Bonshommes Bâton

Dessin VIII - Lundi

Samuel avait envoyé ses heures d'allemand à Cyril, qui l'avait grandement remercié. Une petite pointe de culpabilité se faisait ressentir, puisqu'il avait failli à son serment : ne pas s'occuper de la personne mystère en dehors du cours de langue. Cependant, demander à son ami quand il avait cours d'allemand durant ce même cours paraissait pour le moins difficile. Ce petit désagrément laissé de côté, Cyril pouvait enfin afficher toutes les heures d'une classe de première sur son tableau, ce qui l'aidait déjà grandement. Il s'était retenu de le faire durant le week-end, et s'empressait donc de remplir les cases violettes, à présent. Elles coïncidaient avec les dessins qu'il recevait. Pour autant, le jeune homme ne criait pas victoire, il voulait être certain de ne pas se tromper.

Il tourna donc à nouveau ses pensées vers le dessin qu'il allait pouvoir créer, n'ayant pourtant pas plus d'idées qu'au début du cours. Son correspondant avait représenté son protagoniste en train de chatouiller son vis-à-vis, et Cyril n'avait aucune traîtresse d'inspiration pour continuer cette chaînette. Pourtant, il finit par trouver : il gomma son personnage avant de le dessiner en train de s'enfuir. Il ajouta une expression de surprise sur le visage du bonhomme de son destinataire ainsi que quelques onomatopées amusantes.

Ensuite, il s'allongea discrètement sur sa table, se dissimulant derrière ceux installés devant lui, et tourna la tête vers l'extérieur. La neige avait cessé de tomber mais recouvrait toujours le paysage, teintant de blanc chaque endroit où poser les yeux. Les sons semblaient absorbés par cette substance éblouissante et la ville était toujours plus calme l'hiver, en dehors des périodes gouvernées par le ski. Les rues désertées par les habitants avaient cette apparence un peu fictive, un peu post-apocalyptique que Cyril retrouvait dans ses histoires préférées. C'était un jeune homme mordu de livres qui passait tout son temps libre le nez dans des bouquins tous plus imaginatifs les uns que les autres. Les univers fantastiques le fascinaient plus que tout, il connaissait le rayon science-fiction de sa petite librairie par cœur.

Petit, il voulait travailler dans l'éducation, peut-être devenir professeur ou enseignant. À présent, il pensait plus s'orienter vers l'édition pour partager aux autres ces merveilles qu'étaient les livres, les inciter à découvrir de nouveaux ouvrages encore plus intéressants que ceux dans lesquels ils avaient eu la chance de plonger. Il n'était encore sûr de rien, mais considérait avoir du temps devant lui, même si le bac approchait à grands pas.

Il sentit ses yeux se fermer doucement, gagné par la torpeur agréable générée par la chaleur s'échappant des nombreux radiateurs. Il savait qu'il allait s'endormir, aussi papillonna-t-il des paupières pour lutter contre le sommeil bien-aimé. Ses pupilles se fixèrent alors sur les buissons sombres entourant le bâtiment. Devant ceux-ci se trouvait une jeune fille bavardant avec la terminale aux cheveux roux qu'il avait découverte à sa place, quelques jours plus tôt. Il sourit à cette vision, expression renforcée par les quelques flocons qui avaient défié les prévisions météorologiques pour venir tourbillonner dans les airs. Les deux jeunes filles s'extasièrent du spectacle, les visages orientés vers le ciel pâle.

Petit chapitre tout calme où j'ai essayé de mieux poser le cadre, l'environnement de Cyril. Est-ce que vous vivez dans un coin où il neige beaucoup ? Dans les montagnes ou au Canada ?
J'aimerais tellement avoir plus de neige chez moi, j'adore tellement cette sensation d'être seule au monde quand la neige étouffe tous les sons... Et le manteau blanc, qui recouvre tout !
Bon sur ce, je vais bosser mon allemand (Karma, quand tu nous tiens), à demain !