22. L A U R E N

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Ais-je déjà été amoureuse dans ma vie ? 

Je l'ignore. Lucy compte-elle ? Je l'aimais certes, mais étais-ce vraiment comme ça ? 

Il est tard dans la nuit maintenant, Camila doit dormir dans la chambre en face de la mienne, quoique, la connaissant un minimum, elle doit être partagée, martelée par ses pensées. Peut-être même encore foudroyée par la tristesse et la peur de tantôt. Quand on s'est embrassées dans la soirée avant que Normani et Dinah ne rentrent, tout avait disparu. Le monde était noir, je ne voyais que ses yeux bruns se fermer, ses cils papillonner, son nez fin, sa bouche pulpeuse. Je ne voyais qu'elle. 

Camila est incroyable. Tout chez elle est phénoménal, on a envie de la connaître, de la sentir. De la toucher. J'ai envie de la toucher, de sentir sa peau sur la mienne, son plaisir sur mes doigts. Je la veux, elle, comme je n'ai jamais désiré personne.

Lucy. 

Jolie brune aussi, moins que la mienne pour tout dire. Elle a été là elle aussi, longtemps. Puis elle est partie, loin. Je l'aimais bien, amie d'enfance. Peut-être que finalement c'est la première femme que j'ai aimé, même inconsciemment. On était jeunes, quoi.. treize, quatorze ans quand on quitte le collège. J'avais treize ans alors. Elle en avait quatorze, oui. Je l'ai embrassé, deux fois je crois. Une fois pour l'un de ces jeux idiots, et la deuxième pour quoi déjà ? Elle m'aimait. 

Oui. C'est ça.

Lucy m'aimait, elle était folle de moi. Un jour, elle m'avait offert des fleurs et un bracelet en argent pour l'un de mes anniversaires, douze ans. Elle était belle dans sa grande robe blanche, ses cheveux bruns lâchés en arrière. C'était une vraie fille, le genre de gamine populaire pour sa beauté. C'était mon amie. Moins que Dinah et Normani, mais c'était mon amie. Elle souriait timidement quand j'y pense. Quand j'ai reçu ses présents, j'étais couverte de bonheur, je nageais la brasse à l'intérieur. M'aimait-elle déjà ? Je ne le saurais jamais, mais n'est-ce pas mieux comme ça ?

Camila. 

Je ne le connais que de quelques semaines, même pas un mois ou peut-être un peu plus, je ne compte plus le temps qu'elle a passé enfermée dans cette chambre. Au début, j'étais irritable. Puis je me suis adoucie, suis-je amoureuse d'elle ? Non. C'est ridicule. Quoique, pas tant que ça, elle, m'aime-t-elle ? 

Je déteste avoir des questions et pas de réponses, mon Dieu ! Je repousse la couverture de sur mon corps, si je me fiche la tête sous l'eau peut-être mes pensées se calmeront. Je jette un coup d'œil vers le réveil qui clignote rouge régulièrement. J'adore cette couleur. Il indique quatre heures trente du matin. Je soupire lourdement. Le chalet est silencieux, aucun bruit n'interrompt le silence qui s'étale de plus en plus au fil du temps qui passe. Je déglutis, c'est souvent dans ces moments de vide qu'ils débarquent. Pourtant, quand je rentre dans la salle de bain, que je défais lentement mes vêtements et que je les jette dans le lavabo, je n'entends rien. Du tout. C'est vide dans ma tête, il n'y a qu'une tête brune qui persiste mais elle va bientôt s'échapper pour me laisser dormir, oui. 

Quand je me glisse sous l'eau glacée, je sens mes muscles se tendre, pour une fois, je ne veux pas frôler l'hypothermie. J'empoigne le robinet et le tourne lentement vers la gauche. L'eau se réchauffe calmement, elle ruisselle sur mon dos. Quand je relève la tête et qu'elle rencontre mes seins et mon torse, un gémissement incontrôlé m'échappe. Des mois que je n'avais pas senti d'eau chaude sur mon corps. J'avais oublié à quel point c'est agréable, surtout quand l'hiver ouvre ses bras. Je laisse l'eau coulée sur mon visage, les yeux fermés. Ma tête semble s'évaporer avec la fumée qui fait rougir mon corps. Je coupe l'eau après sans doute vingt bonne minutes et j'enroule mon corps autour d'une serviette blanche. Elle est douce. Je sèche rapidement mes cheveux et les laisse tomber en cascade dans mon dos. Quand je sors de ma douche, je sursaute violemment en entendant toquer à la porte. Je souffle lourdement, ça doit être Dinah qui vient dormir avec moi ou Normani qui s'assure que je vais bien parce qu'elle a dû entendre l'eau. Toujours en serviette, je prends pas la peine de me vêtir, je me dirige vers la porte. Je l'ouvre dans la foulée. Une tête brune apparaît mais ce n'est pas celle que je m'attendais à voir. J'allais prononcer son nom quand elle attrape mon visage entre ses mains et écrase ses lèvres sur les miennes. Surprise, j'agrippe ses avant-bras et me laisse pousser. 

Regard. (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant