CHAPITRE 18 - ALEC

1.7K 161 83
                                    


Oui, j'ai abusé.

Et peut-être que me réveiller avec Nina dans mes bras après ce qui s'est passé hier soir, me fait regretter.

Mais quand j'ai quelque chose en tête, je n'arrive pas à m'en défaire. Et hier, je m'étais donné la mission de pousser Ezechiel à bout, pour renverser la tendance. Et je m'en suis donné à cœur joie. Même un peu trop.

Je ne sais pas ce que j'imaginais en le draguant explicitement, mais je n'avais pas prévu l'éventualité d'un baiser. Encore.

Mais ce n'était pas le même type de baiser, et je pense que lui aussi le sait. Je le sais car quand il s'est détaché de moi pour enlever son haut, son regard disait tant pis.

Tant pis oui, seuls dans sa chambre, ayant pour uniques témoins les murs et les meubles.

Mais pas quand je dois retourner à la réalité, à ma réalité, à ma Nina.

Ta copine Alec bon sang, tu pensais à quoi hier ?

Et lors de la première fois aussi ?

J'ai évité toutes ces questions jusqu'ici, les repoussant au plus loin dans mon cerveau. Malgré tous mes efforts, elles refont surface là maintenant et je ne peux plus esquiver.

Mais la présence de Nina n'aide en rien, me ramenant sans cesse à mon comportement de connard. Je l'ai trompée deux fois.

Pourtant je l'aime, du moins je l'apprécie beaucoup sinon je ne me serais pas mis avec elle. Et puis, je n'aime pas Ezechiel, alors ce n'est pas si grave.

En revenant dans la chambre hier, Nina n'était pas encore là. Personne n'avait l'air d'être là d'ailleurs, on a eu mille fois l'occasion de se faire surprendre avec Ezechiel, la porte n'étant pas verrouillée. Mais personne à l'horizon (et heureusement).

Là, mon portable affiche 10h47 et je pense qu'il est temps que j'arrête de cogiter. Je pousse très légèrement Nina pour me dégager et pouvoir sortir du lit. Toujours endormie, elle tente de me retenir, la chaleur de mon corps lui faisant défaut, mais je la repousse doucement puis l'embrasse sur le front en lui glissant un "dors, on se voit plus tard."

Peut-être que ma tendresse soudaine est liée au sentiment de culpabilité qui s'infiltre doucement en moi.

Je me vêtis d'un short clair en coton par-dessus mon caleçon avant de refermer la porte en prenant soin de ne pas faire trop de bruit. Nina n'a pas l'air encline à émerger tout de suite.

En traversant le couloir pour arriver aux escaliers, je n'entends rien et me demande s'ils sont déjà tous en bas.

Il n'y a personne dans le grand salon en tout cas, même constat à la cuisine. Tant mieux, j'apprécie particulièrement le calme le matin. Le temps que mon énergie et ma bonne humeur arrivent. L'atmosphère est très apaisante ici.

Les grandes fenêtres de la cuisine donnent sur le jardin, laissant apparaitre une immense étendue verte peuplée de quelques grands arbres. Avec une demeure pareille, il ne fait aucun doute qu'ils mettent les moyens niveau jardinage.

Je ne suis pas un grand féru de nature mais quand on vit à Montréal, le paysage urbain fait partie intégrante de notre horizon. Il y a quelques parcs c'est vrai mais bon, ça n'a rien à voir. Alors la vue m'est agréable et ça me surprend de voir un tel décor alors qu'on est au final, pas si loin de la grande ville.

— C'est beau, n'est-ce pas ?

— Absolument.

Contemplant ainsi ce panorama à travers les fenêtres, je suis dos à l'entrée de la cuisine. Je ne vois pas qui vient de percer le silence qui m'entourait mais je sais à l'entendre, que c'est Ezechiel.

Mais je ne me retourne pas pour autant, parce que ce que je vois est beau mais surtout parce que je n'avais pas pensé à la confrontation du lendemain.

— Tu vas le dessiner ?

Je sais qu'il adore dessiner la nature, je l'ai vu à plusieurs reprises à l'oeuvre. J'aimerais beaucoup qu'il me dessine, voir la façon dont il me perçoit à travers ses traits.

Quand il me répond, j'entends qu'il s'est rapproché.

— Sûrement. Tu es le seul réveillé ?

Je hoche la tête pour toute réponse mais je me rends compte qu'il ne doit pas bien distinguer mon geste de dos. Alors j'inspire pour me donner du courage et me retourne pour enfin l'affronter, mon audace d'hier soir s'étant faite la malle.

Il est là, appuyé contre l'îlot central juste derrière moi, à me scanner. Ou bien il me regarde simplement, mais la couleur bleue de ses yeux ajoute de l'intensité à chacun de ses coups d'oeil. Il porte un jogging noir et pull gris à fermeture éclair qu'il n'a pas pris la peine de fermer, dévoilant alors son torse à peine bronzé aux muscles finement dessinés.

— O-Oui, Nina dort encore en tout cas.

— Ok, et moi je n'ai croisé personne. Je pensais être le seul à encore dormir.

Je me sens soudain très nu, mon torse à moi étant complètement à découvert. Je ne suis pas pudique mais les images d'hier me reviennent en tête et je ne peux pas m'empêcher de me sentir gêné. Super, je commence déjà à changer de comportement.

Il délaisse finalement son appui en face de moi et pars à la recherche de je ne sais quoi dans les placards. Il trouve enfin son objet précieux, qui est une poêle, avant de se tourner vers moi. Je n'ai toujours pas fait le moindre geste. J'ai peur qu'il me le fasse remarquer, il va encore me gêner parce que je n'ai aucune idée de ce pourquoi je suis figé.

— Je vais me faire des œufs, t'en veux ou t'as déjà mangé ?

Son ton est rieur. Merveilleux, de bon matin.

— J'en veux bien, oui.

Il me regarde d'un air "t'as perdu ta langue ou quoi ?" et s'avance dans ma direction ce qui crée une légère panique en moi. Ça part toujours en vrille quand on est proches physiquement, et seuls qui plus est.

Je suis toujours au niveau de la fenêtre mais cette fois, en face de lui, à le regarder s'avancer. Quand il est à moins d'un mètre, il remarque que j'ai un mouvement de recul. Putain, Alec.

Il hausse un sourcil et s'arrête pour simplement ouvrir un tiroir pour y prendre une spatule. Ok, il voulait juste prendre un ustensile. Je deviens complètement parano.

Mais avant de retourner à sa poêle et ses œufs, il se penche sur moi et m'embrasse rapidement sur la joue et me quitte aussi vite avec un grand sourire.

— T'es vraiment trop mignon. 


___


Hey, bonne rentrée à tous ! Je rentre le 16 à l'université moi alors j'ai encore le temps de stresser mdr.

HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant