Regard. (Camren)

9. C A M I L A

Je suis de nouveau dans la chambre, mon cœur bat à la chamade, j'ai compris les intentions de Lauren et ça me terrorise. Je suis assise sur mon lit, la tête entre mes mains, j'essaie d'étouffer les sons pour oublier tout ce mal salissant les murs de cette maison. Putain, cette femme va le tuer, elle va tuer cet homme ! Mais comment ? Comment peut-elle faire ça de sang froid, le chalet est silencieux, un silence de mort, pour le coup, j'aurais aimé que Dinah soit là pour me faire sourire. Il fait encore jour, mais le soleil semble décliner calmement, les filles arriveront peut-être bientôt, peut-être qu'elles ne sont même pas au courant. Un cri déforme le silence, il est long et douloureux, puis doucement il s'éteint alors que mes membres se contractent, mon dieu, mon dieu, mon dieu. Cette folle me réserve le même sort, je vais périr sous sa torture. Mon souffle s'emballe, je pose une main sur mon cœur, il tambourine dans ma poitrine, je me lève chancelante, j'arrive à la porte, j'essaie de la forcer, de la défoncer mais impossible, alors, dans un dernier élan de désespoir, je frappe de toute mes forces dessus en vain. Je tente d'alerter quelqu'un, je hurle à m'en brûler la gorge. Mais rien ne vient, toujours ce cruel et moqueur silence. Je tombe à genoux et des larmes commencent à dévaler mes joues. Je replie mes jambes pour les rabattre contre mon torse, la tête sur mes genoux. Je pleure tout ce que je retiens depuis ces derniers jours, mes sanglots sont violents, ils font remuer mon corps, je tente de nettoyer mes joues mais c'est un échec et mes larmes redoublent, je suis perdue, j'ai besoin d'Ally..

Je me suis endormie. Quand j'émerge lentement de ce sommeil douloureux, j'ouvre les yeux et une forte migraine me prend alors je les referme. Restant ainsi sans mouvoir un seul de mes membres, tentant par je ne sais quel miracle de me faire disparaître. J'aimerais que ce soit un mauvais rêve, que je me réveille aux côtés de ma meilleure amie mais cette odeur, l'odeur du bois ne fait aucun doute sur l'endroit où je me trouve. Quand je me décide finalement à ré-ouvrir les yeux pour affronter la réalité, je vois en premier temps que le soleil est haut dans le ciel, visiblement j'ai fait ma nuit, et ensuite j'aperçois la silhouette féminine de Lauren, assise sur un fauteuil rouge foncé. Elle est plongée dans sa lecture, des cheveux tombent sur ses yeux, ce qui la rend incroyablement sexy.. Oulà ! A quoi je pense ? C'est à cause d'elle si je suis là.

  - Cessez de me fixer ainsi Docteur Cabello. 

Je fronce les sourcils, première fois qu'elle me vouvoie, a-t-elle fait exprès ? Qu'importe. En voyant que je ne réponds rien, elle relève les yeux de son bouquin, je rencontre ses orbes émeraudes et le monde s'arrête. Malgré qu'elle soit folle, qu'elle devrait aller en prison pour meurtre et séquestration, cette femme me plaît, elle m'attire et j'ai peur de ça, ça fait longtemps que je n'ai plus senti ce besoin de posséder. Shawn n'était qu'une erreur, douce erreur qui s'est transformé en cauchemar.

  - Camila ? Elle m'interpelle alors que je sors de mes pensées qui dérivaient.

Je continue de la regarder. Sans ciller.

  - Qu'est-il advenu de l'homme ? J'ose demander alors que je vois son regard s'assombrir.

  - Je l'ai tué. Elle lâche ça, telle une bombe.

Sa phrase m'étouffe, c'est une tueuse. Et un tueur n'a aucune pitié pour ses proies. Je tente de m'imaginer dans quelle souffrance il a du dépérir mais un haut le cœur me rattrape alors je me stoppe. Elle continue de me fixer, ses yeux transpirent l'indifférence, elle a l'air de se ficher de mon état dégradant.

  - Je suppose que ce n'est pas le premier.. Je murmure faiblement, toujours en état de choc.

Un sourire carnassier prend place sur ses lèvres. Je regarde ses lippes s'étirer, mon souffle se bloque quand je relève les yeux pour tomber dans les siens. Ils sont toujours noirs, mais ils semblent tout de même différents. Qu'est ce que c'est que ça ?