CHAPITRE 20 - ALEC

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L'heure tardive à laquelle les autres se sont réveillés nous a mangé une bonne partie de la journée. Et bien que nous n'ayons rien de prévu, passer une journée dans un fauteuil n'a jamais été ma tasse de thé.

— On fait quoi ce soir les gars ?

— Netflix & chill ? me répond Linda

Heureusement, Leslie vient à ma rescousse. Elle aussi en a marre de comater devant la télévision.

— Alors ça non, c'est qu'on a fait tout l'après-midi !

— On pourrait aller manger quelque part, non ? propose Karim

— Oh oui, ça serait top, renchérit Nina.

— Amen, merci ! Loïc tu connais un truc sympa dans les environs ? je réponds

Il relève les yeux de son téléphone forcé de s'intéresser à ce qu'on raconte. La plupart n'a vraiment pas l'air motivée, ils me sidèrent.

— Pas vraiment, je peux demander à ma tante ses bonnes adresses.

— Je ne pense pas qu'on ait le même budget, je le taquine.

— Demande toujours, on regardera sur internet sinon, insiste Karim.

Il acquiesce puis se lève pour 'éloigner et appeler sa tante je suppose, puisqu'il porte son téléphone à son oreille.

J'en profite pour balayer du regard notre petite assemblée et note le fait qu'Ezechiel n'a été que simple spectateur tout au long de la conversation. Il fait mine d'être plongé dans l'action de ce qui apparait sur l'écran de télévision mais je sais que son silence n'est pas anodin.

Il n'a plus cherché à me parler depuis son petit accrochage avec Nina, qui n'en était pas vraiment un en réalité. Juste l'humour d'Ezechiel qui ne lui plait pas de ce que j'ai pu observer. Elle l'a critiqué sans retenue juste après, quand on s'est retrouvés seuls et je n'ai pu que l'écouter, trouvant sa réaction et ses propos assez exagérés.

Contrairement à elle, je sais qu'Ezechiel a oublié la seconde d'après ce qui s'était passé à table. Alors ce ne doit pas être pour cette raison qu'il semble m'éviter.

Je suis un paradoxe à moi tout seul, redoutant ce matin les contacts avec lui et désormais je m'inquiète qu'il ne m'approche plus. Mais c'est également parce que je sens une certaine hostilité à mon égard, sans en être réellement sûr.

Ou peut-être que je suis juste en manque d'attention, puisqu'on se parle tout le temps d'habitude. Je verrai bien jusqu'à quand il agira comme ça.

— Elle m'a parlé d'un petit bar-restaurant à une dizaine de minutes en voiture qui vient d'ouvrir, mais elle n'y a jamais été beaucoup car c'est un "endroit de jeunes", pour reprendre ses mots, nous informe Loïc qui vient de refaire son entrée dans la pièce.

— Parfait pour nous ! Les filles on va se préparer ?

Leslie toute excitée est déjà debout à essayer de tirer Linda du canapé, celle-ci semble moyennement motivée mais la détermination de Leslie triomphe de sa paresse. Nina les rejoint et toutes les trois se dirigent vers l'étage.

— On est tranquilles pour 5 heures c'est bon.

Loïc a toujours eu un humour de beauf un peu macho, ça doit être pour ça qu'aucune fille ne reste avec lui bien longtemps.

— Ezechiel, on t'a pas entendu ! Tu ne veux pas sortir ? continue mon meilleur ami.

L'interpellé se tourne vers Loïc dans une lenteur exagérée, en me fixant tout du long. Parce que oui, à défaut de m'adresser la parole, il m'adresse un millier de regards dont je ne comprends absolument pas la signification mais qui me font frissonner à chaque fois, de par la froideur de ses orbes bleues.

— Si si, peu m'importe, répond-il.

— Ça c'est de la motivation ! ironise Karim

Ezechiel se contente d'hausser les épaules, n'ayant visiblement pas envie d'interagir davantage.

Quelques secondes passent avant que je reçoive un message comme le signifie le vibreur discret de mon téléphone.

De Loïc 17h11

Il a quoi ?

Son message, ou plutôt sa question, me surprend. Pourquoi me le demander à moi ? Je n'en sais pas plus qu'eux.

À Loic 17h12

Aucune idée.

Si il avait agi de la sorte dès le matin, j'aurais eu ma petite idée, évidemment. Mais là, il a changé d'attitude au cours de la journée ce qui signifie forcément qu'il y a eu un déclencheur.

Karim a lu par-dessus mon épaule les brefs messages avant que je ne verrouille mon téléphone. Lui aussi m'interroge du regard. Laissez-moi tranquille putain, à croire que c'est à cause de moi.

Cette ambiance m'insupporte alors je décide de m'en aller, me levant d'un coup. Sauf que je n'avais pas prévu que mon ami au regard glacial fasse la même chose.

J'espère juste qu'on ne va pas dans la même direction, le malaise sera insupportable sinon. Malheureusement, il va lui aussi rejoindre sa chambre puisqu'il suit aussi la direction de l'escalier. On marche côte à côte, avec pour seul bruit les discussions de la télévision en fond sonore. Toujours mieux qu'un silence de plomb, au moins.

Alors qu'on monte les escaliers, je maudis cette maison d'être aussi grande ce qui a pour conséquence de faire trainer les trajets d'une pièce à l'autre. Parle Ezechiel putain.

— Parle Ezechiel putain.

C'est quand il s'arrête dans l'escalier que je comprends que ma frustration était telle que mes mots ont dépassé ma pensée, franchissant alors la barrière de mes lèvres.

Ces pauses dans l'escalier vont finir par devenir un rituel mais je n'ai pas le temps de m'attarder sur cette pensée qu'il finit de monter les marches sans rien me dire, me laissant en plan.

Eh bien, il ne veut pas parler. Il ne veut pas me parler.

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Voilà un petit chapitre que je poste avant ma rentrée qui est demainnnn... Je vais essayer d'en faire des plus longs pour les prochains parce que je sais que c'est toujours plus agréable.

À bientôt !!

HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant