21. C A M I L A

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Je suis assise sur une des chaises de la cuisine, mon regard dans le vide. Devant moi, une tasse de thé brûlant attend de couler dans ma gorge mais je ne parviens pas à boire, je me dis que les deux hommes qui étaient en bas ne le pourront plus jamais. Méritaient-ils réellement de mourir ? Est-ce que Lauren est-elle juste folle ? Je l'ignore et pour le moment c'est à moi que la folie ouvre ses bras. Les flammes bougent dans la cheminée, je les vois de là où je suis. Dans le feu, des corps se dessinent, ils dansent puis hurlent, je les vois la bouche grande ouverte, la fumée de leur dernier souffle s'échappant. Je ferme les yeux, tremblante. Mon Dieu. Je suis terrifiée.

- Camila ?

Je hurle de peur quand j'entends la voix de Lauren, j'ai peur de relevé les yeux, je garde la tête basse, tremblante comme une feuille.

- Ça ne va pas ? Elle demande doucement.

Elle tente de poser sa main sur mon épaule mais je la repousse, je pose mes pieds par-terre, le visage déformé par la terreur et je me recule. Ma vue se floute encore et des larmes dévalent mes joues à toute vitesse.

- Je ne veux pas mourir Lauren, s'il te plaît.. Ne me fait pas de mal, je suis désolée, je suis désolée... Je me perds dans mes mots.

Lauren me regarde, ses yeux sont emplis de tristesse, elle semble vidée.

- Eh Camz, tu as peur de moi ?

Je me presse contre le frigo derrière moi, tellement fort que je pourrais peut-être passée à travers si j'y crois. Je ferme les yeux y pense fort mais rien ne se passe.

- Camila... Elle soupire. Jamais je ne te ferais du mal. Elle affirme ensuite, sûre d'elle.

J'ose la regarder enfin, j'y lis toute la sincérité que j'avais besoin de voir dans ses yeux. Elle ne veut pas me tuer. Non.

- Viens avec moi Jolie Brune, je vais t'expliquer qui je suis.

Elle part s'asseoir au coin du feu, elle croise ses jambes et se borde d'un plaid de couleur gris. Elle tend ses mains vers le feu et laisse échapper un sourire. Je m'avance prudemment, le cœur résonnant dans mes oreilles. Je vais vraiment tout apprendre, là ? Maintenant ? Mon corps en tremble, j'en crève, je veux savoir, mais j'ai peur de ce que je peux apprendre ou ressentir. Lauren a un passif lourd, il suffit de voir ses yeux pour le comprendre, on ne peut pas avoir tant de froid, tant d'indifférence dans le regard quand il n'y a eu que des roses dans sa vie. C'est tout bonnement impossible.

Elle me montre la place à côté d'elle. Je m'assied prudente, elle recouvre mes jambes, je me laisse faire. Elle dépose sa tête sur le dossier du canapé, il épouse sa forme, elle laisse échapper un soupir résigné, j'ai envie de lui de ne pas se forcer mais l'envie de savoir prend le dessus, alors je la laisse souffler avant de commencer.

- Je suis née un matin d'été, il pleuvait étonnamment. Le ciel était gris, la nuit couvrait le sourire du soleil, disait ma mère. Elle commence, les yeux fermés. J'ai été la première d'une fratrie de trois. Mon père était un alcoolique, l'idée d'avoir un enfant le répugnait, il me détestait. Quand mon frère est né, deux ans après moi, il a été ravi de voir qu'un homme agrandissait la famille, lui, mon frère lui plaisait, il en était fier.

Elle garde ses yeux fermés, elle fronce les sourcils, se rappelant de souvenirs sûrement, ils n'ont pas l'air agréable.

- Alors, il l'a aimé de toute son âme. Mon père est devenu violent avec ma mère, j'avais à peine trois ans, et les hurlements de ma mère était horrible à entendre. Quand j'ai eu sept ans, la dernière est arrivée. Mon père les aimait eux, moi je n'étais qu'une erreur. Taylor et Chris avaient toujours été ses préférés, je n'étais là que pour être là, j'aurais pu mourir il ne l'aurait pas remarqué.

Regard. (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant