« On ne peut pas raisonner de cette façon ! Ça va nous déchirer ! Je cri, la voix étouffée.
- Si cela ne le fais pas, des milliers d'autres choses le feront, murmure-t-il les yeux assombris.
- N'as-tu pas une once d'espoir restante dans ton cœur, Ha...
« Un anonyme a dit :" Les larmes qui coulent sont amères mais plus amères sont celles qui ne coulent pas." Il a raison. Celles qui ne coulent pas sont les plus dangereuses. Elle te bousillent et te tuent à petit feu. Elles sont commandées par le diable.» — Hayden.
Musique : M83 - Solitude.
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Mes yeux sont clos. Tout ce que j'entends est son souffle saccadé. Je peux sentir sa chaleur émaner de son être et me recouvrir toute entière. Suis-je vraiment en train de faire cela ? Plus rien existe autour de nous, la musique des baffles du rez-de-chaussée ne résonne plus dans la pièce, elle résonne dans ma tête. Je ne visualise plus le plafond gris et terne de la petite pièce. Tout ce que je sens est sa main sur ma joue. J'ai l'impression de brûler à petit feu, ma peau est bouillante et frissonnante. Je suis maudite. J'ai l'impression d'être un aimant à mauvais garçon. Pour la deuxième fois de ma vie, je suis sur le point d'en embrasser un, dans une chambre, comme la première fois. Et je ressens exactement la même chose. Une explosion au fond de mon être. Pendant un court instant, je suis projetée un an auparavant, à l'anniversaire d'Anna, allongée de force sur la housse de couette rêche, Dean murmurant des mots torturés dans mon oreille, les pleurs de mon ancienne meilleure amie, nous ayant découvert par surprise, résonnent encore dans ma tête. Soudain, durant un millième de secondes, les lèvres d'Hayden frôlent les miennes et déposent leur goût sur ma peau. Je soupire. Je ne peux pas. Mais sans avoir le temps de dire quelque chose, elles se posent sur les miennes. Oh mon dieu. Toutes les promesses que je m'étais faite durant ces mois de torture, qui m'ont permis de prendre un nouveau départ, s'envolent en fumée. Je peux les observer se réduire en cendre juste devant moi. Et cela prend une seconde. Je m'étais promis de ne pas retomber dans ce cercle vicieux. De ne plus être submergée par une force qui me dépasse. Toutes ces années de souffrance pour reproduire le même schéma. C'est du gâchis. Prise d'une pique d'adrénaline et de bon sens, je me recule d'un coup, et m'éloigne abondamment de sa chaleur. J'écarquille les yeux et les siens m'éblouissent. Je suis de retour à la réalité.
— J-Je ne peux pas, je m'exclame, plus vite que je ne l'aurais voulu.
Mais Hayden n'a pas le temps d'assimiler ce que je viens de dire, que la porte d'entrée s'ouvre à la volée sur une Anna qui semble furieuse.
Je fais un bond en arrière, et loupe de peu de glisser du lit. Je me raccroche à la couette et Hayden exécute un mouvement en avant pour tenter de me rattraper, mais lorsqu'il entend la voix vibrante d'Anna, il lâche toute initiative de rattrapage et se recule le plus possible de moi.
— Putain, mais vous êtes sourds ou quoi ?
Elle nous toise tour à tour, s'arrêtant quelques secondes de plus sur moi. Ses sourcils sont froncés, et des rides au dessus de son nez apparaissent. Elle parait hors d'elle.
