XVI/ The Teenage Racers

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Le pilotage avait toujours été quelque chose qu'Aulne aimait. Il avait une liste, pas si longue que ça, qui comprenait à peu près trois choses : les choses qui allaient vite, les objets vintage et Saule. Ce n'était sans doute pas exhaustif mais il se plaisait à penser qu'il s'agissait des trois choses qui ne bougeraient jamais. Ce qui bougeait, actuellement, c'était les flammes qui jaillissaient des pieds de la fille qui était tombée du ciel, ce qui bougeait c'était Luzerne, qui l'attrapait par la taille pour la faire décoller du sol et l'embarquer, Luzerne qui fonçait vers eux, qui fonçait vers lui, la nana sur le dos et l'air plus déterminée que jamais.

« Carmine ! » avait hurlé Eliezer, dans son dos, et il avait échangé un regard interloqué avec Saule. Le prêtre n'avait pas mentionné que sa fille déclenchait des incendies avec la plante de ses pieds et peut-être que c'était juste un oubli mais ça lui semblait quand même être un gros détail laissé de côté. Un détail essentiel. Un détail important. Il avait pincé les lèvres, lorsque Luzerne lui avait fait les gros yeux, avait fini par courir, lui aussi, pour semer les malédictions que les habitants de la planète hurlait et la panique qui commençait à se répandre. Ils pourraient aider, il suppose, s'ils étaient certains qu'ils s'en tireraient en vie. Ils pourraient aider mais il avait trop peur de ne pas en réchapper.

La main de Saule dans la sienne, il avait foncé.

Sur sa planète natale, il était coureur et les instincts reviennent vite. Dans les mines, il fallait être rapide pour ne pas se faire rattraper par les explosions qui détonnaient parfois et libéraient avec elle des centaines et des milliers d'insectes qui tentait de les dévorer. On leur avait dit que c'était la façon dont la planète chassait les intrus qui la blessait. On les avait prévenu, évidemment, mais lorsqu'il était tombé face à son premier dévoré, il avait compris pourquoi on faisait courir des adolescents comme lui à travers les boyaux pour prévenir les autres. Les insectes avaient une conscience. Les insectes contrôlaient les squelettes qu'ils avaient soigneusement nettoyés. Les insectes ne voulaient pas qu'ils s'échappent. Il fallait courir, courir, courir, ne pas faire de bruit pour ne pas alerter, apprendre à abandonner ceux qui étaient trop loin parce qu'on pouvait remplacer un mineur mais pas un coureur. Il fallait apprendre à affronter les yeux des familles de ceux qui y étaient restés. Il fallait.

Aulne s'était promis de ne plus jamais courir lorsqu'il avait fui.

Cette fois-là, il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas les laisser trainer. Il ne pouvait pas les laisser se faire rattraper. Il ne pouvait pas.

Les doigts métalliques de Saule s'étaient pressés fermement contre sa peau lorsqu'il l'avait tiré à l'intérieur du cockpit. Il n'avait fallu que quelques minutes aux autres pour monter.

Quelques secondes après, ils avaient déserté.

de poussière et d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant