IV/ THE NEMESIS

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Il y avait quelque chose de malsain, au casino Lovelace, quelque chose d’étouffant, au milieu des néons et des plantes multicolores, quelque chose d’empoisonné, dans cet établissement balancé tout en haut de la plus haute tour de Necropolis. C’était peut-être le plancher en verre, qui permettait d’observer les moins fortuné, c’était peut-être les rires étouffés ou les combats livrés par les vivants pêchés en bas. Il y avait un arrivage tous les soirs, à la même heure, depuis des années. Ils étaient tous montés sur la plateforme du treuil qui les amenaient vers le haut, s’étaient tous cramponnés aux câbles métalliques. Ils savaient ce qui les attendait en haut, savaient que ceux qui montaient ne redescendaient pas, que l’on pêchait autant d’êtres humains que l’on rejetait de cadavre, là-haut, au Casino Lovelace.

Ils savaient. Ils montaient encore. Tout valait mieux que le charnier.

Tout le monde savait ; personne ne pouvait échapper aux affiches couvertes de néons qui promettaient une vie meilleure au dernier survivant, personne ne pouvait ignorer les rumeurs, les noms qui fuitaient des lèvres de ceux qui sont partis et ne sont jamais retombés. Personne ne survivait à l’espoir, personne ne luttait très longtemps contre le monte-charge qui luisait dans le peu de lumière qui arrivait jusqu’en bas.

Ils n’étaient que trois, ce jour-là. Les jambes dans le vide, Arthur Lovelace regardait le monte-charge les remonter, une coupe à la main.

C’était un peu décevant, le spectacle durerait sans doute moins longtemps, au grand dam des invités. Cela faisait longtemps que le monte-charge avait rencontré aussi peu de succès. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi frustré.

D’un geste négligent, il avait lâché la flûte dans le vide.

Il espérait que quelqu’un se couperait, en bas.

de poussière et d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant