Chapitre 2

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Akira sourit dans son sommeil. Une douce musique parvenait à ses oreilles, les rayons du soleil réchauffaient son visage, et il aurait juré entendre des oiseaux chanter s'il n'avait pas eu conscience d'être en plein cœur de Tokyo. Il fallut la voix désagréable d'un présentateur radio pour le tirer tout à fait de son rêve.

Encore ensommeillé, il frotta ses yeux cerclés de cernes, vestiges de la trop courte nuit qu'il venait de passer. Iceblade et lui avaient mis deux bonnes heures à rassembler les matériaux nécessaires à la fabrication de l'Épée de Givre, suivies de quelques minutes seulement pour la forger.

« En tout cas, on peut dire que ta nouvelle arme est totalement en phase avec ton pseudo, » avait fait remarquer Darkarrow, juste après avoir fini d'affûter la lame.

L'épée lui allait comme un gant. Iceblade était un chevalier à la carrure imposante, vêtu d'une armure blanc neige aux reflets bleutés et d'un bouclier dont la surface était recouverte de glace ; l'Épée de Givre venait donc compléter à la perfection cette impressionnante panoplie gelée, et rendait un hommage tout particulier au nom de son propriétaire. Le résultat était juste bluffant, et ce simple souvenir suffisait à effacer les remords de ne pas s'être couché plus tôt.

Plus tôt...

Soudain, Akira sentit un doute l'assaillir.

Quelle heure est-il...?

Poussant un grognement, il tendit le bras et se contorsionna pour atteindre le radio-réveil, histoire de faire taire la voix qui lui vantait les mérites d'une nouvelle crème de jour. L'écran jusque-là dépourvu d'éclairage s'alluma dans toute sa splendeur pour afficher l'heure : il était 10h30.

Les yeux soudain agrandis de terreur, Akira se leva d'un bond et, sentant le sang lui monter à la tête, prit appui sur le rebord de son bureau le temps de laisser passer son vertige. Quelques secondes plus tard, il traversait le couloir à grandes enjambées et entrait dans la salle de bain pour s'habiller en vitesse. Il considéra l'heure sur la montre qu'il venait de mettre à son poignet : 10h35.

Un rapide calcul l'informa qu'il n'aurait pas le temps de coiffer ses cheveux ébouriffés ce matin-là ; le prochain train partait à 10h42, et la gare était à cinq minutes à pied de chez lui. Dans l'entrée, il enfila maladroitement ses chaussures, attrapa sa sacoche et sortit sous le ciel pluvieux de Tokyo en réalisant qu'il n'avait ni veste ni parapluie.

Ce n'est pas comme s'il pleuvait tous les jours depuis un mois, se maudit Akira en courant entre les gouttes, son bras pour seule protection.

On était début juillet ; la saison des pluies était déjà bien entamée au Japon et le gris constant du ciel commençait à déteindre sur les gens. C'en était à se demander si les couleurs avaient un jour existé... Le jeune homme savait pourtant que, comme tous les ans, il regretterait bientôt la fraîcheur providentielle de ces quelques semaines quand sévirait l'étouffante chaleur d'août.

Arrivé à l'entrée de la gare, Akira scanna rapidement sa carte d'abonnement et tenta de se frayer un chemin à travers la foule compacte des citadins prêts à faire leurs emplettes du samedi.

Plus qu'une minute... Ça devrait le faire.

Le train était déjà à quai. Akira sprinta vers le wagon et s'y faufila juste avant que la porte ne se referme. Il s'adossa contre la vitre avec un soupir de soulagement. Coincé entre un adolescent boutonneux hypnotisé par son smartphone et une vieille dame qui lisait un manga, il se sentait un peu comme un onigiri au milieu d'un bentō*. Heureusement, le trajet ne durait qu'une poignée de minutes jusqu'à la gare de Nakano ; il lui suffirait ensuite de descendre l'avenue principale pour arriver à destination.

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