CHAPITRE 23 - EZECHIEL

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Nous sommes revenus dimanche de notre petit week-end détente, qui honnêtement, n'en fut pas réellement un, pour des raisons évidentes. Le reste du séjour s'est tout de même passé dans une relative bonne humeur et l'intervention de Linda au restaurant n'a pas autant eu d'impact que j'aurais cru. Heureusement.

J'avais pensé que désormais chacun s'amuserait à nous observer, Alec et moi, afin de déceler quoique ce soit de louche ou d'inhabituel dans notre comportement. Et cette idée m'effrayait au vu de la relation catastrophique que j'entretiens désormais avec lui. Ça fait deux jours que j'ai mis les points sur les i, deux jours qu'on ne s'est pas adressé la parole, d'aucune manière. Même si on a repris la même configuration dans les voitures pour le retour que celle qu'on avait à l'aller, c'est-à-dire Karim, Loïc, Alec et moi-même, qui aurait dû nous forcer à nous parler logiquement. Par miracle, Loïc a fait la conversation tout du long, nous évitant des grands moments de silence gênant. Vive Loïc, vive les bavards.

Je ne cracherai pas non plus complètement sur ce petit séjour, il a tout de même été agréable sur bien des aspects. On s'est tous rapprochés là-bas, je me sens d'autant plus intégré dans cette bande. Leurs longues années d'amitié ne me font absolument pas sentir à l'écart bien que du coup, je ne les connaisse pas aussi bien qu'ils se connaissent entre eux. Il arrive donc que certaines inside jokesm'échappent. Mais ça nous fait plus rire qu'autre chose.

Nous sommes désormais de retour en cours, enfin moi oui. Leslie m'a informé que les trois garçons étaient trop fatigués pour sortir du lit. On est effectivement rentrés tard alors je comprends, bien que je sais qu'Alec ne commence même pas tôt le lundi, mais bon ça ne me concerne pas. Et puis, il a certainement passé la nuit avec Nina mais ça, ça ne me concerne pas non plus, encore une fois.

Ce qui me concerne en revanche, c'est la charge de travail énorme que j'ai accumulé et que je continue d'accumuler. N'étant pas un grand travailleur à l'origine, tout un week-end en ne faisant absolument rien pour l'université n'a vraiment pas aidé ma cause. Les examens approchent, je le sais puisque les professeurs se font un malin plaisir de nous le rappeler à chaque occasion. Ce faisant, le stress commence petit à petit à arriver. Et je déteste ça, être submergé par les choses que je dois faire.

Cependant, je ne suis pas pour autant en train de travailler. J'ai une pause de quatorze heures à seize heures trente, j'en ai profité pour me poser à mon nouvel endroit préféré, le parc tout près de l'université. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'y suis pas venu.

Mon éternel carnet de dessin posé sur les genoux, et mon crayon dans une main, je me plais à dessiner ce qui m'entoure, comme à mon habitude. Je me suis assis dans l'herbe aujourd'hui, elle est un peu humide et plus le temps passe, plus je regrette mon choix. Il n'y a absolument personne d'autre dans la même position que moi, peut-être parce que ça n'a pas de sens de se mouiller le derrière dans l'herbe en plein mois de novembre.

D'ailleurs, les températures chutent de plus en plus et je me promets de ne plus jamais venir ici sans mes gants. L'hiver canadien approche et il ne pardonne pas. J'ai froid, oui.

Tellement que je décide de partir avant même d'avoir fini mon esquisse. Les fesses humides, je me lève et me dirige d'un pas lent vers l'université, mon cours ne commençant que dans cinquante minutes. La nature me pousse à aller étudier alors c'est ce que je vais faire, on ne contredit pas Dame Nature.

J'arrive à la bibliothèque et me dirige vers le fond, là où il n'y a pas beaucoup de passages et donc très peu de bruit mais j'aperçois Linda et Leslie sur le chemin, je décide donc d'aller les rejoindre. L'étude à plusieurs c'est toujours plus fun, non ?

Elles me voient arriver et je remarque le petit geste taquin que Linda fait à son amie alors que je m'approche.

— Salut beau gosse, alors ça vient travailler ? me demande Linda

— Tu sais bien que je suis quelqu'un d'extrêmement studieux, je lui réponds avec un petit sourire.

Linda rigole légèrement en secouant la tête à l'entente de mes mots puis se replonge dans sa lecture, que j'avais interrompue.

— À vrai dire, ce n'est pas le premier adjectif qui me vient à l'esprit quand je pense à toi, me chuchote Leslie.

— Ah ouais ? Tu penses à moi, alors ?

Je le lui chuchote également en jouant exagérément avec mes sourcils. On se complait parfois Leslie et moi dans un jeu de séduction caricatural.

— Si tu savais...

On rigole encore un peu avant de continuer son travail pour elle, et de m'y mettre moi. Je fouille donc dans mon sac à la recherche de ma boite à lunettes et enfile celles-ci lorsque je les ai trouvées.

J'ouvre calmement mon manuel de cours quand j'entends une petite exclamation qui me fait lever la tête.

— T'es trop sexy Ezechiel ! me balance Linda en faisant mine de crier mais sans vraiment le faire puisqu'on est dans une bibliothèque

Leslie lève aussi les yeux de ses feuilles pour me regarder avec un drôle d'air.

— Oh, je ne savais pas que tu portais des lunettes, me dit-elle doucement.

Je n'avais initialement pas compris la réaction de Linda – personne ne comprend toutes ses réactions – mais ce que Leslie vient de dire m'a aidé. C'est vrai que je ne les avais jamais portées en leur présence.

— Ah oui, je ne les porte qu'en cours ou quand j'étudie.

Leslie acquiesce tandis que Linda me regarde toujours avec de grands yeux.

— Sérieusement, je vais te sauter dessus un jour. T'as un de ces sex-appeal, je ne pensais pas que tu pouvais encore t'améliorer.

— Arrête Linda, tu vas me faire rougir.

— J'ai carrément envie de te faire rougir effectivement... Ok, je m'arrête, c'est beauf ça.

— Carrément beauf oui, ajoute Leslie sèchement.

— Tout doux Leslie, je te le laisse, chasse gardée je sais.

J'ai l'impression d'avoir raté un épisode l'espace d'un instant.

— Bon, en tout cas, content de savoir que mes lunettes te font autant d'effet, Linda.

Elle me répond par un petit clin d'œil et Leslie observe la scène sans rien dire. Je sens qu'elle s'est tendue alors j'essaye de détendre l'atmosphère.

— Je suis déçu que mon côté intellectuel ne t'ait pas plu à toi, lui dis-je avec une petite moue triste.

— Qui t'a dit qu'il ne m'avait pas plu ?

— Il te plait ?

— Mhh,...

C'est tout ce que j'aurai comme réponse, bien que je remarque la teinte légèrement plus foncée apparaissant sur ses joues.

Avec tout ça, je n'ai encore rien fait. Bon, c'est parti.

Quelle idée d'avoir choisi des études en Histoire de l'Art, la quantité d'œuvres qu'il me faut connaitre est colossale. Comment c'est possible d'être aussi cruel ? Je ne m'attendais pas à autant, bien que tout le monde m'avait prévenu que les études supérieures c'est un tout autre monde.

Ils avaient tellement raison, au travail.


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Amen, j'ai enfin posté !

Merci infiniment pour les 5000 vues sur l'histoire, ça fait tellement plaisir de voir de nouvelles personnes découvrir Alec et Ezechiel chaque fois.

J'espère que ça vous a plu, n'hésitez pas à voter si c'est le cas,

Bisouuuus.❤︎

HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant