Dessin X - Jeudi

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Cyril put déterminer les horaires des premières ES sur un coup de chance, étant donné qu'une fille de sa classe avait une amie dans celle visée. Elle essayait de lire une classe sur leur emploi du temps qu'elle avait sur son portable – sans doute son amie le lui avait-elle envoyé – et n'y parvenait pas. Le jeune homme s'était proposé, sans arrière-pensées, de l'aider et avait pu constater qu'il s'agissait de la classe qui l'intéressait. Il avait alors retenu les heures de LV2 et s'était empressé de les noter aussitôt entré dans la classe d'allemand. Un beau pas en avant qui le ravissait, d'autant plus que les vacances de Noël arrivaient bien vite.

Il lui manquait donc deux heures de terminale, et il pourrait trancher. La première ES était hors jeu car elle n'avait pas de cours entre ceux de Cyril du mardi et du jeudi matin. Par conséquent, il n'aurait pas pu avoir de dessin les jeudis si le dessinateur avait été dans cette classe. Il se gratta la nuque alors que ses yeux descendaient vers son bord de table. Y était représenté un personnage faisant de grands coucous avec les bras. Le jeune homme pouffa discrètement, releva un regard inquiet vers le professeur qui n'avait visiblement rien remarqué, puis se munit d'un crayon. Il dessina son personnage former un cœur approximatif avec ses mains, imaginant sans peine Inael faire de même avec Samy, comme à l'époque où ils n'étaient encore qu'au collège. C'était un petit jeu entre eux et, inconsciemment, Cyril voulait tester les limites de son destinataire. Peut-être voulait-il vérifier s'il avait autant d'humour que le laissaient croire ses croquis, voir sa réaction face à son protagoniste.

Soudain, une interrogation surgit dans son esprit : est-ce que la personne avec qui il correspondait pensait de lui qu'il était une fille ? L'absurdité de cette question frappa le jeune homme qui faillit se laisser aller à l'hilarité au milieu de son cours. Pourtant, elle était une des premières qu'il s'était posé envoyant les bonshommes, alors comment penser que l'autre n'y ait pas réfléchi ? Cyril se demandait même s'il ne préférait pas que l'autre pense de lui qu'il était une fille, juste pour avoir l'effet de surprise le plus immense quand il se dévoilerait. Encore fallait-il qu'il fût certain de l'identité de la personne mystère, ce qui était encore loin d'être acquis.

Cyril cligna plusieurs fois des yeux pour détacher son regard du vide sur lequel il s'était posé, et ramena son attention vers le tableau.Son professeur l'observait, un sourire en coin et le jeune homme savait pertinemment qu'il comptait l'interroger. Il tenta de comprendre sur quel sujet ils travaillaient quand la question fusa :

–Was bedautet « Heimweh haben », Mann Billy ?

L'intéressé réfléchit une seconde au sens de l'expression que venait de lui demander de traduire son professeur, et annonça d'une voix assurée :

–Avoir la nostalgie de chez soi.
–Le mal du pays, le corrigea l'adulte sans parvenir à réprimer son agacement.

Cyril savait qu'il avait gagné une manche quand il voyait les épaules du professeur se raidir ainsi. Sa mâchoire se faisait également plus serrée et ses yeux lançaient des éclairs. Il ne supportait aucunement qu'on n'écoutât pas son cours, à plus juste titre si on se trompait dans les réponses apportées aux éventuelles questions. Pour autant, il ne pouvait pas affirmer que Cyril s'était trompé, puisque la traduction qu'il avait proposée était synonyme de celle du professeur. Le lycéen ressentit une satisfaction immense à voir l'adulte se concentrer sur une autre personne pour continuer le cours.

En contemplant à nouveau son dessin, Cyril eut presque l'impression de voir, assis à sa place, la personne mystère souriant devant. Cette pensée lui donna suffisamment de motivation pour terminer sa journée, profitant au maximum de ses deux meilleurs amis à chaque pause qu'il put passer avec eux.





Salut salut !
La classe de la personne mystère se précise, Cyril a déjà pu éliminer les 1ES ... est-ce que vous pensez qu'il arrivera à deviner la classe ? Ou est-ce que le destinataire mystère l'aura trouvé avant ? Le cherche-t-il, même ?

A demain !


Bonshommes BâtonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant