CHAPITRE CINQ - PLAN MIS A EXÉCUTION

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– Mel tout va bien, respire. Je suis là.

J'ouvre les yeux et je trouve ma mère au dessus de moi paniquée essayant de me réconforter.

– Ça va ? Me demande-t-elle d'une petite voix.

   Je hoche la tête essayant de remettre les éléments dans l'ordre. Mon visage est trempé de sueur.

– Tu as fait un cauchemar.

   Je m'assis et me blottie dans ses bras.

– Tu veux me raconter ce qui t'a fait hurler si fort ?

   Je ne réponds pas la serrant plus fort encore.

– Je croyais que c'était fini tout ça.

   Je me mets à pleurer de plus belle.

– Je croyais... Je voulais vraiment mais j'y arrive pas Maman. Ils viennent tout seuls dès que je ferme les yeux.

– Oh, ma puce. Fait-elle en se mettant à caresser mes cheveux.

   Je me laisse aller contre elle, en espérant que cette fois quand je m'endormirai je ne ferais pas d'horribles rêves. 

Elle me rallonge dans mon lit et me caresse la tête en parlant de sa voix douce pendant que mes yeux se ferment.

   Quand je me réveille j'ai l'impression d'avoir couru un marathon, tant je me sens fatiguée. Ma mère n'est plus là, elle a du partir une fois que je me suis endormie. Et oui, j'ai seize ans mais je fais encore des cauchemars. Sauf que les miens n'ont rien à voir avec ceux que l'on fait quand on est petit. Non, les miens sont terrifiants parce qu'ils sont réels.

Je soupire avant de poser mes deux pieds sur mon plancher et d'aller jusqu'à la cuisine. Ma mère m'a laissé un mot avant qu'elle ne parte travailler. Je souris devant son écriture penchée. Et je me fais griller deux tranches de pains en pensant à ce que je vais pouvoir faire aujourd'hui. On est Samedi et ça fait plaisir de se dire qu'on a deux jours de répit avant de reprendre les cours.

Nina passe sa journée avec Nino, ce qui ne me dérange pas parce que je n'avais pas spécialement envie de la voir. Je l'adore, mais j'aime aussi être seule. Enfin, je veux y être habituée pour le jour où je n'aurai plus personne.

Je regarde mon téléphone m'indiquant qu'il est 9h48, le centre commercial doit être ouvert, alors après avoir mangé mon petit-déjeuner et m'être habillée je file faire une course.

   Quand je reviens du centre-commercial, il n'y a pas un bruit dans la maison, l'inverse aurait été inquiétant. Ma mère est très prise par son travail, je ne lui en veux pas parce que je sais qu'elle fait ce qu'elle peut pour que l'on manque de rien, quant à Maxence plus il est loin mieux je me porte. D'ailleurs à cette heure-ci il doit dormir, j'en profite pour aller dans la salle de bain. Après m'être lavée, je pioche dans le shampoing de Maxence avant de vider son contenu dans le lavabo, et je transvase celui que j'ai acheté dans le sien. 

Un sourire machiavélique orne mon visage, je prends soin de tout remettre à sa place et de jeter le tube de coloration dans la grande poubelle, pour éviter les soupçons. 

*

**

– Tu me fais marcher, hein ? Demandais-je me retenant de rire    .

– Je t'assure, rit mon père derrière sa caméra. Et si tu m'avais entendu hurler, j'ai eu une peur bleue.

– J'ose pas imaginer. Gloussais-je.

– Et toi, tu as fait quoi de beau aujourd'hui ?

– Bop, pas grand-chose, il a plu toute la journée on a pas tous la chance d'avoir le soleil toute l'année.

– Ça pourrait changer.

– Tu viens d'inventer une machine à soleil ?

– Non, non mais j'y travaille. En attendant je voulais vous proposer à Maxence et toi, pourquoi vous ne viendrez pas en Australie ?

– Pou-pour les vacances ?

– Pour les vacances ou pour toute la vie.

– Euh...Wouah !

– Tu n'es pas obligée de me répondre tout de suite, mais ça va faire plus d'un an qu'on s'est pas vu et vous me manquez...

– Mais c'est toi qui est parti à l'autre bout du monde !

– Mel, tu sais bien très bien que c'était la meilleure solution, se justifie-t-il, je croyais que tu...

– C'est quoi cette putain de connerie ? Hurle Maxence depuis la salle de bain, coupant mon père.

– Qu'est-ce qu'il se passe ? Demande ce dernier soudain inquiet.

– Rien Maxence qui fait encore des siennes, je te laisse.

– Mel, on a pas fini...

– Bisous. Le coupais-je avant de raccrocher.

   Ma mère sort de la cuisine en trombe tandis que Maxence descend furax les escaliers.

– Pourquoi mes cheveux sont verts ? S'écrie-t-il.

– Mon Dieu ! S'exclame ma mère en le voyant.

   Je me retiens de rire en apercevant le vert pétard couvant sa chevelure.

– Qu'est-ce que tu as encore trafiqué ? Gronde ma mère.

– Mais rien, je te jure !

– Tu vas pas me dire qu'ils sont arrivés tout seul ?

– Mais non, mais j'en sais rien. A tous les coups c'est elle ! Me désigne-t-il de la main. Je vais te tuer.

   J'ai à peine le temps de réagir qu'il se jette sur moi. Je crois que je serais vraiment morte si ma mère n'était pas intervenue en arrachant l'emprise de Maxence sur moi.

– Ça suffit ! Vous en avez pas marre de vous cracher le dos l'un sur l'autre toutes les cinq minutes ? Vous avez quoi cinq ans ? Que les choses soient claires, je ne vais pas supporter cette situation longtemps. Non mais Maxence qu'est-ce qui te prends de te jeter comme ça sur ta sœur ? On t'a pas élevé dans la violence ton père et moi.

– Mais c'est de sa faute si j'ai cette tête. Hurle-t-il. C'est de sa faute si Papa est parti, tout ce qui nous arrive c'est à cause d'elle ! C'est de sa faute, bordel !

   Avant que ma mère n'ait le temps de réagir, il sort de la pièce et quelques secondes plus tard c'est la porte d'entrée qui claque.

La maison est soudain silencieuse, aucune de nous n'ose parler. Avant que des larmes commencent à ruisseler sur mon visage. Ma mère s'approche doucement de moi avant de me prendre dans ses bras.

– Il est énervé, il ne sait pas ce qu'il dit.

– Je m'en fous de ce qu'il pense.

– Mel. Fait-elle d'un ton réprobateur.

– Je sais que t'aimerais qu'on soient les meilleurs amis du monde, mais ça n'arrivera pas. Jamais.

   Elle s'éloigne de moi et va s'asseoir sur le canapé voyant que sa mission réconciliation est tombée à l'eau. Et tente de faire diversion.

– Alors qu'a dit ton père ?

– Il s'est baigné dans une rivière, personne ne l'avait prévenu qu'elle était infestée de crocodiles jusqu'à ce qu'il se retrouve nez à nez avec un. Je peux te dire qu'il a tapé le sprint de sa vie.

   Ma mère sourit s'imaginant sans doute la scène. Je préfère ne rien lui dire sur sa proposition de le rejoindre, parce que ce n'est pas le moment de l'affecter encore plus.

Je la rejoins sur le canapé et pose ma tête sur ces genoux allongeant le reste de mon corps sur le sofa. Elle caresse mes cheveux de sa main toute frêle.

– J'aimerai juste que vous vous entendiez. Murmure-t-elle

– Je sais. Dis-je en fermant les yeux pour me laisser aller. Je sais.

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