XXX/ The AI Ship

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Les oreilles de Luzerne sifflaient. Les yeux rivés sur le plafond noir, elle se demandait où se situait le bas, où se situait le haut. Contre ses côtes, le coeur de Carmine battait à s'en rompre. Elles étaient vivantes et c'était déjà un miracle en soit. Elles étaient vivantes et le liquide poisseux qui imprégnait ses cheveux lui soufflait qu'elles étaient une exception. Les nanorobots, elle le savait, avait sans doute atténué l'explosion. Loin d'elles, le prêtre était suspendu, transpercé par un long pieu métallique que le vaisseau avait produit lorsque tout s'était arrêté. L'habitacle s'était rétracté sur lui-même. Le prêtre était mort. C'était son sang, qui se répandait sur le poste de commande, son sang qui recouvrait Aulne, son sang qui les recouvrait tous.

Luzerne aurait voulu être triste mais tout allait trop vite pour qu'elle s'émeuve. Une voix métallique avait résonné.

« Reprise du contrôle du vaisseau. »

Couvert de rouge, l'écran de l'intelligence artificielle que Luzerne avait programmé en cas de pépin clignotait.

« Six personnes à bord. » continua la voix artificielle.

Luzerne n'avait jamais été très portée sur les mathématiques mais elle savait qu'ils n'étaient plus six depuis que le prêtre gisait. Les larmes de Carmine, tâches transparente au milieu du rouge, en était une preuve suffisante.

« Vivante ? » demanda-t-elle, la voix serrée par le doute.

« Affirmatif. » répondit une voix qui n'avait rien de métallique. « Vous avez volé quelque chose qui m'appartient. »

Elle avait fait volte-face, un tour bref sur les talons dans le liquide qui coulait. Carmine et Aulne ne faisait pas un bruit. C'était toujours mauvais signe. Ses yeux avaient accrochés l'homme qui la braquait d'un geste presque ennuyé du bout de son pistolet. Il était dans un état presque pire que le leur, couvert de sang et d'égratignure, une plaie béante sur la tempe et une brûlure contre la gorge. Il était presque plus redoutable qu'eux. Elle connaissait le regard qu'il avait : elle avait arboré le même pendant longtemps. C'était le regard de celui qui n'a rien à perdre, le regard de celui qui n'hésiterait pas à tirer.

« Je viens récupérer Arthur. » énonça l'homme clairement et Luzerne laissa retomber son bras. « Je viens rencontrer celui qu'il voulait tant voir.

– Pourquoi faire ? » feula Luzerne.

« Pour le sauver. »

Elle était prête à lui sauter à la gorge lorsque le vaisseau cessa de bouger.

« Stabilisation du vaisseau. » signala l'IA. « Atterrissage programmé. »

Luzerne ne savait pas où ils arrivaient.

Ce qu'elle savait, en revanche, c'est qu'ils en repartiraient.

de poussière et d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant