36 - Coïncidences

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Maison des Dumont, mardi 23 juillet 1940, 01h00.

Du bout de mes ongles manucurés, je survole le torse de Engel tout en observant mes gestes, perdue dans mes pensées. Nus, l'un contre l'autre, nous venons de parler de ma mère, du fait qu'elle soit décédée lorsque j'étais jeune et que j'ai mis énormément de temps à accepter le fait qu'elle soit paetie pour de bon, et que nous nous reverrons dans bien des années - je l'espère - au paradis.

-Et vous Engel, vous ne parlez jamais de vos parents, racontez moi ça m'intéresse. Parle-je en relevant la tête pour poser mon menton sur son épaule, je détaille alors l'expression réfléchit de son visage éclairé par la lumière lunaire qui passe à travers mes rideaux.

-Que veux-tu savoir ?

-J'aimerai savoir si votre éducation en Allemagne a été différente de la notre, ici en France. Et aussi comment étaient vos parents vis à vis de vous, et de votre frère Klaus. Précise-je en caressant cette fois-ci sa mâchoire dure et carrée.

-Je suis né le 07 septembre 1913, un an avant la Grande Guerre. Mon père était un général très puissant et très efficace selon les médias. Mais pour moi, c'est quelqu'un de froid, intelligent et respecté. Il a su faire de mon frère et moi deux hommes comme lui. Fier et imbattable. J'ai été enrolé dans l'armée très jeune, au plus grand désespoir de ma mère. M'explique-t-il d'une voix neutre, cependant, je l'ai senti se crisper au début de son récit, je me tais durant dix secondes où je décide de lui embrasser tendrement la joue.

-Et votre mère ?

-Ma mère, est la personne la plus douce, la plus calme et la plus bienveillante que je ne connaisse. Je me demande ce qu'elle a bien pu trouver à mon père, mais étrangement, elle l'aime toujours autant, même après tout ce qu'il a pu lui faire. Son timbre de voix était plus détendue lorsqu'il a décrit sa mère, il doit beaucoup l'aimer, bien plus que son père visiblement.

-Votre père frappe votre mère ? Interroge-je d'une petite voix, par peur qu'il ne remarque mon indiscrétion.

-Il la frappait, me corrige l'allemand, maintenant il s'est un peu assagit avec elle, forte heureusement. C'est donc pour cela que le nazi trouve ça normal et logique de frapper une femme ? Car son père le faisait ? Je m'en assure avec cette question :

-Pourquoi est-ce qu'il faisait ça ?

-Parce qu'une femme a besoin d'être corrigé, elle a besoin d'être remise à sa place de temps, de comprendre qui est l'homme de la maison et d'apprendre à le respecter. Dit-il sèchement, comme si de vieux souvenirs venaient lui hanter l'esprit.

-C'est ce que votre père vous disez ? Continue-je sans rompre notre contact.

-Oui. Et je le crois. Mais ma mère n'avait guère besoin d'être corrigée, elle est douce et obéissante avec lui. Mon père l'a vite remarqué. La dernière phrase a été si vite dit que j'ai l'impression qu'il la craché.

-Engel.. Votre père était méchant avec vous et Klaus ?

-Méchant ? Non, violent ? Oui. Mais je ne lui en veux pas, cela a forgé mon carractère. Je lui en veux uniquement d'avoir violenté ma mère pour aucune raison. Il n'y a que ma soeur qui a été épargnée.

-Vous avez une soeur ! Et si vous voulez mon avis, ce n'est pas une bonne éducation pour un enfant général. Je lui fais la remarque de trop, car il attrape vivement ma main pour me faire arrêter tous mouvements.

-Ça suffit pour ce soir les questions, j'ai sommeil. Me coupe l'homme en me lançant un regard sévère, je hoche simplement la tête puis me blottis contre son corps chaud dans l'espoir de vite m'endormir.

Romance ou violence ? [Nv T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant