CHAPITRE 8 - ALEC

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— Herrera, viens par ici.

Je suis surpris que le coach m'interpelle, ce n'est pas à son habitude de le faire en plein entraînement. Sauf dans un certain cas, qui j'espère n'est pas le mien.

Je glisse jusqu'à lui en l'interrogeant du regard, il me domine malgré mon mètre quatre-vingt-cinq. Une vraie armoire à glace, c'est un ancien champion de hockey qui a raccroché ses patins mais pas sa passion. Il a décidé de la transmettre.

— Oui coach ?

— Tu nous fous quoi là ?

Je fronce des sourcils en me rendant compte que s'il m'a interrompu, c'est que mon jeu doit être pitoyable. Pourtant, je n'en ai pas eu l'impression, agissant comme d'habitude.

Quoique c'est vrai que je suis assez plongé dans mes pensées aujourd'hui. On a un match important en fin de semaine contre une équipe très compétente, ça me procure toujours beaucoup d'angoisse surtout que le coach Roy est encore plus exigeant quand ça arrive. D'où mon embarras de me retrouver en face de lui à ce moment-même.

— Je cogite beaucoup en ce moment Monsieur, ça doit me déconcentrer pour bien jouer je pense.

— Écoute-moi bien, quand tu poses le pied sur la glace, il n'y a que le hockey qui doit occuper ton esprit et rien d'autres. D'accord ?

— Parfaitement, coach.

Je retourne auprès de mes coéquipiers quand je vois qu'il ne compte rien ajouter. C'est sa façon de faire, il te dit ce qu'il a à dire et rien d'autres. Pas de superflu, quand il en a fini avec toi tu peux disposer. Sec mais clair.

Son physique de mastodonte s'accorde parfaitement avec sa personnalité d'homme froid, un vrai cliché.


Quand je sors du complexe sportif, la fraicheur du de la mi-octobre m'accueille.

En cherchant mon téléphone dans mon sac pour appeler Nina qui doit venir me chercher, je tombe sur sa veste. Il l'a oublié quand il est sorti en furie de chez moi et je me suis porté volontaire pour lui rendre dès que je le verrai. C'est un prétexte pour pouvoir l'approcher, je dois lui parler.

Mais je ne l'ai pas vu aujourd'hui, ni le matin en allant à mon premier cours, ni à la fin de la journée avant d'aller au hockey. J'ai donc trimballé sa veste toute la journée, j'espère le voir demain car elle m'encombre pour rien.

Je laisse Ezechiel de côté quand j'aperçois la voiture de Nina qui entre dans le parking, ça m'a fait plaisir qu'elle se propose pour venir me chercher. Mais je la soupçonne quand même de surtout vouloir savoir si je ne lui cache rien, je suis un peu distant avec elle depuis quelques jours.

En entrant dans l'habitacle pour m'asseoir sur le siège passager et l'embrasser par la même occasion, la raison de mon comportement m'apparait en grand. Mon baiser avec Ezechiel n'a m'a toujours pas quitté depuis vendredi et ça me coûte de l'admettre. Penser à son pote en embrassant sa copine, c'est bizarre à combien sur une échelle de 1 à 10 ?

Bizarre à + l'infini, c'est certain.

Et tout ce à quoi je pense pendant que Nina me raconte sa journée tout en nous conduisant chez moi, c'est à quel point j'espère que la discussion que je vais avoir avec lui va pouvoir remettre les choses dans l'ordre car c'est le chaos dans ma tête.

— Tu ne veux pas qu'on passe chercher des pizzas avant de rentrer ?

— Tu comptes rester ?

Ma question peut sembler grossière mais ça sera la deuxième fois seulement qu'elle entre chez moi, enfin chez nous, et je ne voudrais pas qu'elle s'y attache trop. Ça ne va pas plaire aux gars si elle commence à vouloir passer sa vie chez nous et sans mentir, ça me déplairait aussi. J'espérais que le stéréotype de la petite-amie collante ne croise jamais ma route.

— Bah oui, tu pensais que je faisais seulement office de chauffeur ?

— Moi qui pensais que tu avais pensé à ton pauvre chéri qui aurait dû rentrer seul en transport en commun...

J'essaie de détendre l'atmosphère car ma remarque l'a évidemment blessée, mais honnêtement le cœur n'y est pas. Je comptais m'enfermer dans ma chambre dès que j'aurais passé le seuil de ma porte.

— Trop naïf mon Alec, bon Dominos ou Pizza Hut ?

Fais chier. Au moins, c'est elle qui paye.


Le repas terminé, ayant d'ailleurs ravi Karim et Loïc qui comme d'habitude avaientt eu la flemme de cuisiner, Nina m'accompagne dans ma chambre et s'allonge sur mon lit tandis que je m'assieds à mon bureau.

— Hé, tu fais quoi ?

— Je vais travailler un peu.

— Tu ne voudrais pas travailler autre chose ?

Du coin de l'oeil, je la vois qui dévoile son épaule pour faire claquer son soutien-gorge dans un geste qui se voulait érotique mais qui frôle le ridicule. Je me tourne alors complètement vers elle, ma réponse ne va pas lui plaire.

— Nina... J'ai pris beaucoup de retard ces derniers temps dans mes cours, donc pas ce soir.

— Depuis quand t'es studieux, Alec ?

— Depuis maintenant, Nina.

J'ai essayé d'être courtois mais la vérité est que je n'en ai absolument pas envie et elle a l'audace de remettre de mes explications en question. Qui ne sont pas fausses en plus, j'ai trop négligé l'école la semaine passée alors que la matière ne fait que s'accumuler.

— Va te faire foutre.

Et elle claque la porte. Merci, Seigneur d'avoir écourté cette conversation.

Je n'avais pas non plus envie de lui dire que je ne voulais pas risquer d'avoir l'image d'Ezechiel aussi quand on couche ensemble.


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Voilà le ressenti d'Alec face à ce qui s'est passé...

La confrontation des deux personnages sera intéressante, je pense... :)

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