner, ne sachant jamais quand il est sérieux ou quand il plaisante. En plus, il est plutôt du genre réservé, de ceux qui se prononcent uniquement quand c'est nécessaire. Et également du type à avoir un ton sarcastique sans vraiment l'être.

Toutefois, c'est un très bon ami d'Alec alors je ne doute absolument pas sur le fait que ça soit quelqu'un de bien.

— Bref, on était au sous-sol sinon.

Mon compagnon d'hier se tourne vers moi dans un réflexe et me jette un coup d'oeil en haussant un sourcil, je lui rends la pareille parce qu'il est vrai qu'on n'est absolument pas plus avancés parce que Linda vient de dire.

— Et donc ? Vous y faisiez quoi ?

— Ne me dites pas que vous avez fait une orgie géante sinon je rends mon petit-déjeuner là, tout de suite.

J'explose de rire parce qu'Alec est plus que sérieux en disant ça et aussi parce que je suis certain qu'il a dû penser à nous pour l'imaginer étant donné qu'on n'est clairement pas en reste sur ce point.

— T'es con parfois bébé, le sous-sol c'est un genre de spa, répond Nina.

Je tique sur le "bébé", le genre de surnom mielleux qui me donne la gerbe et que je trouve ridicule, d'autant plus si c'est Alec qui se fait appeler comme ça. Disons que ça ne colle pas au personnage.

— Ça ne contredit pas l'hypothèse de ton bébé. Les dérapages dans les saunas sont si vite arrivés, j'ajoute dans un sourire.

Cette fille n'a vraiment pas l'air d'apprécier mon humour ou quoi que ce soit qui puisse sortir de ma bouche d'ailleurs, puisqu'elle ne me suit pas dans ma plaisanterie m'adressant à peine un regard.

Non pas que ça me dérange, je suis plutôt peiné pour elle parce qu'honnêtement, je suis vraiment quelqu'un de sympa. Heureusement, le reste de la tablée fait honneur à ma réplique en rigolant.

Sauf Alec, qui se contente de sourire. Ensuite, il se tourne vers Nina au visage fermé, comme d'habitude, tout en lui caressant doucement la joue de son pouce pour essayer de la dérider je suppose.

Je ne peux pas m'empêcher de rire jaune en voyant ce spectacle ridicule, il est beaucoup plus tactile avec elle qu'à l'accoutumée. Et bien sûr, je n'ai aucun doute sur le fait que ça ait un rapport avec moi ou plutôt avec mes lèvres qu'il a goûtées.

Ce n'est pas de mon ressort de juger le fait qu'il trompe sa copine. Ce qui m'énerve en revanche, c'est qu'il se défile encore une fois et qu'il se raccroche à sa chère et tendre pour se prouver je ne sais quoi.

Comme si le baiser était unilatéral, comme si tout ce qui se passait ne me perturbait pas moi aussi !

Ce matin, quand je l'ai vu au réveil avec ses petits yeux et ses cheveux aux boucles légèrement écrasées par l'oreiller, je n'ai pas pu m'empêcher de le trouver adorable. Et certainement qu'en général, on ne trouve pas ses potes adorables mais je dois me rendre à l'évidence que ce n'est plus vraiment ce que nous sommes. Enfin, je crois. J'en sais rien.

Seulement, je doute qu'Alec y ait réfléchi, le déni rythmant chacun de ses pas.

Je ne suis pas du genre à me prendre la tête mais putain, il se voile la face et ça me saoule là.

Vas-y mon grand, cherche refuge chez ta Nina, j'en ai rien à foutre.

— Ça va, Ezechiel ?

Je me tourne vers Leslie qui est assise à côté de moi, nous sommes en parfait vis-à-vis avec le petit couple. Je lui réponds par la positive, j'étais juste dans mes pensées. Ah ça oui, je l'étais.

Et dans un parfait parallélisme, je passe mon bras autour des épaules de mon amie en lui caressant la joue par la même occasion. Je sais que Leslie adore quand je suis tactile, celle-ci amène alors sa tasse à ses lèvres pour tenter de dissimuler son trouble mais je remarque tout de même que ses joues rosissent à mesure qu'elle sourit.

Un qui sourit moins en revanche, c'est Monsieur Déni en face de moi qui me regarde en tentant de ne rien laisser paraitre. Mais je sais qu'il continue à m'observer pendant que je me réinsère dans la conversation de nos camarades, tournant autour de l'importance du petit-déjeuner, mon bras n'ayant pas quitté Leslie. 

HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant