19. L A U R E N

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La tête de l'homme part violemment sur le côté quand elle rencontre la batte de base-ball. Il hurle à la mort, les os de son cou semblent se disloquer à cause du choc, le replacer en face de moi le fait grogner comme un animal. Son ami, à côté, me supplie d'arrêter. Il a déjà six phalanges en moins, et l'épaule brisée mais il continue de le défendre. Puéril. 

  - S'il vous plaît ! Hurle l'homme au cou en pâte à modeler, il ne peut me regarder que du coin de l'œil. Laissez nous partir, on dira rien sur vous, on vous laissera en paix, laissez nous.

Du sang s'écoule lentement le long de son crâne, il tombe en gouttes sur son jean tâché de sueur, il perd sa couleur bleu, s'assombrissant, virant à un noir maquillé de fins stries bleuâtres. L'autre garçon parle seulement pour défendre son pote, sinon il reste silencieux, ça ne me plait pas. Quand j'ai découpé ses doigts, il a à peine serrer les dents. Mon regard s'assombrit encore plus.

  - Vous a-t-elle demandé ça cette gamine ? Je demande mâchant lentement chacun de mes mots, le fixant.

Pâte à modeler baisse la tête. Il force encore pour la tourner mais il crache une gerbe de sang. Incapable. Son ami reste silencieux.

  - Pourquoi ne répondez-vous pas ? Vous avez peur que je vous pourrisse encore plus ? C'est simple à faire, vous allez mourir dans tous les cas. Je reste neutre.

  - Putain mais vous êtes complètement tarée ! Il cri, le regard sombre, enfin l'œil, je n'en vois qu'un.

  - Je n'ai touché personne moi Monsieur, je n'ai forcé personne à passer sous mon bureau pour qu'elle garde son boulot, je n'ai menacé, affiché, humilié personne moi. Je n'ai touché à aucune gamine de moins de dix-huit ans moi Monsieur. Est-ce vraiment moi la tarée maintenant ? Je lui demande calmement.

Je m'avance vers lui, en silence, son ami regarde la scène sans bouger, il a comprit que supplier mon pardon était peine perdu. Je lâche la batte qui rebondit sur le sol, je me place derrière l'homme et dessine des ronds dans sa nuque avec mes ongles, j'ai son sang sur les doigts. L'homme est pouilleux, plein de sueur, ses cheveux collent à son front et ses vêtements gorgés d'eau, à sa peau. L'autre semble patienter, attendre son tour comme si il rentrait dans une attraction à sensations fortes dans une fête foraine, il ne bouge pas, ne cligne presque pas des yeux. Comment peut-il être si détendu face à cette situation ? C'est incompréhensible.

  - Je pourrais déchirer ta nuque... Je murmure dans son oreille, je le sens frisonner. Mais tu ne serais plus en vie pour subir tout ce que je m'apprête à te faire. 

L'homme bouge sur sa chaise, ils forcent les cordes à en faire saigner ses poignets et ses chevilles, il tente d'hurler mais crache encore du sang au sol, il abandonne pour relâcher ses muscles. Il respire bruyamment, faisant sauter des gouttes de sueur qui perlaient sur son visage. Je me retourne pour rencontrer les yeux vides de son ami silencieux, je lui fais face, il doit avoir vingt-sept ans tout au plus, pauvre chéri, mourir si jeune, ses parents le suivront rapidement quand son corps sera emballer dans un carton Wish envoyer à son adresse.

  - Pourquoi es-tu si silencieux toi ? Tu as perdu ta langue ? Je demande en me penchant vers lui, une main sur sa cuisse, son jean est quasiment intact, quoique légèrement déchiré des genoux. 

Le garçon me fixe un moment puis laisse son dos rencontrer la chaise, comme si il était lassé du moment, il a quand même l'épaule et six phalanges en miettes.

  - Tuez moi si c'est ce que vous voulez, maintenant même, je sais que je m'en sortirais pas, à quoi bon attendre. Lâche le brun en me regardant dans les yeux.

J'hallucine. Vraiment j'hallucine. 

J'attrape son col entre mes doigts fins, le t-shirt gris, sale et maculé de sueur, est répugnant. Je le menace le foudroyant de mes yeux verts, il ne semble presque pas apeuré, ce qui me rend folle.

Regard. (Camren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant