Bonshommes Bâton

Dessin XXI - Vendredi

Cyril attendait, adossé au mur, que Logann le rejoignît. Mona et lui discutaient avec enthousiasme, le ton montant sans même qu'ils ne s'en rendissent compte. Certains leur jetaient quelques regards en coin, des lycéens levaient les yeux au ciel en passant devant eux pour rejoindre la file menant au réfectoire. Ils partaient sur un sujet qui faisait polémique ces temps-là quand Logann leur fit de grands signes en s'approchant, son bonnet dans la main. Il claqua la bise à Mona sans attendre, serra avec enthousiasme la main de Cyril puis les entraîna tous deux vers la queue. Les deux camarades s'insurgèrent qu'il les pressât autant alors qu'il était le seul retardataire.

–Va dire ça au prof' démoniaque ! répliqua le blondinet du tac au tac.
–M'en parle pas, je l'ai juste après manger, gémit Cyril en réponse.
–Il est si terrible que ça votre prof' d'allemand ?

Les deux garçons se retournèrent d'un coup vers Mona qui, surprise, fit un pas en arrière en faisant mine de se protéger d'un éventuel coup. Ils commencèrent à lui démontrer par A et par B qu'il était monstrueusement diabolique, et ne ratait jamais une occasion de les rabaisser. Cyril lui raconta son exclusion de cours, Logann, les deux fois durant lesquelles ses parents avaient été convoqués sur des« détails bidons ». Ils se découvrirent encore quelques points communs dans leurs attitudes respectives en classe, et convinrent – après assauts répétés de la jeune fille – qu'ils étaient invivables et devraient probablement se calmer sur l'insolence.

–Mais tu comprends, c'est un peu ma marque de fabrique... Par exemple : imagine si je ne pouvais plus user de mon humour fantastique ?

Mona afficha une moue sceptique tandis que Logann haussait bien haut les sourcils. Cyril se renfrogna, faussement offensé.

–Vous êtes des enfoirés.
–Mais naaaan, on t'aime très fort tu sais ? se moqua le blond en lui tapotant l'épaule.

Ils éclatèrent de rire de concert alors qu'on leur indiquait qu'ils pouvaient entrer dans le réfectoire. Ils se hâtèrent d'aller récupérer un plateau chacun, se servirent généreusement en plat, puis partirent envahir une table à laquelle déjeunaient quelques secondes. Aussitôt assis, le trio repartit en grandes discussions, exprimant haut et fort leurs opinions et dérangeant la quasi-totalité de la cantine. Ils n'y prenaient pas tellement garde, finirent leurs repas par une bataille de boisson : celui qui buvait le plus de verres d'eau avant que sa carafe ne fût terminée. Logann remporta haut la main la bataille, tandis que Mona finissait deuxième, faisant de Cyril le grand perdant. Ainsi, ils retournèrent dans le hall, la vessie pleine et l'envie très forte de maudire jusqu'à l'éternité Logann, qui avait proposé le jeu, car la sonnerie avait déjà retenti et qu'ils n'avaient pas le temps de passer aux toilettes.

Cyril fit un bout de chemin avec Mona, jusqu'au couloir du bâtiment trois dans lequel ils avaient tous les deux leurs cours de langue, puis la quitta avec un coucou de la main qu'elle lui rendit volontiers. Logann les avait quitté sitôt étaient-ils sortis du hall car il avait cours dans une salle informatique perdue dans les méandres du bâtiment principal.

Cyril salua son enseignant avec un sourire plus qu'hypocrite, et alla s'installer à sa place dans l'espoir que le cours d'allemand pût être plus intéressant que d'ordinaire. Et, effectivement, il dut travailler avec deux amis sur un texte pour répondre à des questions autrement plus intellectuelles que celles dont il avait l'habitude. Beaucoup se plaignirent alors que le jeune homme planchait sur le dernier exercice, un crayon sur l'oreille et son stylo entre les dents, les mains emmêlées dans ses cheveux sombres. Il ne trouvait pas la réponse et cette situation le frustrait au plus haut point. Ce sentiment lui rappela celui qu'il ressentait quand il ne parvenait pas à avancer dans sa recherche de son correspondant mystère. Comme toujours quand il pensait à lui, un sourire germa sur ses lèvres et, soudain, la solution lui apparut comme une évidence. Il s'empressa de marquer ses idées en un fouillis de notes que ses camarades ne purent déchiffrer, puis rédigea une réponse construite, fier de lui.

Il put ainsi passer à la question suivante, se fit surprendre par la cloche qui lui fit presque lâcher un juron. L'enseignant leur annonça qu'ils corrigeraient après le week-end, sous-entendant que la fin du travail devrait être fait avant lundi. Cyril ne s'était pas senti aussi motivé pour des devoirs d'allemand depuis une éternité.

Salut !
Deux jours que je me disais "tiens, je pourrais poster" puis "ah bah non, le prochain chapitre c'est vendredi, snif" xD
Vous avez passé une bonne semaine ? Perso je reviens du coiffeur, je vois à nouveau !
Bon week-end, à lundi <3