Humain

CHAPITRE 5 - EZECHIEL

J'ai pris l'habitude de me poser au parc non loin de l'université avant de commencer mes cours, ça me permet d'être là à l'avance et de ne pas me presser en sortant de chez moi.

J'en profite pour dessiner, avec la reprise j'ai un peu délaissé mon occupation favorite et forcément ça me manque. Alors ces petits moments de calme j'en profite, surtout que j'ai un horaire de cours particulièrement décousu ce qui fait que j'ai beaucoup de temps libre à exploiter en plein milieu de mes journées. Je jongle entre l'étude et le dessin.

Entouré de verdure, je me plais à dessiner ce qui m'entoure. J'aime beaucoup dessiner la végétation, je n'ai pas de domaine de prédilection quand il s'agit de mon art quoique je porte un certain intérêt aux portraits, jamais le mien cependant. Et bien que j'adore dessiner les corps, les visages m'ont toujours donné du fil à retordre. Reproduire avec précision les contours faciaux d'un modèle n'est pas chose aisée ce qui fait que j'en fais très rarement.

Le cadavre des feuilles mortes jonchant le sol et les arbres déshabillés typiques de la saison occupent mes doigts quand je sens une présence à mes côtés.

— Je ne te savais pas artiste.

— Je ne te savais pas du genre à te balader seul dans un parc.

Alec vient s'asseoir à mes côtés et observe mes dessins. Je suis habitué à ce genre de comportements, le dessin fascine les gens.

— Détrompe-toi, j'ai mon petit côté mélancolique aimant venir observer la nature pour me ressourcer et je vois que je ne suis pas le seul.

— Tu te moques de moi ? lui dis-je en me tournant finalement vers lui. Je remarque maintenant qu'il sourit de toutes ses dents en observant le paysage que j'ai reproduit.

Je mentirais si je disais que je n'appréciais pas le regard qu'il porte sur mon œuvre là tout de suite. D'autant plus qu'il est rare qu'Alec se défasse de son côté "détaché en toutes circonstances". Voir que j'ai réussi à l'intéresser sonne comme une petite victoire personnelle.

J'ai appris à le connaitre depuis quelques semaines maintenant et si je pensais au début rester au stade de "potes" avec la bande que j'ai rencontrée, avec Alec c'est une vraie amitié que je sens se créer. Il apprécie l'ironie autant que moi et nos avis convergent sur plusieurs points. C'est d'ailleurs là que je tique un peu, car il semble tout aussi peu engagé dans ses relations amoureuses que moi de ce que j'ai pu entendre. Pourtant, il est avec cette Nina depuis 4 mois maintenant et cela semble être sérieux. Est-il finalement casé pour la vie ?

Bon, peut-être pas si sérieux : je ne l'ai jamais encore rencontrée et les autres m'ont avoué qu'eux non plus. Je me demande bien quand viendra le moment, c'est le mystère qui anime toutes nos conversations. Nina est-elle moche ? Nina est-elle humaine ? Cela amuse pleinement Alec qui ne le prend pas mal du tout, c'est son côté léger et sans prise de tête qui est si agréable quand on discute avec lui.

— T'es pas mal doué toi, tu caches bien ton jeu. Tu me dessineras un jour ?

— Je ne te savais pas non plus si narcissique.

— Ça veut dire oui ?

— Ça veut dire pousse-toi que je puisse continuer.

Il rigole et s'exécute. Je mets la touche finale puis remarque qu'il est l'heure de se diriger vers l'université.

— Je voulais te voir aussi pour t'inviter à une fête qui se déroule vendredi, me demande Alec alors qu'on se dirige vers la sortie du parc.

— Intéressant, ça se passe où ?

— Chez moi, c'est pour mon anniversaire. Y aura toute la bande si jamais.

— Oh, Monsieur a encore 18 ans donc ?

— Monsieur t'emmerde. Tu viens ?

Sur ces belles paroles, je le laisse pour entrer dans mon bâtiment en lui demandant de m'envoyer l'adresse.

                                                                                                           *

En sortant de mon cours, je retrouve Loïc, Leslie et Karim en grande discussion. Je m'immisce dans la discussion quand je comprends de quoi ils parlent.

— Nooon, on va enfin rencontrer Nina les gars ?

— Ouais, il l'a invitée aussi à son anniversaire.

— Si elle sort avec Alec elle doit être sympa, intervient Leslie.

— Ou incroyable au lit, j'ajoute en rigolant.

Leslie rougit en me regardant, j'ai presque l'impression qu'elle est énervée.

— Oups Ezechiel, je pense que tu viens de fissurer l'image de grand romantique que Leslie avait imaginée pour toi.

La concernée assène un petit coup à Karim avant de nous laisser, exaspérée.

— Ça avance avec elle d'ailleurs ? On a tous remarqué vos petits regards.

Les siens certainement, elle ne m'intéresse pas plus que ça honnêtement. Une pote avec avantages à la limite mais rien de ce qu'elle s'imagine je pense.

— On ne fait que parler par messages de temps en temps, ne vous imaginez pas des trucs de fous.

Ils font une moue faussement contrariée avant qu'on dévie sur d'autres sujets plus intéressants que les relations amoureuses.

J'ai hâte d'être à vendredi, j'ai évité les soirées jusqu'ici, ça sera ma première de l'année. 

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Première soirée... ;)