CHAPITRE 20

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Jaymes Young - Parachute

J'ouvre les yeux. Je suis allongée dans mon lit. Un soleil orangé éclaire la pièce, il doit être huit heures du matin. Cette nuit j'ai prit une decisions. Je ne vais pas livrer Adam à Matt. Je vais aller au commissariat de police, et je leur expliquerai la situation, et l'état de Matt, dans l'espoir qu'ils comprendront.

Je sors de mon lit lentement. J'ai bien trop bu hier et ma tête me fait souffrir atrocement. Dans ma salle de bain j'attrape un cachet d'aspirine pour tenter de dissiper mon mal de tête, puis me fait couler un long café très fort.

Puis je retourne dans ma chambre enfiler une tenue confortable, composée d'un pantalon assez large et d'un pull légèrement oversize blanc. Lorsque je lace mes Derbys noires brillantes, mon cœur se pince dans ma poitrine. Ces chaussures me font penser à Adam, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je les mets souvent, et j'avais cru comprendre qu'il les aimait bien. Je pousse un soupire en finissant de lacer mes chaussures, je ne dois pas me laisser déprimer par des détails aussi futiles.

Avec mon grand manteau noir, je sors dehors dans le froid glacial de la fin du mois de décembre. Je marche seule jusqu'au centre commercial où j'ai prévu de passer la journée. J'ai décidé de me laisser une journée avant d'aller au commissariat, histoire d'avoir l'esprit plus clair. Aujourd'hui j'ai prévu de traîner dans les magasins, flâner de vitrine en vitrine, celles-ci étant toutes décorées pour les fêtes de fin d'année.

Je passe devant un magasin de décoration, une vitrine entière est consacrée à Noël. Si nous avions eu une relation normale, Adam et moi aurions pu décorer nos maisons de ces décorations... Je soupire, pour la enième fois de la journée. C'est pathétique, le moindre détail me ramène à lui et je peine à le supporter. Car avec ces pensées absurdes vient me hanter son visage tantôt riant aux éclats, tantôt fermé et froid comme il sait si bien l'être.

C'est étrange de voir que de lui, il n'y a pas une personnalité que je préfère. Même lorsqu'il me regarde en masquant parfaitement ses émotions, j'arrive à apprécier le poids de ses yeux sur moi. Car cette froideur qui émane de lui a cette façon étrange de me rassurer, aussi absurde que cela puisse paraître. Actuellement toutes mes pensées sont absurdes.

Je quitte la boutique. Dans d'autres circonstances j'aurai adoré y flâner, mais je veux à tout prix chasser de mon esprit l'image d'Adam.

- Ashley ! M'interpelle alors une voix que je reconnnais tout de suite.

Je me retourne avec un grand sourire, je sais déjà que les yeux bleus que je vais rencontrer seront pleins de vies et de bonnes ondes, voilà pourquoi je suis sortie avec John.

- Tu vas bien ? Me demande-t-il alors que je m'avance vers lui pour le serrer dans mes bras.

- Ça va, et toi ? Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu ! Je réponds en m'écartant de lui.

Mon ex acquiesce avec un petit sourire gêné et s'explique :

- J'ai laissé tombé Oxford. Je me suis rendu compte que ce n'était pas ce qu'il me fallait, c'était ce que mes parents voulaient, pas ce que je voulais.

- Et qu'est-ce que tu voulais, toi ? Je lui demande alors que nous commençons à marcher dans le centre commercial, comme deux vieux amis qui se retrouvent après plusieurs mois.

- Je me suis lancé dans la pâtisserie ! Et j'ai ouvert une boulangerie avec mon copain, je gère les pâtisseries et il s'occupe du reste, c'est vraiment le rêve !

Je souris face à la manière qu'il a de répondre, comme si il avait vraiment trouvé ce qui le rendait heureux. Étrangement, une partie de moi en est ravie et malgré le poids qui pèse dans mon cœur, je me sens un peu plus légère.

- Tu devrais me donner l'adresse, je réponds avec enthousiasme.

Après ce que nous avons partagés, pendant presque un an, il est logique pour moi de le soutenir.

- Oh ce serait vraiment génial que tu viennes chez nous, je t'avoue que mes relations avec mes parents ne sont pas assez bonnes pour qu'ils viennent dans mon magasin... Et je ne possède que très peu d'amis, nous vivons vraiment en vase clos avec Aaron, mon copain, même si je fais des efforts pour tenter de me sociabiliser.

- Tu es très doué en relations sociales, je rigole devant ses mots. Je ne comprendrais jamais pourquoi tu prétends sans cesse l'inverse.

- Assez parlé de moi ! Réplique-t-il alors que nous passions devant un magasin d'objets décoratifs, apparement de seconde main. Parle moi de toi, que se passe-t-il de palpitant dans ta vie en ce moment ?

Mon regard s'arrête sur une petite voiture rouge, assez ancienne. Un voile passe devant mes yeux alors que je me souviens de la petite voiture qui trônait sur l'étagère du salon d'Adam. Mes mains trembles et je n'ai pas le temps de les cacher dans mes poches, John a remarqué mon mal-être.

- Oh... Rien de bien palpitant... je rigole très mal à l'aise en tentant de reprendre le contrôle de moi-même. Je travaille beaucoup pour Oxford...

C'est faux, j'ai jamais aussi peu travaillé.

- Je suis toujours en bon terme avec mes parents, je pense aller fêter le nouvel an chez eux...

Hors de question que je vois mon père avant l'année prochaine, sans blague.

- Et finalement je me fais bien à ma vie de célibataire, je préfère attendre d'avoir fini mes études avant de me poser, pour pouvoir me consacrer au travail à cent pourcents.

« vie de célibataire » ? Amusant.

- Ça n'a pas l'air d'aller... s'inquiète-t-il alors que je le fixe avec un grand sourire qui doit me donner un air fou.

- Vraiment ? Je m'étonne, faussement surprise.

- Vraiment. Répond-t-il sans pour autant insister, se contentant de me sourire gentiment.

Je m'écarte vivement de la vitrine et nous continuons de nous balader, discutant de tout et de rien, en évitant de parler de moi et de ma vie catastrophique de ces derniers temps.

Dark typeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant