Gabin
Je freine brusquement lorsque j'aperçois une fillette sortir de nulle part. Elle coure en plein milieu de la rue. Hélas, il est trop tard pour m'immobiliser sans la heurter et je fais une manœuvre pour l'éviter en donnant un brusque coup de volant. Je perds le contrôle de ma moto, qui se renverse sur moi. Je reste alors coincé sous l'engin de huit cent cinquante livres. Mes potes viennent aussitôt m'aider à me libérer et, par miracle, je réalise que mes membres n'ont pas été broyés par le poids de ma moto. Toutefois, j'aurai un sacré bleu à la jambe.
- Ça va, mec ? me demande Austin.
- Non, ça ne va pas, lui réponds-je sèchement. Qu'est-ce que cette gosse faisait dans la rue ?
Je me détourne et aperçois une jeune femme probablement pas majeure qui sert l'enfant dans ses bras. Furibond, j'enlève mon casque et me dirige vers eux.
- Quelle sorte de gardienne es-tu pour laisser un enfant jouer dans le chemin ? l'apostrophé-je. C'est complètement irresponsable !
L'inconnue tressaille et se relève, tout en tenant fermement le poignet de la petite fille en pleurs. J'aperçois mieux son visage et reste un instant bouche bée devant sa beauté. Elle a de long cheveux bruns légèrement humides qui ondulent jusqu'à ses hanches, des lèvres pulpeuses vermeilles, un teint basané et des petite pommettes. Mais le plus frappant, c'est ses yeux dorés. On aurait dit ceux d'un félin, entre le marron et le jaune. Elle est petite, avec des hanches étroites, une poitrine assez forte pour sa taille et de superbes jambes dévoilées par ses shorts courts.
Elle me dévisage. Pensait-elle que tous les bikers étaient des petits vieux ? J'ai envie de ricaner devant son expression, mais me reprends vite et prends un air sévère.
- Il ne faut jamais laisser des enfants sans surveillance, la rabroué-je durement.
- Je sais, mais j'étais en train de...
- Je m'en fiche, la coupé-je. La vie d'un enfant est certainement plus importante que ce que tu étais en train de faire.
Elle ouvre la bouche pour répliquer, vexée par mon commentaire, mais les pleurs d'un bébé détournent son attention. En m'ignorant totalement, elle prend le petit dans ses bras et le calme en lui parlant doucement.
- Et, en plus, tu t'occupes de deux enfants en même temps ? m'indigné-je.
Son visage outré se tourne vers moi. Elle est tellement en colère qu'on peut presque voir de la fumée sortir de ses deux oreilles. Elle plisse les yeux et marche directement vers moi, le bébé toujours dans ses bras.
- Que connaissez-vous sur les enfants ? me demande-t-elle.
- Plus que toi, apparemment. Les bébés ne doivent pas sortir au soleil sans chapeau, tout le monde le sait.
Ses yeux me lancent des éclairs.
- Il était à l'ombre, crache-t-elle.
- Plus maintenant. Où sont les parents de ces gosses ? Je vais leur toucher deux mots sur ton travail.
Je ne vois pas la gifle arriver, sinon je l'aurais arrêtée. J'étais loin de m'imaginer que cette petite effrontée oserait toucher un biker. Elle ne nous connait apparemment pas. En plus, elle frappe comme une fille.
- Je ne vous permets pas, crache-t-elle.
Je fais deux pas vers elle, l'air menaçant.
- C'est seulement parce que tu tiens un bébé dans tes bras que je ne te renvoie pas ta baffe, grondé-je. Sache que personne ne touche le Coyote.
- Le Coyote ? répète-t-elle en fronçant les sourcils.
Elle est complètement ignorante ou quoi ? Elle ne connait par les Demons of Hell ? Tout le monde sait qui nous sommes.
La petite fille se tient toujours à côté de la jeune femme et plisse le front.
- Pourquoi tu as frappé le monsieur ? lui demande la fillette.
- Tu parles d'un exemple pour les enfants ! m'exclamé-je. Tu ne sais apparemment pas comment t'en occuper. Je devrais emmener la fillette avec moi le temps que les parents reviennent. Elle sera plus en sécurité.
Je m'agenouille devant la petite fille à la bouille d'ange. Ses cheveux châtains bouclent dans son dos et ses beaux yeux bleus me contemplent avec curiosité.
- Comment tu t'appelles ? lui demandé-je.
- Charlotte, me répond-elle. J'ai quatre ans, ajoute-t-elle en me montrant quatre doigts.
Elle est tellement mignonne que mon cœur de glace fond presque.
- Où sont ton papa et ta maman ? lui demandé-je.
Elle pointe le ciel avec sa petite main.
- Papa est là-haut, répond-elle. Il joue aux cartes avec Dieu.
Mince ! Son père est mort. J'ai pitié de la petite pendant un instant. Sa mère doit être absente de la maison pour leur rapporter leur pitance.
- Gabin ! s'écrie Jonas. Dépêche-toi ! Marius nous attend.
J'en ai presqu'oublié mes potes. Ils m'attendent sur leurs motos tout en suivant notre échange avec intérêt.
- Je suis pressé, sinon tu peux être sûre que j'attendrais que la mère revienne pour lui dire ma façon de penser.
- Oh, ne vous inquiétez pas, elle le sait ! rétorque la jeune femme en me tournant le dos.
Elle s'en va en tenant la fillette et le bébé.
- Je ne les avais jamais vus, me dit Nathan. Crois-tu qu'ils sont nouveaux ?
- Oui, réponds-je. C'était une vielle dame qui vivait dans cette maison. Elle a dû trépasser.
- Que comptes-tu faire ? me demande Jonas, qui sait que je ne compte pas en rester là.
Je n'ai pas un cœur tendre, mais les enfants sont mon point faible. Je n'accepte pas qu'on les maltraite. Et dire que j'ai failli en écraser un quelques minutes plus tôt. Je bouillonne encore de rage devant l'inconscience de la gardienne.
- Je reviendrai plus tard, ajouté-je. Pour l'instant, il y a plus urgent.
Je remonte sur ma moto et la démarre en la faisant gronder. Cette fille va me revoir et je ne vais pas la ménager.
Gabin
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The Midnight Demons
RomantizmC'est un nouveau départ pour Maisie et ses enfants, qui viennent d'emménager dans une jolie maison de campagne. Cependant, chaque nuit, un boucan infernal les réveille, ses enfants et elle. Un gang de bikers passe devant leur maison sans se soucier...