XXV/ The Masked One

7 3 0
                                    

Elle lui avait mis un sac en jute sur la tête avec une joie presque malsaine. C'était quelque chose de dangereux, la vengeance, parce qu'elle savait qu'elle risquait de faillir, parce qu'elle savait qu'elle risquait de céder, parce que chaque fois qu'elle le regardait dans les yeux, c'était un assassin qu'elle voyait, un roi en haut d'une tour, un charnier sous les pieds, parce que les rares fois où tout n'était pas abominable elle ne parvenait pas à l'admettre, à lui laisser son humanité. Il avait trafiqué tant de vie qu'elle ne savait pas s'il méritait encore une quelconque grâce. Il avait trop de sang sur les mains, trop de cadavres sous les pieds. Pire encore, il parlait.

« Je savais que vous viendriez, vous savez.

– Mes avertissements étaient plutôt facile à déchiffrer.

– Je ne suis pas sûr que la subtilité soit réellement votre fort.

– Je suis à la tête d'un réseau de renseignements.

– À vous personnellement, j'entends.

– La ferme. »

Elle se demandait si le dragon de Carmine la détesterait éternellement si jamais elle décidait de le tuer ici. Elle se demandait, aussi, un peu, si Carmine la détesterait si elle apprenait qu'elle avait du sang sur les mains. Peut-être. Peut-être pas. Peut-être que ce n'était pas important mais peut-être que ça l'était, finalement, parce que la jeune femme lui adressait des sourires qui ne la laissait pas indifférente, parce qu'il y avait quelque chose dans sa voix qui la faisait déglutir doucement. Du bout du pied, elle avait cogné son genou. Elle avait laissé un sourire lui dévorer le visage lorsqu'il avait glapi. D'un coup, elle l'avait lâché sur une plateforme au bord du vide, l'avait regardé heurter le sol avec un sourire satisfait. Lorsqu'elle avait atterri à ses côtés, elle lui avait enlevé le sac de la tête.

« Hey. » avait-il dit avec un ton qu'il pensait sans doute assuré mais qui trahissait une peur qui commençait à grimper. « Enchanté.

– J'aimerais que ce soit réciproque mais j'hésite à te balancer dans le vide.

– Ah.

– Oui, ah. »

C'était irrationnel, la façon dont il lui donnait des envies de meurtre. Irrationnel et potentiellement dangereux. Elle s'était pincée l'arête du nez, avait inspiré, profondément, expiré, aussi longuement que possible. Les mauvais instincts qui la guidaient ne devaient pas gagner. Elle ne pouvait pas, pas cette fois. Dans d'autres circonstances, elle aurait peut-être craqué, écrasé son crâne sous la semelle de son pied. Dans d'autres circonstances, peut-être qu'elle aurait hurlé.

Elle n'avait pas le droit à l'erreur.

« Ferme-la. » avait-elle grondé, tout doucement, quand il avait entrouvert la bouche. « Tu n'es qu'une monnaie d'échange. »

Arthur Lovelace avait eu le bon goût de blêmir.

Les yeux rivés sur la plaque qui masquait l'entrée du passage par lequel les autres devaient arriver, Luzerne patientait.

de poussière et d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant