A La Haine

CHAPITRE TREIZE - DOCTEUR NINA

   Je triture ma salade pendant que Nina me raconte les derniers exploits de Nino, elle a finalement suivie mes conseils, j'aurais peut-être due m'abstenir sur le coup ça m'aurait évité de l'entendre jacasser des heures sur son savoir et son corps de rêve, bref après une discussion avec lui, elle s'en veux d'avoir pu douter de lui et est plus amoureuse que jamais.
Je le sens toujours pas ce gars et malgré mes mises en garde elle ne veut s'en départir, c'est sa vie et je n'ai aucun droit dessus j'en suis consciente, elle a juste besoin de savoir que je serais là pour la ramasser à la petite cuillère quand il lui aura brisé le cœur. Parce que c'est obligé qu'il lui fasse du mal, non ?

– T'as pas faim ? Finit-elle par me demander voyant que je suis toujours à l'entrée.

– Non, tu peux prendre mes pâtes.

   Je lui tends mon assiette qu'elle s'empresse de poser sur son plateau.
– Qu'est-ce qui se passe ?

   Je soupire avant de lever les yeux vers elle.

– Maxence.

– Oh je vois, vos chamailleries n'ont toujours pas cessé ?

– Non, toujours pas. Et tu sais pas ce qu'il est allé demandé à Nolan ? De me quitter ! Non mais t'imagines !

– Il est grave dans l'excès.

– Carrément, ouais. Il est allé lui raconter que j'en avais rien à faire de lui et que si je sortais avec c'était juste pour l'embêter. Et qu'il devrait mieux me larguer le plus tôt possible avant que ce soit moi qui le fasse.

  Elle lâche un sifflement d'admiration. J'esquisse un sourire en coin parce qu'elle vient de le faire pour me narguer, eh oui j'ai bientôt dix-sept ans et je ne sais toujours pas siffler.

– Eh ben, il va loin le petit. Tu penses pas qu'il est pas plutôt jaloux ?

– Qui Maxence ? Tu délires, il peut pas me blairer.

– Justement. Peut-être qu'il voudrait que tu lui donnes de l'attention. Ça expliquerait tout.

   Elle tape des mains d'excitation comme si elle venait d'éclaircir un mystère.

– Et je peux savoir ce que ça expliquerait Madame la psychologue ?

– Votre jeu entre vous de vous faire des vacheries, tout ça, pour lui c'est qu'une couverture parce qu'en réalité il veut juste se rapprocher de toi.

– Alors déjà c'est pas un jeu mais une véritable guerre. Et non, en aucun cas il veut se rapprocher de moi, on se déteste Nina ne l'oublie pas !

– Pourquoi vous vous détestez ? C'est pas possible que ce soit comme ça depuis votre naissance, sinon vos parents vous auraient mis à la DASS obligé ! Blague-t-elle.

   Je ne répond pas me contentant de la fixer pour lui signaler qu'elle est allée trop loin. Maxence est toujours un sujet sensible dont je préfères éviter de m'aventurer trop loin. Les gens finissent toujours par nous poser cette même et unique question « Mais pourquoi vous vous détestez ? » sur laquelle on ne préfère pas répondre. Parce que la réponse est juste terrifiante.

– Promets-moi au moins d'essayer de faire un pas vers lui.

   Je hoche la tête et elle plonge sa tête dans mon assiette de pâtes en souriant comme une malade, contente d'elle.

*

* *

   L'avantage du lycée c'est de pouvoir sortir pendant les heures de perms, Nina et moi profitons de nos deux heures d'étude pour sortir dehors. Elle souhaite trouver un cadeau pour Nino, à la fin de la semaine ils fêteront leurs quatre mois de relation, et dire que c'était censé durer un mois tout au plus selon l'ami de Nino.