CHAPITRE 11 - ALEC

1.6K 151 44
                                    


Un énième school-shooting aux USA, je me demande vraiment quand le gouvernement fera enfin quelque chose sur la réglementation du port d'armes. Combien de litres de sang doivent couler pour provoquer une prise de conscience ? Je n'y connais pas grand-chose en politique mais si j'étais président il est clair que ce "Second Amendment" aurait déjà sauté depuis longtemps.

— C'est bien pour ça que tu ne l'es pas vieux, c'est beaucoup plus compliqué que ça.

J'aime bien me poser devant le journal télévisé avec Karim et discuter de ce qui passe, on n'a pas souvent les mêmes points de vue alors ça nous amuse de les confronter dès qu'on peut. Je fais peut-être parfois exprès d'être contre lui pour le simple plaisir de le voir batailler pour me convaincre.

En plus, je dis souvent ce qui me passe par la tête sans réflexion au préalable tandis que lui prend plus le temps d'analyser.

Un sujet peut nous occuper des heures, au plus grand malheur de Loïc qui n'en a que faire de ce qui se passe en dehors de son horizon. Il disparait miraculeusement à chaque fois d'ailleurs.

— Dis-moi tout, Trudeau.

— M'appelle pas comme ça, Bill Gates.

Touché.

Karim étudie la science politique, tandis que moi je suis en économie. D'où les surnoms.

— Bref, je te disais que tu ne peux pas juste faire sauter une loi comme ça. La liberté de se procurer une arme est trop ancrée dans la culture américaine pour que tu puisses décider d'en changer du jour au lendemain. Et même si la populat-

— Stop, je suis là.

Loïc vient de nous honorer de sa présence en nous rejoignant au salon.

— Merveilleux, tu vas pouvoir toi aussi en apprendre des choses.

Loïc se retourne vers moi et je lui lance ce regard qu'on a l'habitude de se donner quand Karim prend un peu trop la confiance.

Karim remarque notre attitude mais il a l'habitude alors il finit par rigoler avec nous.

— Bon les gars, ma tante et son mari se taillent pendant une semaine...

— Cool pour toi mec, enfin j'imagine ?

— Ferme la Alec laisse-moi finir. Ils laissent leur maison et elle est gigantesque, mes parents m'ont dit qu'ils étaient d'accord pour que j'y aille avec des potes comme ce n'est pas loin d'ici.

— E tu voudrais qu'on y aille ce week-end ?

— On part vendredi soir et on revient dimanche soir. Chill, non ?

Ça me fait hésiter parce que j'ai raté un entrainement de hockey mais il finit de me convaincre après avoir parlé de sauna et de jacuzzi.

— On en parlera aux autres ok ? Oh et Alec, tu peux inviter Nina ! Bain de minuit, tout ça...

Il ne manque pas d'ajouter un clin d'oeil regorgeant de sous-entendus. Il est pas possible... mais ça va faire plaisir à Nina alors j'approuve l'idée.

— Bon d'accord, ça me va moi.

— Moi aussi, souffler va nous faire du bien.

Loïc nous check tour à tour avec bonheur. Sa bonne humeur constante ne manque jamais de m'impressionner, mon meilleur ami ne se départit jamais de son sourire.

— Sinon, je reprends. Alors la population peut manifester tant qu'elle veut, la décision revient aux...

Ah, si. Bye Loïc, il a fait demi-tour instantanément.

*

— Tu ne voudrais pas qu'on se fasse un week-end à tous les deux plutôt ?

— Non.

— Mais t'es sérieux, là ?

Je joue avec la paille de mon Frappuccino pour éviter de m'énerver davantage. Moi qui pensais que l'idée de Loïc allait faire plaisir à Nina... Elle n'a montré aucune joie quand je la lui ai exposée alors qu'elle réclame sans cesse qu'on passe plus de temps ensemble.

Elle reprend la parole devant mon silence assourdissant.

— J'aimerais qu'on passe du temps ensemble, moi.

Qu'est-ce que je disais.

— C'est exactement ce que je te propose.

— Mais non, on sera avec tous tes potes et à chaque fois que je suis avec vous, tu m'accordes le minimum d'attention.

— Tu veux que je t'embrasse à pleine bouche devant eux ?

Cette conversation tourne réellement au ridicule et elle s'en rend compte aussi puisqu'elle soupire longtemps avant de réagir.

— Bon, et bien d'accord.

Je ne peux m'empêcher d'hausser mes sourcils face à ce retournement de situation.

— Quoi ? Tu crois vraiment que je vais te laisser 3 jours avec 2 filles qui te tourneront autour ?

R-i-d-i-c-u-l-e.

— Linda et Leslie sont mes amies, je te l'ai déjà dit.

Comme d'habitude, elle balaie ce qui sonne comme des inepties à ses oreilles d'un geste de la main.

— Ouais, bien sûr. T'as vu comment elle te regarde la grande ?

— C'est Linda. Avec ses yeux ?

S'il y a bien une chose qui exaspère Nina, c'est mon sarcasme. Et s'il y a bien une chose que j'adore, c'est voir Nina s'énerver après une énième remarque ironique.

Un spectacle délicieux que je vais malheureusement devoir écourter car je dois aller voir mon coach pour le prévenir de mon absence à l'entrainement qui vient.

— Je vais y aller moi.

Je l'embrasse du coin des lèvres avant de me lever pour rejoindre la sortie du Starbucks.

Le vent fouette cet après-midi, il n'y a que moi pour prendre un frappé alors qu'il fait froid franchement. Je remonte la capuche de mon sweat avant de me diriger vers le centre de sport. 

HumainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant