Regard. (Camren)

1. C A M I L A

Je regardais d'un oeil mauvais les passants voyageant de la salle d'attente aux différents cabinets de mes collègues, mon patient comme à son habitude était en retard, ce qui avait le don de m'insupporter. Je gardais tout de même mon calme en patientant, une légère musique sortait de mes basses, je faisais le vide, et, enfin on toqua à ma porte. Je me leva, mes talons claquant au sol, j'ouvris ma porte et le jeune homme que j'avais l'habitude d'écouter se présentait enfin devant moi. Il me sourit alors que je soupire en l'invitant à rentrer.

- Tu es tout le temps en retard Sasha ! Comment diable tu te débrouilles ? M'exclamais-je alors qu'un rire passait le barrage de ses lèvres quand il posait son manteau sur sa chaise habituelle.

Malgré ma nonchalance apparente, j'appréciais le fait que mes patients se sentent bien.

- Vous me posez la question tous les jeudis Mademoiselle ! Il dit visiblement amusé. Et ma réponse reste la même.

Il s'assoit ensuite en face de mon imposant bureau de liège tandis que je le contourne pour me mettre en face de lui. Je le regarde, fixement, ses cheveux frisés, ses yeux similaires aux miens, son sourire narquois, ce jeune homme est vraiment indigne mais il n'en reste pas moins l'un des patients les plus sympa de tous ceux que je peux avoir dans la semaine.

Je sors donc son dossier alors que des bruits jaillissent de dehors, je sursaute et me tends, je déteste travailler dans le bruit. Ça semble se calmer et je reprends.

- La semaine dernière, on s'était arrêté en disant que tu te plaisais dans ton appartement. Il hoche la tête. Est-ce que tes démons sont revenus cette semaine te hanter ? Je demande en relisant rapidement mes notes.

- Non, j'ai été tranquille, je pense que changer d'environnement m'a énormément aidé à supporter le décès de mon père.

Je souris et il m'en rend un grandiose, je n'ai rarement quelqu'un avec un tel sourire. Sasha est cette personne qui apporte de la gaieté.

- Et tu as trouvé quelqu'un avec qui partager cet appart ? Je demande gentiment.

Je le vois rougir avant qu'il ne baisse la tête en souriant toujours. Il hoche la tête et commence à me parler de cette fille avec qui, il est officiellement en couple depuis vendredi dernier, je le félicite. Sasha s'est toujours senti seul, ce qui est là raison de ses "démons" comme on les appelle, ce ne se sont que des troubles, des sanglots dissimulés par des voix, quand j'en ai parlé à des collègues, ils m'ont dit qu'il était bon pour l'asile. J'ai toujours refusé et ça a payé visiblement.

Pourtant, un nouveau bruit vient interrompre son monologue, je me crispe.

- Excuse moi Sasha mais je supporte vraiment pas ce boucan.

Je me lève de ma chaise et ouvre la fenêtre, je m'apprêtais à crier quand mes yeux rencontrent ceux d'une jeune femme, je reste figée, ses iris d'un vert étincelant sont si profond qu'ils m'hypnotisent. Mais je reprends bien vite mon sang froid en la voyant partir en courant avec deux autres femmes, des voyous.. Je soupire quand elles disparaissent dans le petit parc, bon, tant pis, au moins je serais reconnaître l'une d'elles.

- Mademoiselle Cabello ? Ça va ? Sasha demande.

Je me retourne en soupirant, et hausse les épaules.

- Reprenons. Je dis en m'asseyant.

▪

Ma journée est enfin terminée, je souffle un bon coup et ferme pour de bon ma porte, je m'en vais faire la bise à mes collègues de l'accueil et je sors ensuite du cabinet, il fait nuit en ce mois de novembre et une légère brise s'est levée, alors que je ressers l'écharpe de laine autour de mon cou, mon téléphone vibre. Je le cherche au fond de mon sac, attrapant au passage mes écouteurs. Je regarde ce qui se passe et j'aperçois un message.